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POULET DE PRESSE n°20 : spécial Ben Laden

Publié le 14 mai 2011 par Legraoully @LeGraoullyOff

Graoulliennes, Graoulliens, amical bonjour de la pointe Bretagne ! Hé, mine de rien, on en est déjà au « poulet de presse » numéro 20 ! Et quand le vingt est tiré, il faut le boire ! Voilà qui n’en légitime que d’autant plus ce « spécial Ben Laden » : j’ai acheté quasiment tous les principaux quotidiens parus après l’annonce de la mort du leader terroriste, mais j’ai fait l’impasse sur Le Figaro parce que ma conscience professionnelle n’est pas développée au point d’écraser ma dignité. Bon, je ne vais pas vous détailler tout ce que j’ai lu, sinon on aura vite fait d’être redondant. Je vais juste vous signaler quelques passages que je trouve, à un titre ou à un autre, intéressants… Vous êtes prêts ? Je commence !     

POULET DE PRESSE n°20 : spécial Ben Laden

POULET DE PRESSE n°20 : spécial Ben Laden
Le Monde n°20614 (3/05/2011) : Un jeune homme qui a pris part aux scènes de liesse à New York : « J’avais 14 ans lorsque les tours jumelles sont tombées. Le propriétaire de l’appartement de mes parents, dit-il travaillait pour un cabinet d’avocats, dans une de ces tours. Il y est mort ce jour-là » Ce jour-là, pour une fois, on ne leur a pas réclamé le loyer !

« Deux obèses se poussent du ventre pour se congratuler encore une fois : « L’Amérique est la plus forte », lancent-ils à tue-tête. » Quand les Américains font leur propre satire d’eux-mêmes, je me sens tout à fait inutile…

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Conclusion du discours d’Obama : « Nous respecterons les valeurs qui nous définissent. Et en un soir comme celui-ci, nous pouvons dire aux familles qui ont perdu des êtres chers à cause du terrorisme d’Al-Qaida : justice est faite. » Les « valeurs qui nous définissent » ont été bafouées par l’exécution sommaire de Ben Laden : une de ces valeurs est justement la justice qui n’est pas réduite à la vengeance… Les politiciens de tous bords et tous horizons n’ont vraiment pas peur de la contradiction.

Page 4, après avoir repris, à la une, le « Justice est faite » d’Obama, le quotidien reformule la phrase : « Les États-Unis se sont finalement fait justice. » Là, au moins, c’est honnête.

« Aucun pays étranger n’avait été prévenu et même pas le Pakistan » ; idée essentielle à retenir : l’armée américaine est entrée illégalement sur un territoire étranger. La fin justifie-t-elle forcément les moyens ?

« Les agents américains avaient été mis sur la piste d’un (…) « messager » de Ben Laden dont un détenu de Guantanamo avait donné le seul nom de guerre. » : Vous allez voir qu’ils vont s’en servir comme argument pour légitimer la torture !

« Tout juste dimanche, le président a-t-il quitté plus tôt que d’habitude sa partie de golf, au terrain de la base d’Andrews : neuf trous seulement mais les journalistes qui le suivaient avaient mis cette interruption sur le compte du temps gris et pluvieux. » : ‘faut vraiment n’avoir rien à branler pour aller regarder le président qui joue au golf !  

« De source officieuse américaine, ce sont les Pakistanais qui, après avoir informé les Américains de la localisation de Ben Laden, auraient demandés à être tenus à l’écart. » : on veut pas se fâcher avec papa ricain, hein ?

À propos du Yémen : « Nul doute que la filiale d’Al-Qaida profiterait à court terme du démantèlement de l’appareil sécuritaire et militaire mis sur pied par le président yéménite si ce dernier devait quitter le pouvoir sous la pression de la rue. » Gilles Paris, auteur de ces lignes, en est encore à comprendre les régimes autoritaires du monde arabe comme seul rempart contre l’islamisme… Hé, obscur ! Il faudrait arrêter de prendre les Arabes pour des cons !

« Les experts soulignent que les révolutions dans les pays arabes ont déstabilisé leurs services de sécurité chargés de la lutte contre le terrorisme. » : C’est vrai, quoi ! Les bougnoules, ils sont bien gentils, avec leur soif de liberté, mais ils pourraient penser à notre sécurité, non ? Quand l’Occident est en danger, bicot, on souffre en silence !

