Magazine Journal intime

Violon pour les masses

Par Francois Moussirou @LESALONIVRE
Violon pour les masses

J’ai fait de vous ce que je voulais. La terre vit sous mon empreinte. Je n’aurai plus de mal à vous faire chanter. La musique sera une valse vers la mort. Vos pas seront contrôlés. D’une cadence euphorique ton voisin sera un hologramme. Tu ne le vois plus. Son âme pour toi est un mirage. J’ai panthéonnisé toute la marche de ce siècle. Quelques tops modèles au visage vide. Un industriel prêt à s’offrir les louanges de la planète. Un chef d’état sans grande intelligence. Je suis pénétré de la crétinité globale. Elle se réinvente en moi. L’argent ne fait pas le malheur. J’exempte vos foyers de pensées. Dépensez ! Ça suffira pour le moral et la morale. Avancez sans regard à la vitesse du son. Articulez vos paroles vers le néant. Dansez des nuits entières sans vivre votre réalité matérielle et intérieure.

Armez votre bonheur de quelques jouets technologiques. Laissez-vous conquérir par ma danse. Le désir c’est de la nonchalance pour le maître. Le sport c’est du fétichisme. Adhérez à ce club, vous voterez par la teub.Quelques idéaux, une consciencenégative pour le blanchiment de la morale publique. Observatoire des tendances, des couleurs et sourires libidinaux. J’allaite le désir.Lavoir des pressions humaines. L’incubateur se chargera de vous trouver une place de choix dans la société. (Et) le chômage viendra vous trouver un jour. Il fallait bien que ça arrive. Ta voix basculera vers un extrême. Peu importe le poids sur la balance. Tu te feras vite une idée de ce monde en t’inventant un bouc-émissaire qui remplira ton bulletin de vote et videra ton panier au supermarché.

Tu seras le roi parmi tous les cons qu’enfante la société. Toi, moi, le pape, les chefs d’états et les terroristes. Tu seras le personnage de cette grande télé-réalité mascagnée aux intransigeances du pouvoir politique. Tu vivras des émotions populaires : Black, blanc, beur. Société post-raciale, fin d’Al-Qaïda, chute du mur avec quelques traces dans la culotte sociale. Avec du vocabulaire t’y croira dur comme fer. Tu chanteras des airs qu’iront jusqu’aux confins du rectum électoral. Ta descendance sera lézardée.

On hissera des drapeaux le matin et au coucher du soleil. Ces guerres illusoires pour la liberté ne manqueront pas de vous émouvoir. Vos commentaires seront passionnés. Les grands mots jailliront à côté de la pauvreté qu’on rattache toujours comme un enfant adultérin. Démocratie, liberté sortiront à tout-va pour le prochain vote et le prochain Pol Pot au visage humanitaire et au versant sanguinaire avec mention comité de salut Public. L’opinion publique moisira de détresse matérielle évacuant son impuissance dans la bêtise la plus grande. Au seuil du grand chaos, elle s’en ira acheter de l’alcool, des drogues. Des églises trouveront pignon sur rue. La lucidité se faisant rare, il faudra prier à l’envers. S’armer de désolation. Débrancher chaque nerf comme on désamorce une bombe. La mélodie s’arrête là entre les chemins gras et L’humanité n’est pas à sauver, elle est juste à déplorer. J’inscris mon violon pour les masses.


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