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Le souffle du Pacte Civique

Publié le 16 mai 2011 par Valabregue

(8 commentaires)

La sortie du jeu politique de Strauss Khan ne fait pas mes affaires : j’avais parié très cher que cela serait Hollande qui serait le candidat du PS et ce, depuis de longs mois,  et les gens vont me dire : c’est pas du jeu et vont refuser de payer… ! (ce qui ne veut pas dire que je soutiens Hollande que je trouve très peu digne dans cet histoire).

Coupable ou pas, (on souhaite vraiment qu'il n'ait pas commis l'irréparable) c’est déjà trop tard, les langues se sont déliées ( Le Monde du 17-05 fait état d'un livre paru en 2006 "Sexus Politicus"' avec un chapitre entier consacré à DSK. Livre passé sous silence par les médias. Une jeune socialiste, reculant devant la plainte pour ne pas alourdir le dossier, a décrit un comportement de DSK inadmissible sans que personne ne dise rien ). DSK, lui même, dans un interview prémonitoire à " Libération" exprimait son inquiétude sur le fait qu'on pouvait lui chercher des poux en ce qui concerne son rapport à l'argent, aux femmes et à sa judéité. 

Même si DSK sort acquitté de son procès, le fait d'être défendu par l'avocat des maffieux , le rendra à jamais suspect.

La presse anglo saxonne se gausse du laxisme de la France ( nous ne leur répondrons pas qu'ils sont très laxistes vis à vis de leurs criminels de guerre !)

DSK comme Mitterrand et d'autre leaders de droite aussi, bien entendu, (mais là n'est pas question) incarne un personnage compétent et avec des penchants phallocrates. Leurs entourages respectifs considéraient  leur côté séducteur comme un attribut de leur pouvoir. Et c'est bien là que le bât blesse. Il y a des gens à gauche, dont je fais partie, qui n'ont jamais accepté cette forme de complaisance. Ce qui ne veut pas dire que c'est simple, que DSK pouvait l'entendre, mais on aurait aimé que ce fut l'objet d'un débat. Pour sortir justement de l'image idéalisée de l'homme et asseoir une autre crédibilité (DSK premier ministre, moins de problèmes, c'est un  fusible, il peut sauter). Strauss Khan, encouragé à se présenter à la présidentielle (fut-ce par le jeu d'une primaire),  cela ne va pas, surtout après tout ce qu'on a entendu sur Sarkosy. Quand à Mélanchon, quand on relira la nature de ses arguments contre DSK, ce n'est pas sûr qu'il arrive à se regarder dans une glace. Car on est à un niveau  plus bas que la ceinture. Je préfère Jospin qui dit : "le politique ne peut pas tout", même si cela pousse Rama Yade à rejoindre la droite, que l'encouragement à la toute puissance qui conduit notre planète à sa ruine.

Quand on voit que la femme de DSK s'est "glorifiée" du côté séducteur de son mari, je n'aimerais pas être à sa place ni à celle de ses enfants  (même si maintenant nous devons être de son côté, vu le caractère tragique de la situation).

Tout cela fait le jeu de l'extrême droite,  et c'est là aussi que c'est douloureux, indépendamment de la fin de la séquence. 

Reste l'hypothèse d'un "beau suicide" politique entretenu par certains, même dans la joie. Il n'est pas franchement élégant. On est plus proche du tragique.

Sans aucun  doute, DSK menotté devant une justice américaine intraitable, montré aux caméras du monde entier, objet de toutes les supputations, est bien aussi un symptôme d'un Monde qui ne nous plait pas (sans parler des règlements de compte sur l'échappée de Polanski).

Il a été quand même mal conseillé, car n’importe quel astrologue  aurait pu lui dire que la conjonction astrale devait l’inciter à la plus grande prudence, surtout après l’affaire de la Porsche !

Cette sortie de route ne fait pas non plus les affaires de tous ceux qui pariaient sur lui, comme Cohn-Bendit.

Elle ne fait pas les affaires de tous ceux qui, à gauche, continuent à soutenir implicitement le coup d’Etat de 1958, qui a institué une monarchie républicaine. Et c'est tant mieux !

Elle ne fait sans doute pas  l’affaire de Sarkosy qui pouvait  considérer DSK comme un complice.

La fin de DSK c'est aussi, je l'espère, la fin de la cinquième république. Dans le sens où toute l'énergie est mise pour trouver un homme providentiel.

Elle pourrait donner  un formidable ballon d’oxygène à tous ceux qui  souhaitent un vrai débat politique dans un monde dans un état tel, que le Figaro titrait le même jour  « trois mois pour que les USA soient en faillite ».