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À propos d’AQMI : « Le présence économique française est directement ciblée, avec l’enlèvement des sept Français travaillant pour les mines d’uranium nigérienne exploités par Areva. » Contrevérité : ces Français n’ont pas été enlevés par la filiale magrébine d’Al-Qaïda mais par des touaregs qui luttent contre l’exploitation de leurs terres par les entreprises françaises et les expropriations dont ils sont l’objet. Ils sont seulement été « récupérés » par Aqmi. Mais circulez, y a rien à voir ! On ne voudrait pas prendre le risque d’informer les lecteurs sur ce qu’ont de néfastes les activités de nos entreprises implantées en Afrique pour les populations locales…

À propos de Ben Laden : « Il aurait pu, comme d’autres Ben Laden le font toujours, vivre de ses rentes, entre limousines, jets privés, palais et jolies filles. » Ça prouve que ce type était plus con qu’autre chose ! Entre cette vie-là et celle qu’il a finalement menée, moi, j’aurais vite choisi !

À propos de l’image que Ben Laden donnait en 1986 en Arabie Saoudite : « La presse locale adore ce grand type d’1,90m, excellent cavalier et pétri de religion, dont l’attitude « modeste » tranche tant avec l’arrogance des princes et des héritiers fêtards du pays. » Je me tue à le dire : méfiez-vous de ceux qui ont une vie trop saine !

La façon dont Ben Laden traitait Saddam Hussein : « le dictateur irakien, le mécréant, l’apostat ». Et dire que les occidentaux n’ont même pas attendu la gué-guerre de Bush en 2004 pour faire un lien entre la dictature irakienne et Al-Qaïda…Ah, notre manie de globaliser !

« Le ministre des affaires étrangères, Alain Juppé, avait auparavant décrit la disparition d’Oussama Ben Laden comme une « victoire de toutes les démocraties » ; il est vrai que l’exécution sommaire d’un homme n’est pas en total décalage avec l’idée que le gouvernement français actuel se fait de la démocratie…

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Sarkozy : « Nous n’avons pas d’autre choix que de combattre ces terroristes partout où ils se trouvent. » Le problème, c’est qu’un terroriste, la plupart du temps, ça se planque ! Il peut se trouver dans n’importe quel endroit… En clair, le plan Vigipirate et la vidéosurveillance, c’est pas fini !

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Le dessin de Plantu : une des deux tours jumelles est transformée en pistolet qui tire dans la tête de Ben Laden. « Œil pour œil, dent pour dent », quoi !  

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Libération n°9321 (3/05/2011) : L’édito de Demorand, s’ouvrant sur un état des lieux de l’année 2001 : « À l’époque, l’effondrement du communisme semblait être l’événement fondateur d’un temps désormais sans histoire, capitalisme et démocratie n’ayant plus d’adversaire mais la planète à conquérir. » Manifestement, Demorand ne suit pas l’actualité chinoise qui prouve que démocratie et capitalisme ne vont pas toujours de pair – c’est même assez  souvent le contraire ! – et avoue avoir pris pour argent comptant la théorie de Fukuyama sur la « fin de l’Histoire », théorie qu’il était déjà facile, à l’époque, de juger fumeuse… Il était plus à sa place sur France Inter, le Demorand ! Il aurait limité les dégâts de la tempête Val, il a préféré aggraver les dégâts de la tempête Rotschild…

Toujours Demorand, traitant de l’après-11 septembre : « Et une contre-histoire de la mondialisation se trouvait écrite ». Désolé, Nicolas, mais le fait qu’un réseau terroriste puisse avoir des ramifications dans une importante partie du monde est dans la cohérence même de la mondialisation, laquelle ne consiste pas simplement à permettre le tourisme de masse en Amérique du Sud.

« Si on avait eu la possibilité de prendre Ben Laden vivant, on était prêt à le faire », a assuré John Brennan hier. L’éventualité avait été « prévue , mais n’était pas vraisemblable sachant que Ben Laden risquait de se défendre, a expliqué le conseiller d’Obama » J’aime bien le « Ben Laden risquait de se défendre » ! On s’attendait à ce qu’il se laisse trucider, peut-être ?

