Savonneuse Beach

-Martha on feraitmieux d’attendre avant de le fumer ce joint.

-T’es déjà venue sur cette plage Eva ? dit Martha

-Et toi mon pierrot ? réplique Eva

-Non. Je n’ai pas plus d’informations que vous.

-Alors pourquoi veux-tu nous prendre la tête avec le respect des règles mon mignon. Tu manques de courage Pierrot.

-J’essaie juste d’êtreprudent. L’herbe que nous a filé K-nife ce n’est pas de la petite came pour ado. Je n’aime pas l’idée d’être perdu. Regarde ce paysage on dirait qu’il nous tend un piège. On croirait rêveren pleine défonce.Un sable fin et brut. Des arbres dignes de vacances au bout du monde. Même Robinson n’a pas eu meilleur décor. L’infini regarde le fini. Tiens regarde cette pancarte au loin.

-Il y a écrit la Savonneuse Beach. Et alors ?Rien ne t’empêche de fumer sousles cocotiers. Ferme là un peu Pierrot. Dit Eva qui était habillée avec un bikini pour vacances californiennes.

Pierrot ferma finalement sa gueule. Ce n’était pas un grand fumeur mais il était devenu accro au haschich de K-nife et sa bande. Les trois amis se mirent à fumer. Ils ignoraient ce qui avait pu les réunir sur cette plage. Eva et Martha étaient insouciantes. L’une courait dans tous les sens avec ses yeux en amandes. L’autre fumait comme pour obéir aux vertus du haschich. Pierrot fumaitmaispar prudence il avait rangé un joint dans sa poche de jeans. Comme à l’habitude ses deux amis d’enfance bavardaient. Elles rêvaient de glaces au chocolat, de pistaches et de noix de cajou.

-Je veux être grossière. Dit Martha. Je veux crier puisque personne ne nous entend. T’es tu déjà demander si le silence était sexuel. Tu te fais ton propre film. Tout défile en toi. Et puis ici qui peut nous voir. Aucun censeur pour la morale. Nos envies les plus intimes peuvent se laisser à être. Mon corps comme à l’origine de la création. Adam et Ève avaient peut-être une complice. Une salopeavec qui Adam et Ève partageaient leurs désirs. Des partousards. Des fumeurs de pétards. Des anarchistes. L’Homme de toute évidence provient d’un jugement travesti. Son existence bien sûr est une poignée de sable comme cette plage. Nous sommes peut-être les plus libres de cettehumanité. Notre dealer ne se soucie pas des flics. Il roule en Porsche avec sa bande imaginaire. Nous sommes surement des intrus à l’intrigue. Tu entends ce bruit de vagues et de trains…

-Tu as trop fumé Martha. Répondis Eva.

-Eh ! Pierrot attends-nous.

Il continuait sa marche comme un robot solitaire. Sa seule idée était de se rapprocher du connu. La pancarte Savonneuse Beach. Il s’en rapprochait. Le flou s’installait aussi. Il attendit les deux filles.

-Qu’est-ce que vous faites ? Rangez vos joints ! Nous ne sommes pas seuls !

-Tu délires toi aussi. C’est l’effet savonneuse Beach !

Elles étaient maintenant proches de Pierrot. La Pancarte Savonneuse Beach faisait office de check point. Une Plage dans la plage, avecdes ruisseaux et des bois aux alentours. Une gare tout au bout de la plage dans la plage. Comment expliquer qu’aux bords d’une côte se trouve une côte intérieure. Comment y arrive t-on ? L’intervention de la nature est un paradoxe à savonneuse Beach. Eva, Martha et Pierrot se tournent comme pour retrouver leurs pas mais le paysage est mousseux. Il sèche instantanément mais la mousse est continue comme un nuage. Peut-être est-ce la frontière avec le monde réel. Mais comment une bande de brigands, de dealers de seconde zone peuvent avoir accès à une zone pareille. Ce ne sont peut-être pas des brigands. L’activité de dealer sert peut-être à rentabiliser les activités de Savonneuse Beach. Les drogues sont peut-être l’œuvre d’extra-terrestres.Une chose est sûre ils connaissent le Jazz. Ils ont même des transistors et des ventilateurs. Va savoir pourquoi ils ont besoin de ventilateurs à savonneuse Beach. Autant ne pas chercher à comprendre. On aperçoit des rails de trains aux milieux d’un espace de jeu. Des tentes sont dressées comme un camp d’entrainement militaire.Des hommesfont de l’haltérophilie. Des Barbecues sous une tente. Eva, Martha et Pierrot marchent sans se soucier des habitants de savonneuse Beach. Pierrot s’empresse de leur dire : Jeter vos joints avant que l’on se fasse choper.

-Ta gueule Pierrot !Ils ne nous voient pas.

