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Témoignage: PAXIL : le sevrage

Publié le 21 mai 2011 par Suzanneb

Rester en vie ! 

En santé comme en d'autres domaines:
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Aujourd’hui je vous propose de lire le témoignage touchant de Laurence, une femme de Montréal qui a tenté un sevrage du médicament Paxil, sans succès. Jugez par vous-même:

Paxil
Je sais que je ne suis pas seule à vivre d’abominables symptômes de sevrage par contre, ici à Montréal, je me sens dans un état d’isolement total.

Il y a près de 20 ans, à ma demande, un médecin m’a prescrit Prozac, puis plus tard Paxil (20mg) en remplacement, pour traiter de petites attaques de panique et de claustrophobie. Je tiens à préciser que les paniques que je vivais étaient de courte durée mais me rendaient très vulnérable. J’avais tenté d’autres approches (relaxation, thérapie) mais sans succès.

Paxil m’a très rapidement sortie de ces problèmes invalidants et j’ai vécu 20 merveilleuses années dans un état d’équilibre psychologique qui dépasse certainement la moyenne. Cependant…

L’été dernier, j’ai pensé qu’il était plus que temps que je procède au sevrage de ce médicament qui m’était prescrit machinalement depuis des années. C’est à ce moment que les problèmes ont surgi. Je n’avais alors plus de médecin de famille. Étant au courant des difficultés qu’éprouvent certains individus lors du sevrage de cet antidépresseur j’ai donc décidé de diminuer mes doses très, très progressivement. Au début, mis à part les étourdissements intenses, je pouvais très bien survivre. Mais quatre mois plus tard, je me retrouvais à l’urgence pour une première fois: nausées, insomnie, rêves terrifiants, tremblements, sensation de froid intense, étourdissements, douleurs violentes dans la poitrine, palpitations cardiaques, crises de larmes et j’en passe.

Le médecin rencontré à l’urgence était très compatissant, par contre il n’avait aucune idée d’un protocole d’aide concernant ce problème. C’est alors qu’il a décidé d’ajouter à mon Paxil deux autres antidépresseurs (Prozac et Mirtazapine) ainsi qu’un somnifère. Il m’a de plus fait un calendrier de diminution des doses. Je n’ai pris Mirtazapine que pendant trois semaines puisqu’il m’apportait des effets secondaires au niveau cardiaque.

J’ai suivi le protocole sans toutefois pouvoir diminuer Paxil aussi vite que souhaité étant toujours aussi malade lors de la descente de 1mg. Lorsque j’ai terminé l’ordonnance de Prozac, ça a été la débandade totale : trois fois à l’urgence dans le même week-end. Je croyais réellement que j’allais mourir : attaques de panique pouvant durer pendant plus de cinq heures d’affilée, sensation de froid intense, engourdissements des mains, crampes abdominales.

L’urgentologue, après m’avoir fait passer un électrocardiogramme et des analyses sanguines m’a envoyé consulter le psychiatre de l’urgence. Alors que je croyais enfin pouvoir obtenir un soutien dans mon sevrage et des conseils judicieux pour arriver à survivre à cette étape infernale, le psy m’a conseillé de revenir à une dose de 15mg de Paxil (!) et de suivre une thérapie pour l’anxiété (!). Il m’a également offert un nouvel antidépresseur. J’ai tout de même quitté l’hôpital avec une bonne quantité de Clonazépam pour amoindrir les effets des attaques de panique quasi quotidiennes.

Entre-temps, j’avais trouvé un nouveau médecin de famille et je me sentais privilégiée. Mais déception totale. Ce médecin n’avait aucune connaissance sur le sevrage de Paxil et au bout de quatre mois il m’a manifesté son agacement parce que selon lui j’aurais dû en avoir fini depuis longtemps avec ce sevrage. Il ne semblait pas admettre  que je puisse vivre encore des effets secondaires et, toujours selon lui,  je souffrais simplement d’anxiété, je « m’écoutais trop » et il s’est adressé à moi avec une grande condescendance. Il m’a dit que, manifestement, j’avais besoin d’antidépresseurs et d’une thérapie. J’en suis ressortie très abattue et déprimée.

Jusqu’à ce jour, tout le support que j’ai pu trouver concernant le sevrage de Paxil m’est venu d’Internet, de deux sites en particulier : www.benzo.org… et www.paxilprogress.org…. Il y a également le site QuitPaxil.org… qui est très aidant. Mais Internet ne remplace pas l’aide et le suivi personnalisés d’un thérapeute compétent…

Il apparaît clairement que le sevrage de Paxil peut s’avérer très long et durer jusqu’à 4 ans chez certains individus.

De plus, tant que le sevrage n’est pas terminé les symptômes éprouvés ne peuvent pas être attribués à un retour du trouble initial. Manifestement, les médecins que j’ai rencontrés ne sont pas au courant et ont malheureusement une attitude plus nuisible qu’autre chose.

J’ai la grande chance d’avoir un conjoint aimant et compatissant qui ferait tout pour m’aider. Malgré le fait que j’aie l’impression d’être en mode survie à chaque jour et que je me sente plus morte que vivante, je continue de travailler à plein temps. De plus, je marche beaucoup et fais de la natation. Je vis des journées atroces, par contre à l’occasion d’autres sont meilleures. Je me dis que je vais probablement passer au-travers de cette très mauvaise expérience, par contre j’y aurai laissé bien des plumes… Je me sens aussi bien amère.

En cette semaine de la santé mentale, je vis une expérience qui me fait beaucoup réfléchir à l’isolement que vivent les gens en détresse. Mon problème personnel ne concerne heureusement que ce sevrage à Paxil, par contre depuis quelques mois je me suis beaucoup isolée du fait que je n’ai simplement pas la forme pour socialiser. De plus, je vis une situation que je ne peux pas partager avec mes collègues de travail et il n’y a que deux amies très proches qui sont au courant de ce que je vis actuellement.

La détresse qu’engendre le sevrage à cette catégorie d’antidépresseurs est tellement grande qu’elle peut facilement paraître exagérée aux yeux de ceux qui ne l’ont pas vécue.

Je sais qu’aux Etats-Unis il existe des groupes d’entraide. J’ai fait beaucoup de recherches pour trouver des ressources à Montréal et jusqu’à ce jour je n’ai rien trouvé. Je trouve vraiment désolant de ne pouvoir bénéficier d’aucun suivi approprié. Et de me retrouver aussi isolée…

Trop de souffrance pour une seule personne

Ne voulant pas risquer d’y laisser totalement ma santé et aussi de compromettre ma vie de couple, j’ai décidé de reprendre Paxil. Ce n’était pas une décision facile. J’ai, auparavant, tenté quelques autres démarches dont un appel téléphonique dans un hôpital de Montréal spécialisé en psychiatrie. J’ai énoncé mon problème et demandé si je pouvais me rendre à l’urgence pour obtenir de l’aide. La réponse a été « non ». On ne s’occupe pas des sevrages problématiques à la Paroxétine à cet endroit…

Où diable, faut-il aller ???

Voilà ! J’ai amorcé la remontée de Paxil la mort dans l’âme. Cela ne se fait pas sans effets secondaires et je ne reçois toujours aucune aide adéquate.

Pour terminer, cela me ramène à un constat que j’avais fait en 1982 : le débordement des urgences et la difficulté de trouver un médecin de famille. Hélas, rien n’a changé !


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