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Le Tourisme Durable en question….

Publié le 15 mai 2011 par Fouzi53 @fouzi53
Le Tourisme Durable en question….

Lors d’un récent focus group initié par le ministère du tourisme dans le cadre des concertations participatives avec les entreprises touristiques et dont le thème principal était le Tourisme Durable, nous étions quelques agences de voyages membres du Club RMA à participer. Cette réunion faisait suite à une série de consultations auprès des hôteliers, des associations professionnelles, des Fédérations de métiers et de quelques acteurs majeurs.

En introduction, nous eûmes  droit à un bref rappel des principes fondateurs de la vision 2020 dont le volet développement durable constitue un pilier important que personnellement je qualifierai de « 5ème élément ». Les participants eurent à répondre à trois questions principales qui devraient permettre aux consultants d’identifier les traits communs des besoins et attentes des acteurs et partant concevoir des outils à même de répondre auxdits besoins.

A la question : comment définissez vous un tourisme durable, nous étions tous convaincu que c’est le grand oubli de la vision 2010 et ce  malgré la mise en place du Comité Marocain du Tourisme Responsable  en septembre 2006. Ce comité dont j’étais membre fondateur es qualité s’est  attelé à mettre en place une charte du Tourisme responsable avec l’édition d’un guide du Touriste Responsable et la création d’un label dédié. Sur le dernier point, il ya eut effectivement le label Clefs vertes qui a été mis en place, mais malheureusement , les unités hôtelières qui ont joué le jeu se comptent sur les doigts. Pour le reste, nous en étions resté au stade d’annonce sans plus. Le terme responsable et durable ne faisant pas partie des priorités de la vision 2010.

Aujourd’hui le tourisme durable est une réponse aux attentes des touristes qui veulent participer au développement des communautés dans la recherche d’un véritable équilibre social, économique et environnemental.

A ce sujet, nous avons émis des réserves quant à la surexploitation des ressources naturelles et plus particulièrement l’eau qui s’amenuise de plus en plus surtout dans des périodes de sècheresse de plus en plus fréquentes. Les raids sauvages de 4×4 qui sont programmés au Maroc sans aucune restriction ont également été montré du doigt du fait des dégâts collatéraux qu’ils commettent dans les régions traversées : destruction de dûnes, traumatisme de la faune et déchets non dégradables laissés sur les lieux.

En milieu urbain, la construction d’immeubles de 5 étages dans le Gueliz, autrefois zone villas, a crée un véritable encombrement dans le stationnement et la circulation avec des pics de pollution qui dénaturent la qualité de l’air. La médina aussi n’échappe pas aux encombrements et surtout à la pollution des cyclomoteurs qui pullulent intra muros. Nous avons émis le souhait de voir les calèches reprendre leur droit dans cette partie de la ville avec une augmentation de leur nombre qui stagne depuis 1935 à 230 équipages. Ce type de transport outre son coté typique est également écologique et serait un excellent label pour notre tourisme.

Sur nos besoins en matière d’information, de formation et d’accompagnement pour adopter une démarche durable dans nos activités, nous avons répondu :

  • En matière d’information et de sensibilisation de la société civile et des visiteurs, un site internet dédié , avec du contenu , mis à jour régulièrement et interactif. Sur la partie front office, des cartes , des circuits , des sites archéologiques, géologiques , naturels etc…des forums de discutions entre professionnels, administration et touristes. Enfin une liste des acteurs ayant adopté une démarche responsable tels que les agents de voyages, les unités d‘hébergement, les restaurants et autres.
  • Sur le plan économique, il faudrait sincèrement penser à défiscaliser les acteurs évoluant en milieu rural tels que les muletiers, l’habitant en général qui reçoit des touristes et surtout les achats effectués chez les paysans pour les besoins de la restauration des randonneurs. En fait , la difficulté réside dans l’obtention de factures probantes pour justifier les dépenses et cela est une contrainte pour les opérateurs et pour les populations locales. Une exception devrait être envisagée, pour permettre un traitement équitable de ces populations et endiguer l’exode rural.
  • Des centres de formation pour tous les acteurs avec des stages réguliers afin de mieux maitriser les gestes de bonnes pratiques, d’adopter et de partager une éthique responsable dans l’objectif final serait une labellisation connue et reconnue : clefs vertes, pavillon bleu, zéro Carbonne etc.….inclure  le tourisme durable, comme matière dans les écoles, collèges et lycées pour une véritable efficacité de la démarche.

Sur notre contribution afin de positionner le Maroc comme une destination durable, l’engagement est unanime et total par une communication et une sensibilisation de tous nos partenaires et collaborateurs aussi bien en interne que lors des rencontres internationales. Nous nous engageons également à créer des emplois en milieu rural, rémunérés équitablement et profitant en premier lieu aux populations locales que nous accompagnerons par de la formation continue.

Cette démarche se fera dans l’optique de réduire la précarité dans le respect de la dignité en aidant à la mise en place d’activités touristiques génératrices de revenus telles que la culture bio, et  un artisanat lié à la consommation par les restaurants et les hôtels. D’ailleurs, lors d’une journée de réflexion que l’on avait tenue le 27 novembre 2010 à la veille des Assises du Tourisme, nous avions identifié un certain nombre d’AGR pouvant être rapidement mises en place dans notre région.

Pour conclure, le tourisme durable est un véritable levier économique et social qui doit aujourd’hui être pris en considération par l’ensemble des professionnels du tourisme. De plus c’est un argument marketing très fort pouvant positionner la destination dans le top des best practices mondiaux. Il nécessite une véritable mobilisation et prise de conscience pour sauvegarder notre patrimoine naturel et  culturel, notre authenticité qui fait aujourd’hui notre richesse et enfin un héritage à laisser aux générations futures. Il ne s’agit nullement de faire dans le « washing grenn », mais d’engager une dynamique volontariste et de s’assurer de la participation de tous.


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