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Show must go on avec ou sans DSK

Publié le 16 mai 2011 par Hmoreigne

Et pourtant, elle tourne. La mise hors jeu de DSK constitue un coup de tonnerre mais pas la fin du monde. La société française doit s’interroger sur une hypocrisie partagée, une dissonance cognitive partagée à l’égard des travers du patron du FMI et l’étonnante mansuétude dont il a bénéficié depuis des années. De son côté le PS doit changer son fusil d’épaule et arrêter de croire au messie pour désigner celui ou celle qui sera le plus à même d’enfiler les habits de messager du peuple de gauche.

DSK devrait connaître rapidement à ses dépens la mise en oeuvre de la détestable règle des 3 L. On lèche on lâche, on lynche. Tous ceux qui voyaient dans le directeur général du FMI le futur président de la république en seront pour leurs frais.

La situation actuelle confirme la fragilité de la candidature DSK dans une course aux présidentielles toujours propice aux révélations et aux coups bas. La fin d’une illusion donc et un atterrissage rude pour le PS.

La ligne à adopter est extrêmement tenue. Elle demande de se tenir entre deux récifs. Ceux qui condamnent avant de savoir et ceux qui crient au complot sans en savoir plus.

La situation judiciaire de DSK interpelle profondément la société française et ses complaisances. Il est absurde d’accuser la police de New York de faire son travail en s’abstenant de la qualité du prévenu. En France tout aurait été plus simple, quelques coups de fils et l’affaire eut été classée. Laissons la justice américaine aller à son terme sans lui faire de procès d’intention.

Outre un sentiment d’immense gâchis la situation actuelle de DSK provoque un profond malaise. Le témoignage d’Anne Mansouret qui accuse DSK de tentative de viol sur sa fille est étrangement absent des grands titres de presse. Tout autant que l’histoire de Tristane Banon, jeune journaliste et romancière qui avait raconté en 2007 s’être faite agresser par Dominique Strauss-Kahn 5 ans plus tôt.

Si DSK devait être reconnu coupable par la justice américaine nous partagerons tous la responsabilité d’avoir tourné la tête, d’avoir pratiqué une politique de l’autruche au motif que parce qu’il est un bon politique DSK ne doit pas être embêté par ses problèmes comportementaux.

On n’en est pas  là mais, il faudra le cas échéant tirer toutes les conclusions de cette affaire. Nicolas Sarkozy lui-même devra alors expliquer pourquoi il a propulsé un homme dont il connaissait, comme ancien ministre de l’Intérieur, la fragilité et les antécédents à la tête d’une institution internationale au risque de ternir l’image de la France.

Solferino n’échappera pas à un devoir d’introspection. En commençant par se souvenir du propos de Pierre Mendès France quand cette figure titulaire et morale de la gauche rappelait que, “choisir un homme, fût-il le meilleur, au lieu de choisir une politique, c’est abdiquer“. La force des institutions c’est justement de survivre aux hommes.

A ce titre, la campagne de 2012 ne doit pas se dérouler pour les socialistes sous la forme un devant et tous derrière mais plutôt d’une vague dont le candidat officiel est le porte-voix. Un homme ou une femme capable de s’entourer des meilleurs, de s’appuyer sur des experts de haut rang, des mécanos du savoir, capables de ciseler les mécanismes qui donnent corps aux idées.

Rien ne serait plus absurde  que les socialistes dans un réflexe grégaire se rangent comme un seul homme au garde à vous derrière leur première secrétaire. Comme si au titre du pacte DSK-Aubry il n’y avait de solution qu’entre ces deux là. Le vin des primaires est tiré, il faut le boire, avec ou sans DSK.

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