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Genève introduit l’enseignement religieux comparé à l’école obligatoire

Publié le 22 mai 2011 par Veille-Education

Genève a fini par s’y résoudre. Le gouvernement a décidé d’introduire un enseignement sur le fait religieux à l’école obligatoire dès la rentrée scolaire 2011. Les grandes lignes en avaient été présentées au printemps 2010. Aujourd’hui, le Département de l’Instruction publique, de la culture et du sport a dévoilé le détail de cet enseignement, voulu par les autorités pour pallier le déficit croissant des élèves en matière de culture religieuse dans un contexte toujours plus multiculturel, rapporte notre spécialiste de la question Patricia Briel. Spécificité cantonale oblige, il ne s’agira pas d’un cours d’histoire des religions. Les traditions spirituelles de l’humanité seront abordées de manière comparative par le biais de grands textes religieux, politiques, philosophiques et juridiques qui offriront des clés de lecture du monde. Les cours seront délivrés par des professeurs d’histoire dans le cadre du domaine «sciences humaines et sociales» prévu par le Plan d’études romand, et cela à raison de six périodes au minimum par trimestre.
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LES COMMENTAIRES (1)

Par  Mithys
posté le 23 mai à 22:52
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De nos jours, sauf lors d'un cours d'histoire ou de philosophie, la religion n'a plus rien à faire à l'école (ce n'est pas sa fonction !). Mais il est vrai qu'un minimum de culture religieuse, notamment artistique, fait partie de la culture générale. L'approche, non plus confessionnelle mais intellectuelle, des religions doit en effet se limiter à un strict MINIMUM, plutôt que de noyer les adolescents dans un flot de textes d'inspiration religieuse qui risquent de les influencer inconsciemment (ce qui, a priori et jusqu'à preuve du contraire, pourrait bien être l'intention cachée des promoteurs du projet, du moins s'ils sont croyants et donc évangélisateurs ...).

Je crains en effet que la réforme décidée à Genève ne soit une réaction insidieuse, inspirée aux politiciens croyants par le protestantisme majoritaire, destinée à tenter de remédier à la chute libre de la religiosité (comme d'ailleurs dans la plupart des pays intellectualisés). Un peu comme au Québec, où le cours d'Ethique et Culture religieuse fait découvrir une demi-douzaine de religions, mais avec tant de détails que, par comparaison, la religion catholique majoritaire s'en trouve hypocritement privilégiée, d'autant plus que même la mention de l'athéisme en a été expurgée ! Un comble de malhonnêteté intellectuelle ... !

C'est pourquoi, n'en déplaise aux néo-cléricaux, je pense qu'il faudrait confier à des philosophes, plutôt qu'à des historiens, la tâche de fournir aux adolescents une information minimale, progressive et non prosélyte à la fois sur le fait religieux et sur le fait laïque. Les adolescents découvriraient alors rapidement que ce qui est commun à toutes les religions, c'est l'imposition affective de la foi dès le plus jeune âge et l'incitation à se soumettre à un dieu et à un livre « sacré », tandis que la laïcité philosophique, qui n'est pas antireligieuse même si elle se passe de toute transcendance, incite à l'autonomie, à la responsabilité individuelle et développe l'esprit critique à tous égards.

La « liberté de conscience et de religion », inscrite dans la Constitution de la plupart des pays démocratiques, me paraît plus symbolique qu'effective, car son émergence n'est pas favorisée actuellement. Il importe donc, à mes yeux, que l'école compense l'influence familiale traditionnelle, certes légitime mais unilatérale, voire communautariste, afin de permettre aux jeunes de choisir, en connaissance de cause, de croire ou de ne pas croire. 

Les sciences humaines et les neurosciences pourraient, par leurs implications philosophiques, y contribuer.  En effet, des observations psychologiques confirment l'origine exclusivement éducative et culturelle de la croyance religieuse, et celles de neurophysiologistes tendent à expliquer, par IRM fonctionnelle, sa fréquente persistance dans le cerveau émotionnel, ce qui affecte le cerveau rationnel, indépendamment de l'intelligence et de l'intellect. On comprend mieux alors l'imperméabilité de certains croyants, notamment créationnistes, à tout argument rationnel et scientifique. Puisse un large débat s'ouvrir un jour à ce sujet !

Michel THYS, à Waterloo http:0z.fr/duySW

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