Souvenirs de Kabylie
De draria à Benak, j'ai cru apercevoir
Les monts de Djurdjura s'offrant à moi
La main du juif surplombant mon chemin
Ce n'est qu'un mirage, une illusion d'un souvenir lointain
De mon village natal je garde le souvenir
d'une eau si douce offrande de lala Khadija
Sur les sentiers menant aux sources
Des silhouettes toisaient les filles
Parées, corbeilles de linge à la main
Et celle de la rivière ou les femmes
Se réjouissaient dans leurs tenues si légères
Des regards guettaient leurs corps
Des buissons, un grincement des branches
Gard à celui qui se faisait avoir
Le matin, un bidon à la main, joyeux d'aller le remplir
De nos figuiers, du territoire qui nous appartenait
Pas touche à celui du voisin qui s'en plaindrait
Au retour, vite des galettes enduises
D'huile d'olive au gout prononcé
Pressée de nos oliviers, la nature nous appartenait
C'était notre richesse hélas abandonnée
Le soleil d'enfer, nous voilà à la sieste
Volets et portes fermés contre le grisonnement qui nous soulaient
A El assar , le parfum d'un café nous enivrait
Méticuleusement préparé par Zahra
Dont le destin a pris ses yeux
Mais pas son coeur qui chantait
L'amour et la générosité
Belle elle était, sa chevelure toujours soignée
Et son café du matin que je me pressais à déguster
Le soir des fêtes, on se parait de bijoux
Et de ces robes jaunes, orange et rosâtres
Qu'un léger voile noir dessus pouvait épouser
Au rythme du Bendir envoutant
Les femmes, leurs chants étaient rimés
Et d'autres balançaient leurs fessiers
Et les hommes les contemplaient
Toute la pudeur ce jour la tombait
Et moi je n'osais danser
S'exhiber au regard des autres
Tout le monde me tirait vers la piste
Mais timide, je n'ai point profité
La femme surnommée roulé
Toujours au col roulé
Avaient des mains agiles
Ensorcelais la scène
Tantôt baissant le rythme de son Bendir
Pour récolter plus de billets
Qu'on glissait dans son col roulé
Chaque femme voulait plus
De prétendants pour sa fille
Alors col roulé en profitait
Pour la perfectionner
Le vent d'automne commençant à souffler
Et les feuilles à se décolorer
C'est le mois de septembre
C'est bientôt la rentrée
Vite retour à la ville
On embrasse tout le monde
On se sépare les poumons pleins
De cet air si sain et de ces regards si joyeux
Même si un rude hiver les attendrait
La neige décorant les monts de Djurdjura
Annoncerait une eau abondante
Ils se réjouiraient pour leur terre
Richesse laissée par nos arrières grands pères
Maintenant sur ces champs
Ce sont des villas qui se dressent
Il faut bien qu'ils ont profitent aussi
De cette ère moderne.