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DSK ou la tentation du macaque

Publié le 23 mai 2011 par Muzard

Que DSK soit coupable ou non, l'affaire sordide à laquelle il est confronté pose la question du fossé qui sépare le Donjuanisme de la violence sexuelle chez les hommes de pouvoir.

Nos cousins singes peuvent nous aider à comprendre ce qui relève de notre nature primate, dont il n'est pas toujours facile de s'affranchir et ce qui relève de comportements contre-nature pour lesquels nous n'avons aucune excuse.

Le pouvoir rend sexy

Chez les primates, il est clair que le pouvoir décuple les capacités de séduction. Une fois au pouvoir, les singes dominants  peuvent espérer conquérir les femelles les plus courtisées, avec peu d'effort. Le pouvoir rend sexy chez les singes...

En effet,  on note une attirance des femelles pour les mâles dominants.  Les primatologues Ranson et Rowell ont constaté que les femelles de haut rang chez les singes, toutes espèces confondues préféraient copuler avec des mâles dominants.

Le fait d'être soutenu par un mâle dominant est un moyen pour la mère singe de protéger sa progéniture, qui sera mieux traité, mieux nourri, moins harcelé par les autres, c'est aussi un moyen de renforcer sa propre influence au sein de sa tribu. Il est rare qu'un singe se risque à attaquer une femme protégée par un mâle dominant.

Chez les hommes aussi, le pouvoir rend beau. Il suffit d'observer les femmes que nos présidents successifs qui ne présentaient pas  les traits d'Apollon ou qui n'étaient plus vraiment jeunes, ont réussi à séduire, elles faisaient partie des femelles les plus désirables de notre société. F Mitterand, G d'Estaing, J Chirac, N Sarkozy  ont su conquérir les plus belles femmes (qu'elles soient ou non "officielles),  sans que cela ne choque personne.

Le fait d'être entouré par des femelles désirables fait partie des privilèges du chef primate. Dans notre imaginaire collectif, un homme de pouvoir est un séducteur. Les affaires d'infidélité, le Donjuanisme sont d'ailleurs beaucoup mieux tolérés chez un dominant que chez un citoyen lambda.

Alors peut-on penser que les comportements de harcèlement sexuel, font partie de notre nature primate et qu' ils ne représenteraient qu'un pas de plus par rapport aux comportements de séduction des dominants ?

Loin de là, il n'y a pas seulement une différence de degré entre la séduction et l'aggression sexuelle, mais une différence de nature.

Chez les singes, les dominants pratiquent le droit de cuissage. C'est à dire que le chef doit monter en premier les femelles les plus sexy. En général, cela ne pose pas de problème, les femelles étant attirées par le mâle alpha du groupe. Mais dans les espèces les moins évoluées, comme les macaques, le mâle dominant n'hésite pas à forcer la main (pour ne pas dire une autre partie du corps) de la femelle pour parvenir à ses fins. Il peut même interrompre  la copulation entre un mâle subordonné et une femelle qu'il convoite.

Chez les chimpanzés ou les bonobos plus proches de nous, il vaut mieux que les femelles soient consentantes.

Si un mâle force ses partenaires à copuler, il risque de perdre rapidement sa couronne, les femelles du groupe sauront s'allier pour le faire tomber.

Au moyen-age, chez les primates humains, le seigneur disposait encore du droit de cuissage, cela faisait partie de ses privilèges mais à l'instar de ses cousins chimpanzés, il était rare qu'il fasse usage de la violence.  Puis avec le temps, l'homme a décidé de se comporter encore mieux que le chimpanzé, il a décidé de renoncer au droit de cuissage. 

Si des comportements de violence sexuelle sont observés aujourd'hui, ils concernent le plus souvent des p'tits chefs.  Chez les singes, y compris les espèces les plus évoluées, à la différence du chef de la tribu, le subordonné dominant (ou pt'it chef) doit "ramer" pour conquérir une femelle désirable. Il peut être alors tenté d'utiliser la force pour parvenir à ses fins. Le  comportement de violence sexuelle serait donc contre nature chez les dominants d'espèces primates les plus évoluées.

C'est peut-être ce qui explique qu'une majorité de français ne croit pas à la culpabilité de DSK. Dans notre inconscient collectif, un futur président, n'a pas besoin de recourir à la force pour conquérir une femme.

Alors comment expliquer qu'à notre époque, certains hommes de pouvoir aient un comportement de macaque et exigent par la force ce que leur capacité de séduction ne leur permet pas d'obtenir ?

Syndrôme de l'abandon ?

On peut se demander si ces comportements déviants ne relèvent pas d'un déficit de confiance en eux, dans leur capacité à attirer et fidéliser les femelles. Chez les singes, il faut savoir que certains dominants ont du renoncer au trône après avoir été abandonnés par leurs partenaires de sexe féminin. Quand les femelles dominantes leur ont préféré un autre mâle, ils ont perdu la face et par la même leur pouvoir.

On peut comprendre que certains hommes de pouvoir, peut être moins gâtés par la nature au plan physique ou en prenant de l'âge soient tentés d'user de la force pour conquérir toujours plus de femelles, dans une logique de prévention de crise.

Si la justice confirme sa culpabilité, il faudra en conclure que DSK souffrait d'un gros complexe d'infériorité et qu'il n'avait pas suffisamment confiance dans ses capacités de séduction que sa position de candidat aux présidentielles lui conférait. Il aura cédé à la tentation "macaque", ce qui serait tout à fait indigne pour un primate humain. Quand on a la chance d'appartenir à l'espèce de primate la plus évoluée, on n'a pas le droit de céder à ses impulsions reptiliennes ou à des réflexes de primates plus primaires.

Les  avocats  de DSK pourront arguer qu'à l'instar de ses cousins singes, leur client souffrait du "syndrôme de l'abandon". Sa peur d'être lâché par sa cour de femelles l'aura entraîné dans une recherche effrénée de partenaires en utilisant tous les moyens à sa disposition y compris la force. Il a du être surpris par la résistance de sa partenaire américaine, en tant que macaque, il était en droit d'attendre qu'elle s'abandonne vite étant donné sa position dans la tribu humaine. En effet, il est rare qu'un mâle alpha s'intéresse à une femelle de bas rang, ce qui était le cas de la victime, elle occupait le poste de femme de ménage. Il pouvait s'attendre à ce qu'elle comprenne l'intérêt qu'elle pouvait retirer de cette situation. Mais non, la victime (présumée) n'a pas agi en femelle macaque mais en femelle chimpanzé qui n'accepte pas n'importe quel partenaire, même quand il s'agit d'un dominant.

En fait, toute cette affaire repose sur un terrible malentendu entre deux espèces de primates n'obéissant pas aux mêmes lois. Si DSK est effectivement coupable, cela voudra dire que le plus évolué des deux protagonistes n'était pas celui que l'on croyait.


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