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« Taxez-vous les uns les autres »

Publié le 20 mai 2011 par Lecriducontribuable
Monseigneur Gaillot, saint patron du fiscalisme

C’est empli de charité (chrétienne) bien ordonnée que Pèlerin Magazine nous a proposé lors de son édition du 12 mai 2011 de réfléchir à « 5 pistes pour une fiscalité plus juste ».

Si vous préférez ne pas vous réjouir trop vite, vous avez raison. L’hebdomadaire commence fort son « enquête » avec une courageuse et iconoclaste attaque contre les exonérations à l’impôt sur le revenu (qui ne représente, rappelons-le, que 6,4% de l’ensemble des prélèvements obligatoires). Décidément, il y a ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas : il est plus facile de qualifier d’ « injuste » le système fiscal français à travers ses « niches» que de remettre en cause une taxe comme la TVA, « indolore » mais… première ressource financière de l’État. On sent déjà à ce stade de l’article poindre le haut exercice intellectuel et la grosse remise en question de l’organisation actuelle.

Le Pèlerin donne le ton dès son introduction : pour sauver les comptes de l’État, la solution réside davantage dans une taxation toujours plus forte que dans la réforme profonde d’un système qui prouve de plus en plus son inefficacité la plus totale. Les mauvaises langues seraient tentées de dire que l’Église cherche à se racheter une bonne conscience auprès des médias qui en font leur bête noire depuis des décennies. Quoi de mieux que de défendre le système pour se faire accepter par celui-ci? Et dans le cas présent, les adeptes de Jésus ne sont pas loin de rattraper Mélenchon.

Nos paroissiens de la dédiabolisation du clocher expliquent dès leur premier paragraphe que la clef réside dans le fait de « faire payer les riches ». On nous ressert alors une bonne cuiller à soupe de poncifs sur les « avantages » fiscaux dont jouiraient les ménages « aisés », « riches », « opulents », « nantis », sans dire à partir de quel niveau de revenu ils le seraient, ni quantifier ces « avantages » censés faire oublier la pression fiscale qui pèse sur eux. Aucune donnée concrète, aucune statistique, saint Thomas, qui ne croit que ce qu’il voit, aurait plutôt été tenté pour le coup de défendre la thèse opposée à celle-ci à partir d’exemples très concrets comme « l’affaire Bettencourt » qui, en 2010, n’a laissé aucun doute quant à la supposée connivence entre le fisc et les grosses fortunes, toujours sommées de laisser plus d’argent à un État sans cesse en quête de ressources.

La parution chrétienne fait ensuite très fort en expliquant qu’« alourdir la fiscalité sur les plus riches répond à une demande de justice sociale. Et [ne] pèserait que sur un petit nombre de foyers ». Ainsi, la publication des chrétiens de France nous affirme que la multitude peut s’acharner sur la minorité pour parvenir à ses fins en toute impunité. On se demande si ces journalistes, plus soucieux de la perception qu’ont d’eux les milieux de gauche que de leur foi, ont un jour compris que le principe fondateur du christianisme repose précisément sur l’individu, seul et libre, contre la foule hostile, sauvage et cruelle. La religion qui est censée être la leur part du sacrifice par la population d’une personne qui, en opposition totale avec elle, était dans le Vrai. Difficile, quand on se pose comme héritier spirituel de Monsieur Nazareth de venir justifier une taxation encore plus accrue des plus prélevés par le fisc au nom d’un Etat que Jésus lui-même ne portait pas dans son cœur, que Dieu sait empli de Bonté. Le vrai royaume n’est-il pas aux Cieux? Pilate, le fonctionnaire, a-t-il impressionné Jésus? A moins de s’être formé au christianisme avec des manuels de l’Éducation nationale, on peut jurer que non.

A quoi jouent franchement l’Église et l’un de ses plus célèbres journaux pour nous sortir des lieux communs marxistes qui feraient rougir Besancenot derrière les oreilles? Jésus ne préfère-t-il pas le bronze de l’humble à l’or du riche? Je vois mes détracteurs venir de très loin, ils sont souvent très prévisibles. Il paraît qu’il est plus difficile pour un riche d’entrer au paradis qu’un chameau dans le trou d’une aiguille, oui, on sait. C’est en effet ce que la Bible dit des riches qui ne font pas profiter les autres de certains des avantages qu’ils ont par rapport à eux, mais il n’est jamais spécifié qu’une armée d’agents du « service » « public » devrait les dépouiller de leurs possessions jusqu’à ce qu’ils se fassent plus petits que le chas en question.

Ensuite, la différence entre le christianisme et l’étatisme, c’est bien le choix. Dans le premier cas, les individus sont responsables de leurs décisions et de leurs actes, aucune bureaucratie ni aucune administration ne pouvant dicter leurs pensées et leurs attitudes. Le Seul à qui rendre des comptes se trouve en-haut. Ce n’est pas un détail à négliger : c’est la racine même de la religion qu’est censé représenter le Pèlerin. Apparemment, ils tiennent plus des dolciniens que des chrétiens, ce qui est problématique, puisque c’est l’Eglise elle-même qui a désigné comme hérétiques ces religieux qui, au début du XIVe siècle, volaient et tuaient ceux qu’ils désignaient comme riches. Néanmoins, vue l’incapacité du clergé français à comprendre sa propre foi, on peut se demander si un concile ne serait pas nécessaire pour désigner l’Église de France comme hérétique.

Et ce ne sont pas les références aux syndicats Snui-Sud et CFE-CGC que l’on trouve dans le dossier passé au crible aujourd’hui qui permettront aux églises de faire revenir les fidèles qui les ont fuies.

Marion Messina

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