« Au coin de Broadway, des touristes se font prendre en photo avec la une New York Post qui clame : « On l’a eu ». En anglais, ça donne « We got him », ce que Bush avait lancé après la capture de Saddam Hussein. Voilà un journal qui n’a pas peur des mauvais souvenirs…

Un fonctionnaire pakistanais : « sa disparition ne change pas grand-chose pour nous. Notre pays est au bord de la faillite, l’inflation est galopante. Nous, les Pakistanais, nous sommes très émotifs, en deux minutes tout le monde peut manifester dans la rue. Est-ce que vous voyez des réactions autour de vous ? » Se réjouir de la mort de quelqu’un, fût-ce un salaud de la pire espèce, est décidément un luxe réservé aux panses pleines…

Toujours au Pakistan : « Deux jeunes filles insouciantes passent en gloussant. « Ben Laden ? Il est mort ? Ah bon ! Vous savez, nous on fait du shopping, ça ne nous intéresse pas. » Mine de rien, ces donzelles ont joliment vengé les femmes réduites à l’état d’esclave par tous les gros machos qui usent de la religion musulmane comme prétexte pour lapider les femmes à la moindre incartade…

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À propos de Ben Laden : « Il était aussi un très bon avant au foot » : et bien non, le football ne favorise pas FORCÉMENT la tolérance et l’amitié entre les peuples…

Toujours à propos de Ben Laden : « Il dit avoir reçu son baptême du feu en 1986 à Jali, sur la frontière afghane. En réalité, il a déjà embelli sa légende. Il semble qu’il se soit très peu battu, comme la plupart des volontaires arabes. » Hé ! Quand on veut pousser des gens à se faire tuer, tous les mensonges sont permis du moment que ça vous donne une image de guerrier glorieux !

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Un biographe américain de Ben Laden : « Il est de bon ton de dire que les Américains ont fabriqué Ben Laden (…). Ce n’est pas vrai. Je ne crois pas qu’il ait jamais travaillé pour la CIA. Ce sont les Pakistanais qui servaient d’intermédiaires aux États-Unis dans la gestion de la guerre en Afghanistan, distribuant argent et armes aux moudjahidin. » Et oui, rien n’est simple…

Un chauffeur de taxi marocain : « J’y crois pas ! Même Saddam Hussein, on n’est pas sûr qu’il soit mort ! » Décidément, on a beau voyager, les chauffeurs de taxi sont un peu tous les mêmes !

Grégoire Chamayou, philosophe : « À voir ces images de jubilation morbide cependant, c’est à un autre visage, tristement connu dans l’histoire américaine, que l’on pense : sous cette euphorie patriotique se profile, en filigrane, le sourire triomphal du lyncheur. » Rien à ajouter !

Le dessin de Willem : une foule de poings levés, dont un qui brandit une pancarte avec le portrait de Ben Laden légendé « Santo subito ! » Du grand Willem, toujours aussi implacable. Libé a la chance d’avoir à son service un des plus grands dessinateurs du monde…   

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Ouest France n°20278 (3/05/2011) : « Fin 2001, les forces américaines déployées en Afghanistan sont à deux doigts de capturer l’état-major d’Al-Qaïda, encerclé dans les grottes de Tora-Bora. Mais, à court d’effectifs, le commandement américain commet l’erreur – monumentale – de s’appuyer sur des « alliés » afghans peu motivés et faciles à soudoyer. Ben Laden franchit la frontière du Pakistan… » Nicolas Cage aurait mis ça dans un film, tout le monde aurait trouvé qu’il exagère !

À propos du complexe où habitait Ben Laden : « Plusieurs voisins assurent « qu’ils ignoraient l’identité précise de la famille qui vivait derrière ces mur surélevés », mais qu’ils ne doutaient pas, en revanche, qu’il s’agissait « d’Arabes », un terme générique au Pakistan pour désigner les combattants étrangers des réseaux Al-Qaïda. » Comme quoi, l’Europe n’a pas le monopole des clichés xénophobes.

À propos de Ben Laden lors de la guerre du Golfe : « Il lance sa « guerre sainte » contre l’Amérique. Déterminé à en « faire l’ombre d’elle-même », il planifie quelques attaques meurtrières. » Satisfaction lui est rendue, l’Amérique est aujourd’hui l’ombre d’elle-même, mais c’est aux financiers véreux que l’on doit ce résultat. Conclusion : le terrorisme est moins dangereux que le capitalisme.

