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Le 17/05 à 20h 40 sur PLANETE : « Les grandes cités disparues : LES PYRAMIDES SACREES DU PEROU ».

Par Ananda

« Ils furent parmi les derniers grands bâtisseurs de pyramides ; ils n’avaient qu’une seule idée en tête : construire des pyramides ».

« Violence et bains de sang se succédèrent et, pour finir, c’est toute une culture qui tomba dans l’oubli ».

Cette culture, c’est celle des LAMBAYEQUES, qui tirent leur nom de la « vallée perdue de Lambayeque, située au nord du Pérou, dans les contreforts de Andes, « à l’ombre de la Cordillère ».

LAMBAYEQUE est un lieu à part, « encore hanté par son passé ». Là furent bâties des foules de pyramides qui constituaient de « véritables chef d’œuvres d’architecture », par un peuple encore très « mystérieux » aux yeux duquel, précisément, « la survie dépendait » de semblables constructions.

Aujourd’hui, le temps aidant, ces pyramides ont pris l’aspect assez méconnaissable des étranges « monticules fondus dans le paysage » et « largement entamés par l’érosion » que la documentaire nous donne à voir.

C’est à TUCUME, le « complexe le plus vaste » de cette civilisation( il compte 26 pyramides) que se remarquent encore le plus ces bizarroïdes « collines », Tucume qui, par ailleurs, vit l’effondrement de cette culture.

Mais, fort heureusement, « depuis plusieurs années, archéologues, climatologues et experts en médecine légale » unissent leurs efforts pour percer enfin les secrets de ce « monde perdu ».

Tout d’abord, fut mené un relevé précis de « l’emplacement des pyramides », qui lui-même permit d’identifier et de distinguer « trois grands sites », bâtis à des dates différentes : PAMPA GRANDE (qui est, en fait, « une seule grande pyramide de 150 m de haut sur 200 m de large »), BATAN GRANDE, et TUCUME, le lieu aux 26 pyramides mentionné plus haut, qui fut aussi le lieu de «la folie » finale.

Le commentateur précise que les Lambayeque « ne connaissaient pas l’écriture ».

En dépit de cela, « vers 700 après Jésus-Christ, ils commencèrent à prospérer.

Question majeure : quelle était la fonction de leurs pyramides ?

Pour y répondre, il faut, en premier lieu, se rappeler le fait que « toute société qui dresse des pyramides le fait dans un but précis ».

L’humanité, à ce que l’on sait, a connu une douzaine de civilisations « à pyramides », parmi lesquelles les plus connues sont celles des ANCIENS  EGYPTIENS pour qui elles étaient des tombeaux, et celles des AZTEQUES et des MAYA de Mésoamérique pour qui elles étaient à la fois tombeaux et lieux de « rituel ».

On ne saurait pourtant faire le parallèle entre ces cultures et Tucume, où la « conception » pyramidale se révèle « toute autre ».

Les 26 édifices, « de tailles très différentes », s’étendent sur un « site de plus de 1 500m2, disposé « autour d’une montagne ».

Les plus remarquables sont sans doute « une gigantesque plate-forme rectangulaire de 700 m de long sur plus de 20m de haut » encastrée dans le flanc de la montagne et « une terrasse grande comme sept terrains de football ».

L’intérieur des pyramides de Tucume est « dépourvu de salles ». Ces constructions sont équipées d’une « rampe de 120 m de long entrecoupée de plateformes pour régler la circulation » ; elles comportent également un « lacis d’arches et de couloirs rapprochés ». Ce sont donc des édifices complexes, dont des modélisations par ordinateur nous restituent au passage l’aspect pour le moins impressionnant.

Bâtir de telles structures impliquait une mobilisation de masse non moins impressionnante de « centaines d’ouvriers », appuyés pour leur ravitaillement d’innombrables agriculteurs, tous « prêts à donner tout ce qu’ils avaient » pour mener à bien la construction des édifices.

Ces derniers étaient faits de « briques de boue séchée cuites au soleil » et il en fallait un très grand nombre. Sur chacune de ces briques figurait la « marque » de son fabriquant (en quelque sorte, son « logo » sous la forme d’un signe). Les fabricants étaient regroupés en « des centaines de fabriques dispersées dans la vallée ».

La toute première pyramide produite par cette culture a été datée : « 1 100 après Jésus-Christ ».

« Une vieille maquette d’architecte » a même « été retrouvée à Tucume ».

Tout nous indique que la construction de ces ensembles architecturaux grandioses répondait à un « besoin irrépressible ».

Vers les sommet de l’édifice pyramidal se trouvait « un ensemble de salles », dont certaines étaient « richement décorées ». Dans certaines de ces salles se sont signalés « des restes de nourriture : os de lamas et arêtes de gros poissons » ainsi que des « fours, graines et fragments de porteries ». Aucun doute n’est permis au vu de ces découvertes archéologiques : « plusieurs générations d’hommes aisés ont vécu et mangé ici » ; « les pyramides ont été des lieux d’habitation dans le plein sens du terme ; elles abritaient les « palais des seigneurs qui gouvernaient ».

