L’électrochoc qui ramène les mentalités vers une implication pour la souveraineté du peuple passe par des actions populaires qui réussissent à briser les filtres et les murs érigés par les systèmes en place.
J’ai constaté que dans la perspective de remuer les mentalités du peuple, plusieurs acteurs sont entrés en scène. Sur internet notamment avec les réseaux sociaux ou les blogs, avec des articles, etc. Mais il y a un fait qui devrait être implacable pour la plupart : les africains en général et la plupart des camerounais n’ont pas encore accès à ce type d’outils et donc les utilisent très peu. Il ne faut pas faire l’erreur de confondre la minorité élitiste qui inonde le net avec la majorité qui ne lit que les titres des journaux, ne va sur internet que pour consulter la messagerie (quand ils y vont même) et en plus, une fois tous les six mois.
Pour faire un travail de fond, il faut d’onc s’orienter vers ce qui est le plus accessible au plus grand nombre. Je voudrais proposer trois pistes :
Les artistes
Je me souviens encore très bien de l’effet Valsero lorsqu’il a fait « Lettre au Président ». Il est devenu la coqueluche des jeunes. Un ami à moi avait été l’un des tous premiers à écouter la chanson avant qu’elle ne soit sur le marché. C’était le lendemain de l’enregistrement de la chanson. Il avait alors dis à Valsero et au manager du studio Master of The Games qui avait réalisé l’album qu’à cause de cette chanson, Valsero aurait le Canal d’Or de cette année-là. Et que cette chanson allait faire un tabac simplement parce que les gens allaient se reconnaitre en elle. Valsero était alors un tout petit douteux et le temps a donné raison à cet ami.
L’histoire des révolutions est faite de musiciens, de comédiens et d’autres artistes. Mais au Cameroun, il y a peu de mouvements qui associent cette dynamique. Il ne s’agit pas de s’associer des artistes pour des causes…la plupart refuseraient avec raison. Mais d’appuyer des artistes qui se situent dans les valeurs qui peuvent contribuer à faire émerger l’électrochoc et ce par des moyens imprévisibles et légaux. Il est hors de question de faire d’un Valsero la propriété d’une diaspora de « Biya must go » ou d’un candidat. Mais cette diaspora et ces candidats peuvent appuyer les boutons où il faut pour que des artistes qui peuvent parler au peuple en aient les moyens. Et ces artistes ne manquent pas qui n’ont qu’un souci….communier avec le peuple pour une véritable prise de conscience. Les comédiens, humoristes et les musiciens sont ceux qui peuvent le plus mobiliser les gens et il y a un intérêt dans cette grande capacité de mobilisation. C’est qu’elle permet de faire des problèmes évoqués des sujets de débat. A partir du moment où on en parle, on y réfléchit et on envisage des choses…ce qui est bon pour toute dynamique de prise de pouvoir.
Les leaders d’opinion
Les dynamiques de prise de pouvoir doivent créer des électrochocs en s’appuyant sur les leaders d’opinion. Non pas pour affirmer qu’ils veulent prendre le pouvoir et souhaitent que ces leaders travaillent à amener le peuple en leur faveur…Mais simplement en posant des problèmes ciblés et adaptés à ces leaders.
D’abord les hommes de médias. Il est important de capitaliser les hommes de médias sur deux points : comme des canaux qui aident à se faire entendre. Mais aussi comme des vecteurs qui finissent par se positionner sur des positions capables de faire pencher le peuple vers une mentalité de changement. Le premier point est public, le second point se fait en incrustant autour des hommes des médias, des idées, des réflexions, tels qu’eux-mêmes se les approprient. Un tel mécanisme échappe au contrôle totalitaire de l’information par des systèmes de pouvoir en place depuis des années. Par exemple, un journaliste qui explique à ses auditeurs pourquoi et comment il faut porter plainte quand on est abusé par son patron joue un rôle extrêmement fondamental dans une dynamique de prise de pouvoir parce qu’il révèle la souveraineté du peuple, son droit et son droit de revendiquer son droit.
Ensuite les leaders religieux. Je suis bien réservé sur leur rôle, mais la vérité est que dans un contexte comme le Cameroun, ils pèsent. Là aussi, il ne s’agit pas de leur faire jouer des rôles politiques ou révolutionnaires, mais de leur faire jouer des rôles de justice et orienté vers la revendication des droits et de la justice.
Enfin, les leaders traditionnels doivent être invités au débat. Non pas au débat politique, mais à des situations où ils peuvent poser les débats autrement.
Je pense que dans cette dynamique, les intellectuels jouent un rôle plus précis que nous verrons plus tard.
Les fora populaires
Les foras populaires sont des moments d’échanges et de discussion organisés sous n’importe quelle forme et sous n’importe quel prétexte qui permettent de discuter et d’échanger. C’est dans un cadre comme celui-là que mon engagement militant a définitivement pris forme.
C’est souvent des séminaires, des concerts, n’importe quoi qui rassemble un grand nombre et où se créent des échanges et des débats sur des questions qui interpellent l’implication et la participation. Il faut savoir occuper ces espaces et y semer la graine de l’implication populaire.
Voilà quelques-unes des pistes sur lesquels on peut approfondir la réflexion.