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Sortir du mensonge, sortir du nucléaire.

Publié le 22 mai 2011 par Jeunegarde

Alors qu’Angela Merkel vient d’annoncer qu’elle était favorable à la sortie du nucléaire en Allemagne d’ici 2022 et que la question revient régulièrement dans les commentaires des billets, nous offrons une tribune à Didier Tescher, responsable d’Europe-écologie-Les Verts en Haute-Vienne.

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La sortie du nucléaire risque d’être un point d’achoppement avec nos partenaires de gauche dans la préparation d’un programme en vue des échéances électorales de 2012. Ce sera en tout cas un élément incontournable du projet que nous voulons porter à une élection nationale.

La production d’électricité en 2010 provenait pour 74% du nucléaire (439 Twh), 11% de l’hydraulique  (63 Twh), 10,8% du thermique (charbon, fioul, gaz…) (62 Twh).La production d’origine nucléaire est assurée par 58 réacteurs dont 21 ont déjà atteint la limite d’âge de 30 ans en 2011. La consommation d’électricité en France est d’environ 30% pour le tertiaire, 34% pour l’industrie, 33% pour le résidentiel et 3% pour le transports. La France se caractérise en Europe car elle est en tête de la consommation d’électricité par habitant.

L’industrie électro-nucléaire repose sur un certain nombres de mensonges que nous n’avons eu de cesse et ne cesserons de dénoncer :

L’énergie nucléaire n’est pas sûre. Dans le monde, on recense de nombreux accidents majeurs entre 1950 et 2011, 26 accidents dans des centrales (Tchernobyl,Three Mile Island, Fukshima,…), 40 dans d’autres usages (recherche, militaire, propulsion, …). Le risque existe et les conséquences sont irrémédiables et incontrolables (contamination de millions de personnes,…). La sureté nucléaire ne s’arrête pas aux frontières du pays. C’est avec les pays voisins que la question de sureté doit être traitée et débattue.

L’énergie nucléaire ne garantit pas l’indépendance énergétique de la France. L’uranium utilisé provient essentiellement du Niger, du Canada, du Chili. très peu de France.

L’énergie nucléaire a un impact sur la Terre. Un impact sur le climat en terme de G.E.S., certes moindre que le gaz ou le charbon, mais supérieur aux énergies renouvelables. Un impact sur l’air, l’eau, le sol, le sous sol : pollution radioactive liée à la propagation dans l’environnement de poussières radioactives, pendant l’exploitation minière, pendant le transport, … Un impact sur les habitants : pendant l’exploitation minière, le radium 226 ( période 1600 ans) se transforme en gaz radon 222 qui contamine la faune et la flore.Il génère des cancers du poumon, des maladies du sang, des troubles rénaux, et des problèmes de reproduction. Un impact sur les générations futures : l’industrie nucléaire génère des déchets radioactifs pendant toute la durée du cycle. En France l’exploitation des mines d’uranium a produit en 40 ans 50 millions de tonnes de déchets, l’exploitation des centrales 1150T/an de déchets hautement radioactifs. Le démantèlement des centrales en engendrera 15 millions de tonnes. Les déchets hautement radioactifs ( période radioactive supérieure à 1000 ans) qui sortent des centrales sont stockés provisoirement en attente d’une solution « définitive ».Ces déchets devront faire l’objet d’une surveillance continue pendant des milliers d’années. Aujourd’hui, il n’y a aucune garantie ni expérience sur le devenir de ces déchets ni aucune recherche sur la transmission d’informations sur des durées si longues.

L’énergie nucléaire n’est pas une énergie durable. La production mondiale d’uranium est de l’ordre de 50 000T/an alors que la consommation en 2010 (440 réacteurs ) est de l’ordre de 70.000 tonnes.Le déficit est comblé par les sources secondaires constituées par l’uranium accumulé dans les armes nucléaires produites pendant la guerre froide. Les  réserves d’uranium sont évaluées à 4 millions de Tonnes.

L’énergie nucléaire n’est pas bon marché. Le cout du kwh est sous évalué, il ne tient pas compte du coût de la recherche publique, ou du démantèlement des centrales estimé à 65 milliards d’euros en 2004 par la Cour des Comptes pour 58 réacteurs. La Grande Bretagne a évalué le démantèlement de son parc (35 réacteurs) à 103 milliards d’euros. Il ne tient pas compte non plus du coût de la gestion des déchets radioactifs. Le stockage géologique a été réévalué de 15 milliards d’euros en 1996 à 58 milliards en 2003. Et on omet le coût d’un éventuel accident.

L’industrie nucléaire ne respecte pas les droits de l’homme. En France, la plus grande opacité règne de manière institutionnalisée. À l’étranger, les exploitants des mines d’uranium ne respectent pas les droits des populations locales : Inuits au Canada, Navajos aux USA, Aborigènes en Australie, Touaregs au Niger, Tibétains en Chine.

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Partant de ce constat, la sortie du nucléaire repose sur plusieurs volets qui s’ajustent pour arriver à l’horizon 2030 à la fermeture de l’ensemble du parc nucléaire français.

Une politique volontariste d’économies d’énergie et d’efficacité énergétique doit être engagée. D’ici à 2020 c’est 100 Twh qui peuvent être économisés dans les secteurs résidentiel et tertiaire grâce à : l’arrêt du chauffage électrique pour les bâtiments neufs, l’isolation performante pour diminuer et éliminer progressivement le chauffage électrique et annuler les besoins de climatisation, l’imposition de standards de consommation énergétique aux appareils de bureautique, l’amélioration de la performance des équipements électriques et la baisse des consommations inutiles (éclairage urbain, panneaux publicitaires sur la voir publique déroulants ou sur écrans de télévision , …)

L’industrie est un gisement de 60 Twh estimé, grâce à la substitution progressive, sur 25 ans, de procédés et de machines plus économes.

Les énergies renouvelables, avec une production de 150 Twh  d’ici 2020, objectif en phase avec les projections du Grenelle de l’environnement, permettent aussi de compenser la fermeture des réacteurs. Poursuivre cet effort permet d’arriver à 270 Twh en 2030. Une telle politique est créatrice d’emploi, comme le montre l’exemple allemand où éolien et photovoltaïque ont déjà engendré plus de 350.000 emplois.

La fermeture des réacteurs nucléaires les uns après les autres est possible dés qu’ils atteignent l’âge de 30 ans. Cela représente à court terme l’arrêt d’une quinzaine de réacteurs, une réduction de moitié de la production nucléaire d’ici 2020 avant d’être stoppée totalement en 2031.

Cette sortie du nucléaire aura un coût qui se traduira par une hausse du prix de l’électricité. Cela exigera donc de protéger les plus fragiles. C’est le prix de notre sécurité.


Tags: Didier TESCHER, Europe écologie - Les Verts, nucléaire

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