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Affaire DSK : Faillite médiatique, pain bénit pour le FN

Publié le 21 mai 2011 par Vogelsong @Vogelsong

“Ils (les dirigeants du PS) pensent à l’homme, je pense à la femme” (auditeur consterné) M. Le Pen, le 15 mai 2011, un jour après l’arrestation de DSK, sur France Inter…

La déflagration Strauss-Kahnienne, selon un responsable de la chaîne d’information I-Télé produit des “images plus concernantes (sic) que le drame japonais”. L’audimat explose. La même frénésie informative s’observe pour la presse papier et internet. Or la défiance envers la profession journalistique n’a jamais été aussi forte (à différents degrés selon le support). Étrange et dangereux paradoxe. Une forte audience rivée sur les médias en pleine capilotade offre une fenêtre de tir inouïe à l’opportunisme frontiste.

Affaire DSK : Faillite médiatique, pain bénit pour le FNLe traitement de l’affaire Strauss-Kahn surprend aussi par l’accélération du processus : lèche, lâche, lynche. Preuve que les médias accélèrent, le passage direct de la lèche au lynche aura pris deux jours. Du déni de la réalité au déballage de ce que “tout le monde savait” ou semblait savoir. Shuntant l’éprouvante phase de lâchage, donc de remise en question douloureuse du microcosme. Cela pourrait sembler anodin, puisque que circonscrit aux turpitudes microsphériques du “monde”, sauf que pendant ce temps la campagne électorale, dans sa version spectacle de politique marketisée bat son plein. Et les opportunistes rodent.

Une séquence ténue où tous auront failli sauf le Front National de M. Le Pen. Le Parti socialiste en dessous de tout, laissant comme à chaque moment de tension apparaître ses fractures, s’égare soit dans des déclarations lénifiantes sur “l’homme”, “la présomption d’innocence”, soit dans un délire profond comme J. Lang qui déclare “qu’il n’y a pas mort d’homme”, ou H. Désir qui demande à N. Sarkozy d’intervenir auprès de B. Obama en faveur de D. Strauss-Kahn. Une déroute où seule S. Royal semble garder une forme de tenue. De façon globale, le premier jour, la médiasphère a pensé comme le PS. Dans le déni symptomatique d’une caste dirigeante. Comme une “preuve” des accointances journalistico-politiques.

Pain béni pour M. Le Pen qui dimanche 15, soit un jour après l’arrestation, commençait (bien en avance) sa phase de lynchage, mêlant les journalistes et le petit milieu parisien. Tout ceci n’aurait pas eu d’importance si elle se fourvoyait. Si deux jours plus tard tous, à l’exception du birbe J. F. Kahn ou de l’histrion B. H. Levy restés encrottés dans le déni, ralliaient le camp du lynchage. Celui de M. Le Pen.

Le dimanche 15, lors de l’émission Dimanche Soir Politique sur France Inter, la leader frontiste déclarera : “Les faits qui lui sont reprochés ont d’autant plus d’écho que M. D. Strauss-Kahn a, il faut le dire, dans les milieux politique et journalistique, la réputation d’avoir de manière récurrente développé des comportements déplacés à l’égard de la gent féminine […]. Les diners en ville, les discussions entre journalistes bruissent de ce que certains appellent une fragilité, d’autres une pathologie, de ces comportements récurrents et déplacés”. H. Jouan directrice de l’information sur France Inter rétorquera : “Il n’est pas question d’apporter un témoignage personnel, on peut dire que DSK est un séducteur […], il s’agit là de quelque chose de différent […] Pardon de dire à Madame Le Pen que dans les diners en ville, je n’ai jamais entendu parler de ça”.

H. Jouan occupe le poste de directrice de l’information de la plus grande radio publique. Compte tenu des révélations qui suivront le lendemain et surlendemain, sur T. Banon ou A. Filippetti, soit la journaliste est incompétente, soit elle n’est pas invitée aux diners qui comptent, soit elle mystifie.

Pourtant, le petit milieu journalistique friand de toutes les bassesses se délecte de ces aventures. Cela fait même partie de la panoplie du parfait “insider”, de celui qui sait, qui connaît les secrets d’alcôves, le distinguant du menu fretin de la profession. Menu fretin dont ne devrait pas faire partie la directrice de l’information d’une grande chaîne.

En donnant encore l’impression que le Front National révèle les connivences, la médiasphère nourrit le “tous pourris” qu’elle abhorre tant. Qu’elle se plait à dénigrer dans la bouche de J. L. Mélenchon par exemple. Elle prête le flanc à toutes les supputations sur les liens et les intérêts entre les puissants et les “dealers de bobards”. Posture parfaite pour le Front National qui glisse sur du velours, dans le rôle du clarificateur.

Pour démonter la mécanique démagogique et “populiste”, encore faut-il un minimum de probité et ne pas se rallier à ces mêmes populistes et démagogues avec quelques jours de retard. Simple question de crédibilité.

Vogelsong – 20 mai 2011 – Paris


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