Dans la liste des « principaux attentats attribués à Al-Qaïda », le quotidien régional inclut ces deux événements : « 17 septembre 2001 : Le président américain George W. Bush réclame Ben Laden « mort ou vif ». « 7 septembre 2006 : Le sénat américain débloque 200 millions de dollars pour créer une cellule du renseignement dédiée à la traque ». En clair, pour Ouest France, ces deux faits sont des attentats que l’on peut attribuer à Al-Qaïda ; ils ont raison : ces deux événements ont eu des conséquences aussi fâcheuses que celles qu’auraient entraînées des attentats et ils ont bien pour cause première le danger que représentait le réseau terroriste. C.Q. mais F.D. !

« François Fillon a estimé que la mort de Ben Laden ne remettait pas en cause la présence militaire française en Afghanistan. » Ben tiens ! Tant que les Américains ne se retireront pas, il n’y a aucune raison pour que notre président Zébulon, plus américanophile que les Américains, décide de rappeler en France les soldats français ! Bien sage, petit français, sinon papa ricain va gronder !

Un étudiant new-yorkais : « Je ne sais pas si je suis heureux. À quoi ça sert de se réjouir de la mort d’un assassin ? Cela ne ramènera pas les morts. » C’est exactement ce que je dis chaque fois qu’une nation quelconque se félicite d’avoir gagné une guerre…

Le dessin de Chaunu : un diptyque mettant en parallèle le premier avion à foncer dans les tours jumelles et la balle qui a tué Ben Laden. Bof !   

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France-Soir n°20719 (3/05/2011) : « Les États-Unis n’ont prévenu personne. Et surtout pas l’État pakistanais, dont on sait qu’il est infiltré par des courants islamistes. » Si je vous disais que tous les islamistes ne sont pas derrière Ben Laden, vous me croiriez ? Pourtant, c’est bien ce qu’avait dit à Politis le tunisien Moncef Marzouki : « Il faut cesser de considérer les islamistes comme un bloc. Et comprendre, par exemple, qu’ils vont de Recep Erdogan [actuel Premier ministre de Turquie, islamiste modéré, ndlr] aux talibans. Il faut que les Français saisissent la complexité de ce mouvement. » En effet, et c’est pas grâce à France-Soir qu’ils vont y arriver !

  « L’opération, qui peut changer la face du monde… » Là encore, si je vous disais que les attentats du 11 septembre n’ont finalement pas changé grand’ chose pour plus de la moitié de l’humanité, vous me croiriez ? Pourtant, je ne crois pas que ceux qui crèvent de fin en Afrique s’en mettront davantage plein la panse maintenant que Ben Laden a clamsé ! Attendez un peu que le sort d’une part importante de la population mondiale s’améliore avant d’employer cette expression utilisée à tort et à travers « changer la face du monde » !

Titre d’un article relatant la vie de Ben Laden : « L’homme qui tuait les innocents ». J’aurais plutôt mis « l’homme qui tuait » car « l’homme qui tuait les innocents », ça a l’air de juger que tuer des gens ayant mal agi serait plus tolérable… De plus, Ben Laden ne concevait pas comme des innocents les gens qu’il tuait : il ne voyait en eux que des infidèles, coupables à ses yeux de ne pas se conformer à ce qui constituait sa vision de l’Islam. Mais bon, il faut bien exciter le client !

« Oussama Ben Laden aurait pu mener la vie dorée de fils de milliardaire. Il a préféré semer le malheur sur la terre entière ». Les fils de milliardaires devenant souvent, à la mort de papa, des hommes d’affaires pleins aux as n’ayant aucune idée de ce que représente la vie pour près d’un être humain sur deux, ils sèment souvent beaucoup plus le malheur que ne le font les terroristes, en favorisant, par leur boulimie pécuniaire, des guerres, des famines et des catastrophes écologiques… Bref, les deux termes de cette phrase ne sont pas DU TOUT contradictoires.

