Je vole ...
Je vole, je vole tout seul dans l’azure automnal
Je pilote le Stampe mon geste est machinal
Je connais cet avion j’en ai tant de plaisir
Il est entre mes mains le meilleur des loisirs.
En son immensité peuplée de blancs nuages
Le ciel m’ouvre ses portes dans ce monde sans âge.
Ce vole est mon dernier il n’en sera plus d’autre
Je vole dans l’azure, dans l’azure je me vautre.
Une belle série de câline voltige,
Sentir encore une fois la douceur du vertige
Le clairon du moteur, le froissement de l’air
Le haubanage vibrant sifflement de vipères.
L’horizon en bascules incline ses images,
Mon âme se régale, flirte avec les nuages.
Une passe sur le dos, le moteur qui hoquette
Et repart puissamment en un son de trompette.
Dans ce fluide joyeux mon âme se prélasse
Je joue à cache-cache et jamais ne m’en lasse
Le Stampe est tout à moi il va où je le veux.
Il est mon être à moi, il comble tous mes vœux.
La piste est sur ma gauche, j’amorce la P.T.U
L’aile basse dans le vent, de la réchauffe carbu
Un peu de palonnier et l’avion est dans l’axe
Un poil de gaz moteur et roulage relaxe.
Voila c’est terminé, l’avion sur le tarmac
Toutes mes affaires de vol remises au fond du sac.
Je quitte l’aviation, je stoppe mon envol
N’en restent que les heures sur un carnet de vol.
Le pilote, le poète ont les mêmes valeurs
Leurs amours ils les donnent pour donner du bonheur.
Et quand ils sont chassés de la carte du tendre
De ces bonheurs perdus ne restent que les cendres.