Une cousine à plaisanterie des Diallo, Kane...
*DIALLO, KANE, KAHN... par Yéro Dianga
L'actualité internationale est marqué par un fait, qui au temps du regretté Alhajji Badal Ba, se serait réglé à l'amiable, à l'ombre d'un jujubier ou encore plus discrètement à la tombée de la nuit.
En effet, les Khan et les Diallo(même patronymes chez les peuls) qu'un diffèrent même majeur oppose, ne doivent pas se perdre dans les dédales des palais de justice. Les procédures y sont longues et complexes...
Je sais seulement que dans son repos éternel Al Hajji Badal Ba peut rappeler à ses cousins ( dendi)ce qu'il leur disait de son vivant «BahbaBe e jalluBe fof ko fulBe. BahbaBe njeeya gay njaha El mina, jalluBe njeeya gay njaha ena njina » Pour l'heure laissons à la justice mener son bout de chemin.
*UNE HISTOIRE DE ROSE ET DE NAIVETE par Safi
Ce principe de « cousinage par la plaisanterie », caractéristique de la société peul, relaté par Yéro Djanga et qu’on peut considérer comme une manière « naïve » de régler les différends, me rappelle l’histoire de Coumba B à propos d’une « rose ».
Coumba B venait de débarquer à Paris. Toute menue, on lui donnerait 16 ans à peine alors qu’elle avait dépassé la vingtaine d’années. Elle était aussi « bleu » dans cette ville gigantesque que le bleu indigo du pagne que sa mère lui avait teint. Elle y fut amenée sans l’avoir cherché, ni imaginé, comme beaucoup à cette période. Même si elle était toute contente et toute excitée à l'idée de découvrir un nouvel univers. Toutefois, elle était intimidée d’être dans cet univers, sans s’attendre à un tel décalage. Tout était différent de son là-bas. Elle qui ne voulait surtout pas déranger, avait gonflé sa besace d’étrangère, de paix, et en avait fait un talisman comme on lui avait conseillé là-bas.
De ne trouver personne avec qui causer dans sa langue de là-bas, la plongeait dans la nostalgie et l’amenait parfois à pleurer seule devant une télé censée la divertir et qui ne lui disait rien du tout.
Ah si seulement son cousin qui l’avait qualifiée de « toubab » parce qu’elle avait planté des fleurs, (fleurs qu’elle avait confiées à Dieu, sachant que personne ne les arroserait), si seulement celui-là pouvait imaginer comment elle se perdait parfois dans les us et coutumes des gens d’ici.
Elle fut embarrassée lorsqu’une dame lui dit dans ton peu aimable : « on n’est pas des oiseaux ici ! », tout simplement parce qu’elle s’était précipitée de monter dans le bus sans faire la queue comme là-bas.
C’est ainsi un peu plus tard, se glissant dans le trou du métro, que Coumba B encore contrariée par la réflexion de la dame, n’hésita pas à accueillir le regard gentil d’un monsieur venu s’asseoir en face d’elle. C ‘est toujours réconfortant le sourire de l’hôte pour l’étranger. C’est ainsi que Coumba B remarqua le monsieur en train de soulever très doucement le cartable posé sur ses jambes. Elle crut alors apercevoir une rose. Intriguée par l’emplacement de la « rose » en question, elle jeta un deuxième coup d’œil qu’elle regretta. Car elle découvrit que ce n’était pas une rose, mais les parties génitales du monsieur.
C’était tout au début de son séjour dans cette ville. Coumba B était couverte d’une couche de pudeur encore épaisse. Face à cette scène, elle se tortilla de gêne et s’en voulu de sa curiosité et de son œil indiscret. Le monsieur, comme amusé, se mit à lui sourire gentiment.
De retour chez elle, Coumba B raconta à deux amis cette curieuse rencontre. Les deux amis qui eux savaient beaucoup de choses, éclatèrent de rire. La veille ils avaient traitée Coumba B d’inculte parce qu’elle ne trouvait rien à admirer sur la Tour Eiffel, « de la simple ferraille ». Cette fois, les deux amis rigolèrent longtemps de sa naïveté, se moquèrent de l’appellation « rose », avant d’ajouter un mot nouveau au vocabulaire de Coumba B : « exhibitionniste ».
Après leur explication, Coumba B étonnée, se soucia du sort de ce monsieur.
Des décennies plus tard, si son jugement sur la Tour Eiffel a varié, on n’est pas arrivé à discipliner ses émotions. Quand bien même on serait tenté de la traiter de naïve, son cœur n’arrive toujours pas à zapper les souffrances. Elle pleure tantôt pour les « coupables », tantôt pour les « non coupables ».