On a d’ailleurs trouvé « les restes d’un homme de trente cinq ans qui avait du vivre là » : le fait qu’ils arboraient encore « bijoux et coiffure de plumes » révèle son « rang important », ce qui ne fait que conforter la thèse.

« Des générations de seigneurs ont vécu au sommet des pyramides de Tucume ».

« 26 seigneurs logeant dans 26 pyramides, les plus puissants au sommet des plus grandes ».

Les sommets aplatis des édifices étaient « précédés de séries de rampes ». Au niveau de leur centre, les salles-lieux de vie. A l’arrière, de « vastes cuisines » qui exploitaient pour une large part lamas et poissons, ainsi que des « ateliers » et des « remises ».

Le devant de la pyramide était, lui, « réservé aux cérémonies publiques ».

Les pyramides de Tucume se trouvent, il faut y revenir, rassemblées en cercle autour d’une montagne. A cela, une explication : on attribuait, dans l’ancien Pérou, aux montagnes « des pouvoirs magiques ». « Elles abritaient les dieux » et étaient la source (vitale) des eaux qui descendaient dans la vallée pour venir irriguer les récoltes.

Les pyramides, quant à elles,  étaient des « montagnes miniatures », qui symbolisaient le pouvoir.

Ainsi que nous l’avons déjà vu, « les habitants se tuaient à la tâche » pour les construire, car leur érection représentait « un travail de titan ».

« Les seigneurs vivaient au sommet des pyramides pour protéger les gens contre leur plus grande crainte ».

Qu’est-ce à dire ? « Qu’est-ce qui les effrayait tant ? ».

La réponse nous est donnée par les trois grandes villes de la vallée : « Pampa Grande fut la première à sortir de terre », après quoi on l’abandonna complètement et définitivement pour aller s’installer à Batan Grande où l’on repartit de zéro, entamant de nouvelles constructions de pyramides ; peu de temps après que ces dernières eussent été érigées à leur tour, il en alla de même pour elles : elles furent désertées au profit d’un tout nouveau site, celui de Tucume où l’on repartit encore de zéro. Et, encore plus étrange, à chaque fois, il y eut « incendie répété du sommet des pyramides », juste avant que la population ne fuie. Le feu, « très intense », a laissé une trace rougeâtre toujours bien présente de nos jours sur les ruines, ainsi que nous pouvons le constater au vue des images que le film nous présente. Pourtant, « aucune trace de bataille ni d’invasion » n’a jamais été détectée sur les lieux par les archéologues. L’un d’entre eux dresse ce stupéfiant constat : « ils ont mis cent ans à construire le site, puis boum, ils l’ont abandonné ! ».

Reste à se demander pourquoi et, aussitôt, « le côté sinistre des choses apparait » : le feu avait une fonction bien précise dans la culture des Lambayeque ; il « purifiait les endroit touchés par le mal », chassait le « mauvaise énergie ».

Ainsi, la force surnaturelle que redoutait ce peuple le contraignait à purifier radicalement puis à abandonner des sites dans l’édification desquels il avait pourtant mis toute son énergie.

Grâce aux archéologues, nous savons à présent quelle était cette force : il s’agissait en fait d’une force qui, quoique puissante, était naturelle, d’une « force météorologique » : les strates de Batan Grande sont formelles, elles révèlent que « la ville a été frappée par un véritable mur d’eau », et « le site voisin de Moche » a quant à lui subi l’assaut d’une « violente tempête de sable ». Ces phénomènes apocalyptiques sont l’œuvre du redoutable EL NINO, qui, chacun le sait, est très actif dans la région.

Mais les malheureux Lambayeque, bien entendu, ne le savaient pas, et interprétaient leurs mécomptes comme « l’expression de la colère des dieux » et de l’échec de leurs souverains à protéger la communauté.

Lorsque « torrents de pluie, maladies et famines » s’installaient, les grandioses pyramides devenaient « maudites » et on n’avait alors qu’une hâte : les incendier puis les fuir pour en construire d’autres ailleurs dans la vallée.

Une seule exception à un tel cycle infernal, toutefois : Tucume où « aucune trace de catastrophe naturelle » n’est décelable mais où cepndant il y a quand même eu action du feu.

Grâce à la mise au jour d’ « une ruelle labyrinthique » débouchant sur un temple qui n’était autre que « l’ancien centre religieux de Tucume, théâtre d’offrandes en période de crise », les patients archéologues ont pu lever le voile sur les mystérieux « derniers jours » de l’ancienne cité.

On a pu déterminer, nous révèlent-ils, que « la pierre au centre du temple symbolise la montagne et ses puissants dieux ». On lui déposait de multiples offrandes courantes et le film nous fait « assister » à l’une de ces scènes sous la forme d’une reconstitution. Si les offrandes courantes liées à la routine de la vie religieuse n’étaient guère susceptibles de provoquer l’effroi, celles qui eurent lieu « dans les derniers jours » furent en revanche « bien plus sombres ».

