Vous pourrez encore voir ce soir ou demain le très émouvant spectacle de Véronique Bellegarde que la Manufacture a choisi de programmer cette saison. Je l’ai vu l’an dernier en région parisienne et voici ce que j’en écrivais sur mon blog en sortant du théâtre :
C’est à une plongée en apnée dans les derniers jours de la vie d’un enfant que nous convie Véronique Bellegarde. Car il s’agit bien d’une célébration pour marquer le passage entre deux états.
Nous ne vivrons que la fin, mortelle et pourtant presque enchantée de Gabriel, qui telle une soucoupe volante, ressurgit tout à coup dans la vie de son père Antoine, dans des circonstances dramatiques. Sa mère n’a plus la force de s’occuper de lui et se souvient subitement qu’elle l’a adopté avec son ex-mari il y a une dizaine d’années.
A quarante ans, Antoine dirige une société de production de films à Montréal. Il n’a pas l’habitude d’être père, a fortiori d’un enfant de dix ans atteint d’un cancer incurable. Cette annonce est un cataclysme que vit pleinement le spectateur par des effets visuels et l’emploi quasi constant de la vidéo, jouant à part égales avec les comédiens.
La métaphore de l’eau est partout présente, à commencer par le titre de la pièce qui correspond en fait aux derniers mots prononcés sur la scène. L’auteur, québécois, situe son roman dans le grand Nord, chez l’oncle Dave, bucheron de son état, chamman à ses heures.
Cette histoire nous touche parce qu’elle raconte comment le père et son oncle consacrent leur temps, leur énergie, non pas à sauver celui dont la mort est inévitable, mais à l’accompagner avec les moyens du bord, jusqu’à s’envoler comme une grande balançoire.
Le style de Daniel Danis est étonnamment imagé : Antoine cinémagine le réel. Quand il se remet en question il se pourquoitise …
Il explique qu’il pense par images et Véronique Bellegarde s’est attachée à nous les montrer toutes, emplissant totalement l’univers scénique, abolissant la frontière entre cinéma et théâtre, n’hésitant pas à nous faire explorer un nouveau réel que nous ne pourrons pas contrôler. Daniel Danis a été nominé en 2010 aux Molières dans la catégorie « auteur francophone vivant ».
C’est troublant, beau, magique. Une véritable poésie orale et visuelle.
Manufacture hors les murs, Salle des fêtes de Vandoeuvre–lès-Nancy
samedi 14 mai à 19h, dimanche 15 mai à 16h30
Navette gratuite aller-retour, Départ Arrêt Désilles et Jeanne d’Arc (Boffrand), Réservation souhaitée au 03 83 37 42 42
Autour du spectacle
>> En scène ! avec Véronique Bellegarde, Atelier de pratique théâtrale pour tous, Approche du roman-dit dans l’écriture de Daniel Danis
Samedi 14 mai de 9h30 à 13h30
Tous renseignements complémentaires sur www.theatre-manufacture.fr
Photos © Edouard Sautai