« Le terrorisme, arme du pauvre ? La richesse de la famille d’Oussama Ben Laden, héraut du terrorisme islamiste international, écorne sérieusement cette image charitable. » Là, cette « image charitable » n’existe que dans l’imagination du « journaliste » de France-Soir : le dernier à l’avoir défendue, c’était Kadhafi ! Pourquoi argumenter contre une thèse qui ne tient pas debout une seconde ? Remarquez, quand on sait que des journaux comme France-Soir sont souvent les premiers à traiter les grévistes français comme des terroristes…

« [Ben Laden] rejette la musique, refuse de porter des vêtements occidentaux, se laisse pousser la barbe, s’identifie à la cause palestinienne… » C’est le dernier terme de cette accumulation qui me fait tiquer : en quoi s’identifier à la cause d’un peuple dont les droits sont bafoués par l’État d’Israël trahit-il le penchant d’un individu pour l’islamisme radical ? D’autant que Ben Laden ne s’identifiait pas vraiment à cette cause qu’il a récupérée à des fins politiques.

L’édito de Gérard Carreyrou : « Je comprends que certains regrettent que le responsable des attentats de New York (…) n’ait pu être capturé vivant pour être jugé un jour aux États-Unis ». Je n’aime pas le « je comprends » qui sonne comme la compréhension du bon père de famille pour l’adolescent qui fait un caprice. Hé, Gégé, nous sommes plus des enfants !

Carreyrou, toujours : « Mais on aurait préféré qu’Adolf Hitler soit jugé et condamné à Nuremberg ! » Ce n’est pas vraiment comparable car Hitler n’a pas été exécuté sommairement : il s’est lui-même donné la mort pour échapper à son châtiment. De plus, je ne vois pas en quoi ça atténue ce qu’ont de navrantes pour l’Occident les circonstances de la mort du chef d’Al-Qaïda. Je ne m’énerve pas, j’attends qu’on m’explique.

« Doit-on craindre des représailles contre les Français retenus en otages à l’étranger » ; ça m’a toujours fatigué, ça : nos media mettent toujours en avant les otages français comme si ceux-ci souffraient plus que les otages issus des autres pays ! « Bonjour, je suis journaliste ! Vous avez été pris en otage ? Très bien, pouvez-vous me montrer votre carte d’identité nationale, avant que je parle de vous ? »

« Arrivé au pouvoir, Barack Obama avait fait le choix de désengager les troupes américaines d’Irak afin de renforcer celles qui se battent contre le terrorisme en Afghanistan. Il avait raison. » Désolé, mais je ne vois pas en quoi la mort de Ben Laden valide cette stratégie, certes plus cohérente que celle de Bush junior, vu que le chef terroriste a été abattu au Pakistan. Les gens de France-Soir ont décidément une logique qui m’échappe un peu…   

La veuve d’une victime du 11 septembre : « J’aurais souhaité le voir capturé vivant, traduit devant la Cour pénale internationale. J’aurais aimé connaître quelles déficiences psychologiques l’ont poussé à tuer des milliers de personnes ». Retenez bien ceci : toute personne dont un proche est assassiné ne réclame pas forcément la tête de l’assassin ! Ceux qui défendent la peine de mort avec l’argument « et si c’était votre fille ? » n’ont donc même pas ça pour eux…

La même veuve : « Je ne voudrais pas que les gens oublient mon mari, donc j’ai créé une fondation qui aide les étudiants français et américains. (…) J’ai attribué une de nos bourses à un étudiant français d’origine marocaine, Nizar Jalaly. Il est devenu, depuis, un talentueux financier de Wall Street. » Nouveau dommage collatéral du 11 septembre : un monstre capitaliste de plus sur la terre ferme ! Il en aura fait, du mal, Ben Laden…

Le dessin de Babouse : un tableau avec les morts du côté d’Al-Qaïda et les morts du côté des U.S.A. Une seule croix côté Al-Qaïda, tout plein de croix côté américain, et l’américain qui a fait le compte déclare quand même : « on a gagné ! » Je ne suis pas fan de Babouse, mais c’est bien vu…

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Aujourd’hui en France n°3415 (3/05/2011) : À propos d’Obama : « Sans nul doute [son succès] le plus important depuis son élection en 2008 » Le pire, c’est que c’est vrai : sa réforme de la sécurité lui a valu une impopularité effroyable auprès de l’Amérique profonde qu’il va reconquérir grâce à un meurtre… Vive l’Amerdique !