Un ballon d'oxygène sur le choix de nos leaders, sur les formes de pouvoir etc..
Le débat politique va être relancé.

Et le débat, il est bien sûr, d’abord et avant tout, sur comment faire  éclore  partout des possibles plus respectueux de notre écosystème et comment réduire l’influence des barons du dualisme.
Et  avant d’aller plus loin, une petite citation, une fois n’est pas coutume, pour donner envie de lire un livre important :

« planter un concept comme un piquet- selon le mot de Goëthe- pour délimiter une richesse vivante, c’est ne pas  sentir que la vie est faite d’une multiplicité de relations qui ont des effets divers selon la direction prise. Il est évidemment plus commode de se faire une notion schématique que de concevoir la vie dans sa plénitude … Les concepts humains deviennent justement des abstractions parce qu’on croit pouvoir identifier leurs rapports dans l’esprit à ceux des choses entre elles… L’objet est un, les images multiples… »

nous rappelle Rudolph Steiner dans sa postface de « Goethe et sa conception du monde ».

Steiner l’homme qui avait anticipé la « vache folle »

Et appel à tous les puissants pour aller voir le travail de fourmi fait par les gens du Pacte Civique

Pacte proposé à tous ceux qui s’engagent à

-   adopter un certain nombre de comportements personnels porteurs de sens,

-   promouvoir la démocratie dans leurs lieux de vie et d’activités professionnelle,familiale, sociale, politique, culturelle, associative, spirituelle,

-   exiger des orientations qui mettent la politique et l’économie au service de la personne qui nous engagent à l’ouverture sur la diversité en France, sur l’Europe et sur le monde.

 Un souffle nouveau va peut- être faire grandir plus d' êtres  évolués, plus équilibrés, moins dans la toute puissance  et  plus aptes à fixer les grandes lignes pour sauver le soldat Terre.

Commentaire(s)

http://lipietz.net/?breve422

commentaire d' Alain Lipietz

Ravie que tu cites Goethe et Steiner. J'étudie actuellement "Goethe, le Galile du vivant" une bombe pour tous ceux qui fondent leur propre pensée en elle même dans le respect des points de vue et pour tous les autres. Aussi décoiffant que les news!

Jessie

trés intéressant. Merci Antoine.

OK Antoine, je suis aussi avec cette phrase : ON AURAIT AIMÉ QUE CE FUT L'OBJET DE DEBAT, bon sang c'est terrible d'avoir préféré couvrir ces comportements "pulsionnels,irrepressibles de DSK (quand ses potes de gauche lui disaient "et tu vas pouvoir t'arreter (si président) il rigolait, "oui, 2 ou 3 ans!" cf article monde Raphaelle Bacqué.

Mais pas sur que ca fasse le jeu de l'extreme droite parait il.

Ca me semble participer aux differents avertissements mondiaux sur les limites de nos demesures (et bien sur les forces de conservation s'excitent, mais le combat est largement engagé)

"suicide politique" , oui cela me parait tres juste (me permet de restaurer une représentation pas trop dégoutante de cette personne). Cela ne me met ni en joie, ni sur mode tragique, il reste beaucoup de postures entre les 2! Et comme je disais , un espoir certain face aux gros tremblements dans les consciences, avec ces coups d'arret qui courrent de toutes parts sur la planete, une certaine crainte certes, face aux mouvements de peur , durcissements et montée des défenses.... Mais la poussée de la Vie dans la communauté humaine me vibre aux oreilles et je ne sombrerai point au chant des sirenes déprimées.

Bises cher Antoine, et à bientot . Bonne entrée en retraite- merci pour l'invitation, je ne susis ps libre , mais nous aurons d'autres rencontres festives. rebises, bon vent. Francoise Navard

Merci Jean Pierre Klein, Philippe Meirieu, Bernard Maris, Odile Guillaud et beaucoup d'autres d'avoir tmoign de leur intrt pour cette chronique partir d'un fait qui symboliquement est aussi important que l'affaire Bettancourt.

Je suis globalement d’accord avec toi. Toutefois je me demande dans quelle mesure à la longue, un avis ne s’ajoute t il pas aux autres avis, dans une glose qui finit par inonder les strates du sens. Nous rentrons dans une société hyper moraliste, un peu comme si la morale c’est tout ce qui pouvait rester au citoyen, la faculté de s’indigner. Clinton se faisait tailler des pipes sous le bureau ovale, Mao était un gros porc sexuel entouré de prostituées, Giscard était un tricar, le pouvoir est aphrodisiaque, ne pas confondre pulsion et désir est la condition de santée du Phallus. Toute cette histoire me gave, bien sûr j’espère comme toi que c’est la fin de la 5° et que nous allons nous organiser de façon citoyenne ( je n’aime pas ces mots mais hélas ils nous sont imposés par le corpus médiatique ).

