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Et si le temps s'est rafraîchi...

Par Albanlao
Et si le temps s'est rafraîchi...
Le mégot mal écrasé dégage une odeur de cramé. Dans le cendrier, véritable cimetière de cigarettes trop vite consumées, il agonise. Entre la vie et la mort, il s'acharne, s'entête, lutte et prie de toute ses forces.Je l'achève. L'odeur devenait insupportable.
15h00. Nous ne sommes pas partis. J'ai passé la journée à chanter. Je n'ai plus de voix.Pascal est dans le bureau, devant son pc. Je ne sais ce qu'il fait; Il se fait discret.Le silence a pris le relais : il chante à son tour. Sa musique est plus apaisante.C'est rare d'entendre le silence chanter un lundi après-midi.
Nous avons décidé de prendre notre temps. La route sera pour demain. Arrêter de courir, sans cesse, comme si nous avions trop à faire...
Sur mon balcon, le jasmin est en fleurs. Leur odeur est nettement plus agréable que celle d'un mégot qui crame. 
Voilà comment je nommerais notre après-midi : la ballade du silence aux jasmins blancs...
La poule au chocolat m'observe. Son regard ressemble à celui de la Joconde.La poule au chocolat est un cadeau de la maman de Pascal. Nous ne l'avons pas mangée. C'est trop affreux de tuer une poule au chocolat qui a le regard de Mona Lisa et qui m'observe quand j'essaie d'écrire.Parfois, la poule au chocolat me fait peur. Son regard peut devenir inquisiteur, du genre " dis-moi ce que tu mijotes derrière ton macbook ! "Alors je fais comme si elle n'était pas là et je lâche, comme si de rien n'était, un innocent " j'ai envie de chocolat ! "
Je ne vais jamais dans le bureau. Il y a trop de Godzillas. Pascal les collectionne. Ils sont le long des murs, sur les étagères, sur la télévision, sur les enceintes, avec leurs dents fines et pointues. Leurs yeux sont rouges et certains peuvent cracher la fumée tout en hurlant.Alors le bureau, je le laisse à Pascal.Je préfère être dans le salon, parterre, sur le tapis blanc cassé aux longs poils soyeux, avec à mes côtés, Bouddha et la poule au chocolat.Il y a aussi le mignon petit cendrier en pâte à sel, soigneusement peint à la main, que Nathan m'a offert l'année dernière et qui ressemble, vu d'en-haut, à une tête de bonhomme qui tire la tronche...Je ne m'en suis jamais servi, d'une part, parce que j'aurais trop peur de l'abîmer, et d'autre part, parce qu'un bonhomme qui tire la tronche et qui fume, ça me rappellerait trop Pascal...Je rigole, évidemment.
La route vers la campagne sera donc pour demain.Et si le temps s'est rafraîchi, le ciel, lumineux, appelle toujours au farniente. Une autre cigarette s'apprête à rejoindre ses aînées défuntes, la ballade du silence aux jasmins blancs résonne comme un éloge de la paresse et pour je ne sais quelle curieuse raison, j'ai soudainement très envie de chocolat !

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