-On n’existe pas pour eux. Dépêche-toi de filer vers la gare et esquive bien les cailloux près des ruisseaux.

-Vous allez où mes petits ? On ne s’échappe pas de Savonneuse Beach sans rendre des comptes à l’amiral MarcelVague.

-Cours Pierrot ! Ramène-nous du renfort… Sois courageux cette fois-ci.

Pierrot courût de toutes ses forces qu’il oublia même tous les obstacles devant lui. Plus il courrait, plus Savonneuse Beach s’effaçait comme une mousse. La course de Pierrot le menait dans un infini. La vitesse fonctionnait à merveille. Comme un grondement. L’espace se figea comme une traversée du temps.On entendit un grand bruit. Comme une accélération. Puis un frein. Pierrot était sur une autre côte savonneuse. Vierge. Une gare de train plus proche. Un panneau flouté par la mousse. Un nom de gare sans doute. Il est assis sur un bagage.Désespéré Pierrot se demande quel est le sort réservé à Eva et Martha. De toute manière, il ne les reverrait peut-être plus s’il est coincé entre les côtes de SavonneuseBeachqui semblent se répandre à l’infini dans un espace non cartographié. Pierrotvoit malcomment les sauver. Trouver du renfort. Ça c’est pour la réalité. À Savonneuse Beach ils font peut-être du savon avec le corps humain. Et cet amiral Marcel Vague ? Des questions qui le mettent dans un embarras infernal. Comment expliquer la provenance du haschich à Savonneuse Beach. Pierrot n’a aucune qualité de Juriste. Il est simple étudiant en art Plastiques. A savonneuse ils doivent être portés sur les arts moussants.

Il décide quand même de se diriger vers le panneau d’affichage qui mentionne un arrêt Lessive aux horaires Bulleux.Il serassure en attendant l’arrivée d’un train imaginaire. Viendra t-il ou se laissera t-il enfermer dans un monde de bulles. Pendant ce tempsdans les galeries de Savonneuse Beach Eva et Martha sont mises dans des cachots séparés. Aucune lumière.La cellule a la profondeur de toilettes turques. La paille fait office de couchette.L’entrée de la cellule se situe exactement à dix mètres du sol. Des escaliers en bois permettent d’accéderàce trou à rats. Impossible de mesurer le temps passé à Savonneuse Beach. Les deux jeunes filles sont inquiètes.Martha qui rêvait d’un silence sexuel se trouveplonger dans un silence accusateur. Elle se rappelle de la réalité de son existence. A t-elle le droit de faire appel à un avocat ? Sa famille est-elle informée ? Martha doutedu courage de Pierrot. Il s’est toujours défiler devant les responsabilités. Maintenant qu’il a l’occasion de prouver sa vaillance. Elle voudrait bien y croire.Mais comment pourrait-il les défendre ? Elles étaient en possession de haschich et lui c’est un fugitif.L’amiral Marcel Vague est-il informé des activités de K-nife et sa bande imaginaire. Autant de questions qui laissent Martha dans l’impasse tandis qu’Eva a sombré dans un lourd et profond sommeil.

Pierrot a finalement réussi à choper un train. Le seul de la journée ou certainement le seul de sa vision savonneuse. Il s’est installé dans le compartiment Bar. Le serveur porte un badge avec l’inscription soaper man. Il lui propose quelques sandwich à la sauce moussante. Pierrot n’a pas de monnaie. Il n’en n’aura pas besoin c’est gratuit. Pierrot veutsavoir comment faire pour rencontrer l’amiral Marcel Vague. Le soaper man lui indique la station « essuie-glace » deSavonneuse Beach. Il s’endormit le temps du voyage.

Une fois qu’il fut descendu du train. Pierrot setrouvaitdevant le check point de Savonneuse. Il s’empressa de se présenter aux autorités. Prêt à défendre ses deux amis. Le bureau de police était une grande tentemontée sur deux étages. Le commissaire était en compagnie de l’amiral Marcel Vague. Pierrot se présenta : Je suis l’ami de Martha et Eva.

-je sais vous êtes Pierrot, le fugitif. Vos amies ont été acquittées grâce à l’intervention de leur famille et leur avocat. Le dealer K-nifes’est rendu. Il s’agit d’un habitant de Savonneuse Beach qui s’était échappée pour répandre ses vertus fumeuses dans le monde primaire.

-Nous sommes donclibres et nous pouvons rentrer.

-Pas totalement. Dit le commissaire Alphonse Détergent. Il nous reste encore à reconstituer et retrouver les complices deK-nife cardans notre République Savonneuse nous avons horreur des fugitifs lâches et des paroles fumeuses. C’est contraire à l’esprit de mousse qui gouverne notre République.