« Les autorités américaines traînent la prison de Guantanamo et ses pratiques suspectes comme un boulet depuis des années. C’est pourtant de cette base militaire implantée à Cuba que serait venu LE renseignement. » Voilà comment Aujourd’hui en France reconnait la légitimité de la torture…

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Dans un encadré intitulé « vingt ans de terrorisme », le quotidien inclut les deux faits suivants : « Afghanistan, le 30 novembre 2001 : les Américains partent en guerre en représailles aux attentats du 11 septembre. » et « Octobre 2004 : La barbe du leader terroriste, grise et broussailleuse, semble taillée et teinte en noir dans une vidéo diffusée le 11 septembre 2007. » Pour le premier, je comprends : c’est vrai qu’entre la guerre et le terrorisme, la différence est finalement assez ténue, aussi légitimes ses raisons d’être peuvent-elle apparaître. Mais le second, je ne vois pas ? Attentat à l’esthétique ? Je ne pensais pas que la rédaction d’Aujourd’hui en France aurait des opinions aussi tranchées sur le thème de la capillarité !  

« Oussama Ben Laden est le 17ème d’une fratrie de 54. Son père, Mohamed, (…) a 4 épouses officielles et quelques concubines. » Quelle santé ! Malgré sa fortune, il ne devait pas avoir la télé, le Momo ! Cela dit, je me demande ce que devaient en penser toutes ses femmes – mais ça m’étonnerait quand même un peu qu’on leur ait souvent demandé leur avis…

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À propos du groupe de BTP fondé par le père d’Oussama : « Il a édifié des palais en Arabie saoudite, des extensions des lieux saints de l’Islam à Médine ainsi que certaines des bases américaines en Arabie saoudite… » Et c’est grâce à ça que Ben Laden a eu assez d’argent pour menacer le monde occidental ; ceci s’appelle ne pas avoir la reconnaissance du ventre…

« Pour cette enseignante à l’université Paris-VIII, un signe ne trompe pas : « Les récentes révolutions dans le monde arabe se sont faites sans références à Al-Qaïda. » « Cela prouve la marginalisation de ce mouvement et de son leader dans les sociétés arabes », poursuit-elle. » Sauf le respect que je voue habituellement aux professeurs d’université, il y a quelque chose qui me gène dans cet énoncé, ainsi que dans les autres prenant acte de cet état de choses : ça a l’air de juger que cette absence de référence à l’islamisme radical était inattendue et qu’il aurait été plus logique que se réalise spontanément un scénario semblable à celui de l’Iran en 1979… Hé, oh ! ‘Faut arrêter de croire les Arabes assez cons pour accepter de leur plein gré de vivre sans musique, sans littérature, sans art, sans aucune liberté et avec des femmes transformées en sacs-poubelle ! Pourquoi auraient-ils plus envie que nous de cesser de vivre avant même de mourir ?  

« Si c’est vrai, nous devons remercier Allah que l’Amérique ne l’ait pas capturé vivant. Il a pu mourir en martyr comme ile le souhaitait. », rédige encore un autre internaute. » Et voilà ! Le tuer de manière expéditive, c’était rendre service à ceux qui soutenaient sa cause ! Il aurait fallu qu’on donne à ses crétins sanguinaires l’exemple de ce dont est capable l’état de droit, on s’est contentés de rentrer dans leur jeu !

« Aux Mureaux (Yvelines), la première réaction de Kamel est plutôt amère après l’annonce de la mort d’Oussama Ben Laden : « À cause de lui, en tant que musulman pratiquant, ça fait dix ans qu’on me regarde comme un terroriste. Et maintenant qu’il est mort, on vient me demander ce que j’en pense… » Je dirais bien que Ben Laden a décidément fait beaucoup de mal, mais ce qui crée du tort à ce monsieur, c’est moins le seul chef terroriste que la connerie humaine dans son entièreté. Et la connerie humaine, elle, on n’a pas encore trouvé le moyen de s’en débarrasser ! C’est d’ailleurs la leçon que je retire prioritairement de la lecture des deux derniers quotidiens cités ici : sans doute les lectures les plus désagréables de toute ma courte mais faste carrière ! On ne m’y reprendra pas de sitôt… Allez, kenavo !


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