Les années à venir vont voir la pauvreté s’étendre comme des nappes d’essences dans un atelier de soudure. La guerre civile n’est pas très loin dans nos pays. Nous sommes aux portes de changements profond de civilisations, entre des générations différentes fortement séparées et opposées par le bouleversement de l’écriture, qui va vite, et qui est protéiforme. Je peux préciser ma pensée par ailleurs encore me faudrait il la place dans ce site. Et ce n’est pas ici mon propos.

Je ne veux plus choisir de leader, je souhaite que des agoras se multiplient dans les rues. Que des dissidences naissent, partout, même dans des sites comme icelui, que l’on cesse de vouloir organiser, réformer, et que l’on fasse confiance, et cela relève de la foi dans le hors champs, le hors cadre,. Que l’on soit dans l’art, enfin. Quitter la marchandise, et se poser la question de l’échange, la question de l’homme. Bref que l’on revienne aux questions ontologiques, géométriques, artistiques. Il faut cesser ce bruit, ces opinions toutes les même où nous noyons le peu d’identité que le langage nous concède.

Pacte civique ???

Acte civique.

Ce n’est pas le sujet qui énonce, c’est le langage qui parle en nos corps.

Benjamin Sisqueille.

Comment descendre un personnage qui s'approche trop du soleil ?

Envoyer une femme de ménage dans sa chambre d'hôtel,

Prendre soin qu'il est tout seul,

exister le locataire que l'on sait porter sur les femmes,

L'agresser et le griffer pour mieux l'accuser,

Se sauver pour dénoncer le "violeur" à la police.

Joli scénario.

Mais qui est le metteur en scène ?

Serge Hefez est psychiatre et psychanalyste. Il est responsable de l’unité de thérapie familiale dans le service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à la Salpêtrière (Paris). Il a analysé la prestation de Dominique Strauss-Kahn, hier.

Quelle impression vous a fait DSK ? Pensez-vous que c’est un homme déprimé qui est apparu à l’écran ?

Non, pas déprimé. Je l’ai trouvé plutôt en colère, et la colère c’est un signe de combativité. Ça veut dire que l’homme a encore de la ressource et qu’il mobilise son énergie à sa réhabilitation.

Dominique Strauss-Kahn a dit qu’il avait commis une faute, vis-à-vis de sa femme, de ses enfants, des Français. Qu’avez-vous pensé de cet exercice de contrition ?

C’est à ce moment-là que je l’ai trouvé le moins convaincant. Car DSK a commencé par nous dire qu’il n’y a eu «ni violence, ni contrainte, ni agression, ni relation tarifée.» Puis il dit : j’ai commis une faute, pardonnez-moi. Mais s’il n’y a eu aucune contrainte, où est la faute ? Personne ne croit à son exercice de contrition. Chacun sait que DSK est un séducteur, qu’il aime les femmes, qu’il a une vie sexuelle intense, qu’il a des relations extra conjugales et que son épouse est au courant. Tromper sa femme dans ce couple, ce n’est pas une faute.

De quelle faute parle-t-il alors ?

La faute dont il parle c’est par rapport à une certaine bienséance. Cela ne lui correspond pas. DSK aurait pu être plus moderne et assumer sa personnalité de séducteur. Cela aurait été beaucoup plus crédible. Les Français ne sont pas des Américains. Ils sont tout à fait capables de tolérer quelqu’un qui a une vie sexuelle intense tant qu’il n’y a pas d’abus de pouvoir et de violence.

Qu’avez-vous pensé de sa réponse sur l’acte manqué : il aurait trébuché car il ne voulait pas vraiment se présenter à la présidentielle ?

Quand Claire Chazal lui pose la question, il répond «je ne crois pas à cette thèse». C’est un langage abstrait, théorique. Il se met à distance de ce qui pourrait être une interpellation de motivations plus profondes chez lui. Cela apparaît comme une esquive. Il refuse à ce moment-là de dire quelque chose de plus juste, de plus sincère sur lui-même. Il est coincé, car ce ne sont pas des choses que l’on dit devant des millions de téléspectateurs. Il sait qu’il aurait dû être plus prudent. Dans toute prise de risque, on frôle l’acte manqué puisqu’on remet son destin en jeu.

Au moment où il dit «je ne crois pas à cette thèse», il a eu une mimique. Comme un sourire entendu. Comme si ça lui évoquait quelque chose. Il n’a pas pu ne pas penser à cette question de l’acte manqué. Il a quand même dû s’interroger à un moment ou à un autre sur sa part de responsabilité lorsque son destin a basculé en quelques secondes.


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