l'homme debout : et si les arrivées ne se faisaient pas aussi précises ?
la femme lasse : et si les coeurs s'amoncelaient ?
l'homme debout : les chants d'adieu résonnent et la parole se fige
la femme lasse : ouvrons les yeux du monde sans espoir
l'homme debout : guerre et soleil fondent, pierres vétustes dans la nuit renouvelée
la femme lasse : encore un peu de miel sur l'âme des poètes
l'homme debout : viens auprès des dunes tombées, viens poser le sceau des verbes abîmés
la femme lasse : quelle lassitude dans les couleurs des villes, quelle lenteur dans l'émerveillement des enfants
l'homme debout : les cimes nous regardent
la femme lasse : un siècle encore à tenir
l'homme debout : c'est la grâce du monde qui ploie
la femme lasse : où verses-tu la pente des collines ?
l'homme debout : à l'ombre, à l'ombre des grands animaux
la femme lasse : perdre et tenir, sans la croyance des vivants
l'homme debout : mon corps est tout entier au regard sans force
la femme lasse : et cette candeur me terrifie
l'homme debout : alors viens pêcher les termes de ton histoire
la femme lasse : pour clore les écoulements de la mémoire
l'homme debout : pour effleurer le sang des plaies invisibles, pour lancer loin l'appel ouvert des peuples migrateurs, pour vêtir de pourpre et d'ambre les espaces inviolés, pour gagner le plus profond, pour saisir à deux mains le sens de nos chemins, pour tenir... en vain... mais debout...
*
texte : Evelyne Flachat, née en 1958, docteur en psychologie, psychoformatrice en entreprise, écrivaine, auteur de plusieurs pièces de théâtre (Tranche 85, Rouge, etc.) publiées aux éditions d'ETGSO (écritures théâtrales du grand, sud-ouest), comédienne et metteuse en scène.
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