A l’été 2005, on procéda à l’examen d’ « ossement humains que l’on avait découverts à l’extérieur du temple ». Le documentaire zoome sur un squelette très révélateur, puisque, comme commente sur le terrain de fouille même, son examinatrice, « la tête et les deux premières vertèbres du cou ont été rompues et détachées de la colonne vertébrale », cependant que les « marques très nettes de coupure sur les vertèbres » prouvent de façon éclatante que « la tête a été tranchée ». Il est temps de faire « brrr », puisqu’il s’avère que « la plupart des 119 corps –dont quelques uns de femmes et d’enfants – ont été décapités, ce qui nous met ici en présence d’ « un des plus grands  sites sacrificiels des Andes » précolombiennes.

Or, il semble que dans la logique de beaucoup de ces cultures amérindiennes, les sacrifices soient « inévitables en cas de crise ». Aucun doute : la « fin de Tucume » est liée à ce type de processus ; « il a du s’y passer des choses si terribles que le nombre de sacrifices n’a cessé d’augmenter pendant les derniers temps ».

Alors, on se demande de quel genre de choses « si terribles » il peut bien s’agir…et la réponse s’impose d’elle-même, pour ainsi dire, par recoupement. »En 1532, les CONQUISTADORES arrivent au Pérou, bien loin de Lambayeque ». »Pris pour des dieux mythologiques », ils donnent lieu à toutes sortes de « rumeurs » qui elles-mêmes génèrent une « grande peur » dans tout le Pérou, y compris à Tucume.

Or, ce qu’il faut savoir (et qu’on ne nous a pas encore dit), c’est que « les INCAS avaient déjà pris le contrôle de la vallée », qu’ils avaient donc intégrée à leur brillant empire. Un an après l’arrivée des envahisseurs européens, Tucume apprend la capture et la mort du dernier Inca. Choc. « Vague de peur » aussitôt traduite par des sacrifices humains visant à apaiser les dieux.

On sait maintenant beaucoup de choses sur le déroulement de ces sacrifices :

1. « le grand prêtre parlait au dieu de la montagne ».

2. « un autre prêtre au dieu du tonnerre »

3. « un autre encore au dieu des éclairs ».

Le rituel était d’une précision qui le rendait « très strict » : « l’élite lambayeque et le gouverneur inca se rassemblaient autour du temple, le grand-prêtre soufflait des poudres colorées sur la pierre centrale, il se parait d’un masque afin d’endosser le rôle d’un dieu ». L’exécution rituelle, quant à elle, se pratiquait « devant le temple ».

Sur les squelettes d’exécutés auxquels on a fait allusion, « aucune marque de lutte ni de trauma péri-mortel » n’est à noter ; les incisions sont « lisses », et « les bras, allongés le long du corps, sans traces de ligatures ». D’autre part, « des graines d’amala aux vertus paralysantes ont été trouvées à l’extérieur du lieu de culte ». On sait pourquoi : les sacrifiés étaient, au préalable, forcés à ingérer une grande quantité de ces graines, dont l’effet les laissait parfaitement conscients, tout en paralysant de manière tout aussi parfaite leurs muscles. On imagine bien qu’il devait s’agir là d’une « mort atroce ».

« 90% des corps découverts sur le site portaient des marques à la gorge et au cou ». Finalité des blessures ? « La perte d’une grande quantité de sang ». On a pu même établir que « la gorge était tranchée de gauche à droite, sur des victimes agenouillées face contre terre », sur lesquelles s’acharnait un bourreau qui, de crainte de s’éclabousser de sang, demeurait soigneusement « derrière elles ». Ensuite, « on ouvrait la cage thoracique de haut en bas, dans le but d’en extraire le cœur de la victime à peine morte, au moyen d’un couteau sacrificiel », un peu comme chez les Aztèques. La motivation était la « recherche de sang », qui « nourrissait les dieux » !

Toutefois, à mesure que le temps passait, les Lambayeque s’apercevaient, à leur grande déception, que « les sacrifices ne stoppaient pas l’avancée des Espagnols », bien au contraire. Conséquence : motivés par une peur grandissante, ils les augmentaient de plus belle et, vision effrayante, « les corps s’empilaient » littéralement devant le temple.

Puis, inévitablement, vint le moment où l’on jugea que « les pyramides avaient perdu leur pouvoir surnaturel » de protection. Il s’ensuivit, comme pour les fois précédentes, « l’embrasement des palais » qui trônaient à leur sommet puis celui du temple lui-même.

Une fois l’abandon de Tucume consommé, « ç’en est fini », et ce « définitivement », des pyramides de la vallée et, avec elles, d’une tradition « vieille de plus de 3 000 ans » !

Mais « où sont allé tous ces gens » qui, fort nombreux, peuplaient le lieu, dorénavant voué à l’oubli ?

Là, « cela reste un grand mystère ».

P. Laranco.


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