Des institutions de microfinance existent déjà en Tunisie
Arnaud Poissonnier rappelle que le microcrédit n'est pas inconnu en Tunisie. Cependant, à l'exception de deux acteurs principaux, il est moins développée que dans d'autres pays :
Enda Inter-Arabe déploie ses programmes de microcrédit dans tout le pays depuis 16 années. Cette remarquable institution de microfinance fait même partie des cent plus importantes au monde avec plus de 160.000 clients et un portefeuille de 40 millions de dollars. Un deuxième acteur, étatique celui-là, la Banque Tunisienne de Solidarité, développe également des activités dans le pays et un appel vient d’ailleurs d’être lancé pour pourvoir à son redressement. Au-delà de ces deux acteurs et d’une quantité de micro intervenants, le secteur de la microfinance ne s’est cependant pas développée en Tunisie autant que dans certains autres pays où des réglementations souvent libérales lui ont permis une diffusion plus large. Il ne répond donc pas à l’ensemble des besoins de ceux qui se sentent capables de lancer leur propre activité d’auto subsistance.
Enda Inter-Arabe contribue au développement économique de Tunisie depuis 1995.
Augmenter le nombre de bénéficiaires du microcrédit
Pour augmenter le nombre de bénéficiaires du microcrédit, il faut que le gouvernement définisse le futur cadre légal de l’activité des institutions de microfinance. Une commission de travail vient d'ailleurs d’être constituée, à l’initiative du ministère des Finances. Pour l'instant, environ 300.000 Tunisiens bénéficient du microcrédit :
Sur une population de 10 millions d’habitants, on nous annonce un potentiel de bénéficiaires de microcrédits de l’ordre de 10% de la population, soit 1 million de personnes, alors qu’ils ne sont qu’un peu plus de 300.000 à pouvoir en bénéficier actuellement. Ce chiffre symbolique est sans doute un peu généreux et les approches mécaniques de ce type ont souvent montré leurs limites par le passé. Il paraît plus raisonnable de compter sur une population cible de l’ordre 600 et 700.000 clients potentiels, c’est à dire 300 à 400.000 de plus qu’actuellement. Sur la base d’un tel objectif, le microcrédit permettrait de traiter environ 10% de la problématique du chômage et de l’exclusion dans le pays, ce qui n’est pas neutre.
Lire l'intégralité de la tribune : "Le microcrédit au chevet de la Tunisie ?"
A propos d'Arnaud Poissonnier
Après 12 années passées dans l’univers des banques de gestion de fortunes, Arnaud Poissonnier se reconvertit à la microfinance en 2005. Il se consacre dans un premier temps au développement d’OXUS Microfinance, le réseau d’institutions de microfinance de l’ONG ACTED avant de découvrir aux États-Unis les précurseurs du prêt bancaire en ligne. En février 2008, il crée avec Aurélie Duthoit le site de microcrédit en ligne Babyloan.org.