Magazine Politique
C'est un épisode très révélateur de l'état de l'opinion qui vient d'être traversé à l'occasion des suites de la présentation du projet de Dominique de Villepin et la présentation du "revenu citoyen".
D'ordinaire, à l'issue de la présentation d'un projet avec des mesures phares, les sondages frémissent. Là, même en impactant les effets de la multiplication des candidatures, la stabilité a plutôt été la règle pour l'auteur du projet présenté.
Il peut donc être intéressant de s'interroger sur les raisons de cette situation.
Le "revenu citoyen" a été perçu par l'opinion comme une mesure d'ingénierie sociale : un montage compliqué entre une recette et les conditions à remplir en retour appliquées de surcroît à des situations différentes avec une possibilité d'étalement dans le temps.
Comme l'opinion est progressivement acquise à l'idée que les "caisses sont vides", il y a un cumul de deux obstacles : la crainte de dépenser encore plus sans voir immédiatement pour quoi faire.
Qu'une idée aussi novatrice sur le fond ne parle pas immédiatement à l'opinion montre qu'elle attend d'abord de l'éthique sociale bien davantage que de l'ingénierie en matière de redistribution.
L'éthique sociale a deux visages :
- comment ne pas perpétuer la pauvreté,
- comment ne pas assumer un écart de richesses qui soit indécent bien au-delà du seul volet matériel qui compte mais qui n'est pas tout.
Pour ce dernier volet, l'éthique sociale c'est notamment le régime de responsabilité des dirigeants qui ont "fauté" mais qui, eux , ne sont jamais punis sérieusement. Pour dernier exemple en date, l'ex-Président d'Orange accusé de tous les maux prend la présidence du Conseil de Surveillance d'un grand groupe franco-italien de nouvelles technologies ...
Le capitalisme moderne a certes créé des exclus. Il a surtout créé des intouchables parce que la morale du résultat a emporté toutes les autres règles traditionnelles à partir d'un certain niveau de décision.
C'est d'éthique sociale que l'opinion a besoin. D'ailleurs les derniers développements sur les "écarts de conduite" de DSK le montrent bien comme préalablement le montraient les causes de la disgrâce de Nicolas Sarkozy. Il a d'abord été puni pour son style avant même de connaître les échecs de sa politique.
La bataille de l'éthique reste ouverte. Le candidat qui trouvera les symboles qui parlent à l'opinion devrait alors faire frémir rapidement les sondages.