Rien de tel qu’une petite randonnée pour apprécier les beautés des vallées de Saux et de la Gela et visualiser les plaies qu’ils voudraient lui infliger.
La balade a été réalisée dimanche dernier en remontant le vallon du Hourquet à partir du parking du tunnel de Bielsa. De bon matin, nous longions le ruisseau éponyme en imaginant le tracé du chemin d’exploitation et des pistes de ski qui devraient le percer de part en part.
Le col de l’Aiguillette étant encore bien enneigé, il a fallu emprunter un couloir assez raide pour l’éviter. Mais arrivé sur la crête, quel spectacle !
Une muraille encore parsemée de névés se découvre en toute majesté laissant échapper, sous les ardeurs du soleil, quelques larmes blanches en souvenir du passé. Amphithéâtre grandiose encadré par les figures tutélaires des pics de Gerbats et de la Gela, laissons-lui le temps de faire son deuil de l’hiver.

A la vue des photos, vous comprendrez pourquoi ils veulent installer ici un restaurant d’altitude et un panorama …
Après avoir longé la crête de l’aiguillette où doivent se rencontrer les 2 télésièges du futur domaine skiable, arrivée sur la livide Pene Blanque, concrétion calcaire perdue au milieu de tous ces schistes sombres.
Ensuite, descente sur la Hourmagerie (fromagerie en gascon) où doit être creusée une fosse géante contenant l’eau pour alimenter les canons à neige. Mais où iront-ils la chercher cette eau si rare et précieuse en ce lieu ?
En parcourant les pelouses encore brûlées par la neige, on imagine mal les pylônes du télésiège trôner sous le regard désolé du pic de Bourgade.

Et que dire de la plateforme de départ de la télécabine qui doit relier Piau-Engaly en lançant sa dangereuse guirlande au dessus de la porte de fer ? Que dire des pylônes qui vont entamer la montagne à moins de 500 mètres du Parc National des Pyrénées et d’une zone déclarée Patrimoine Mondial de l’Humanité ?
Que dire de ces riches pâturages qu’ils vont araser juste au dessus des cabanes pastorales occupées l’été par Guillaume le vacher et Antoine le berger ?
Rien à dire mais à crier …
Nous laissons la belle et large Ribère qui se languit de ses troupeaux pour rejoindre la basse vallée de la Gela. Ses verts tendres offrent un contraste saisissant avec le climat plus rude de Saux.
Ceux qui ne connaissent pas l’endroit découvriront là un espace magnifique où l’empreinte de l’homme est, pour l’instant, peu présente. Il est vraiment difficile d’imaginer ce lieu paradisiaque que tant de randonneurs aiment parcourir, livré aux pelleteuses et engins de chantier.
Mais comme rien ne vaut le terrain, rendez-vous sur les reins de la belle Gela, le 4 juin.
En attendant, si vous cliquez sur l’image ci-dessous, vous pourrez visionner ce diaporama de la randonnée qui vous donnera une bonne idée de la beauté du coin.

Les erythroniums dens-canis manifestent pour sauver leur habitat
Philippe Villette