Magazine

Tu montes boire un verre ?

Publié le 23 mai 2011 par Paul

monter-boire-un-verre

Une fin de soirée classique... naturellement tu raccompagnes Mademoiselle, chez elle évidemment, histoire de ne pas lui donner trop l'impression qu'elle va nécessairement tomber dans un guet-apens. Et une fois arrivé devant, là c'est systématique, encore dans la voiture, à côté d'elle, l'autoradio ne capte plus la moindre bribe d'onde FM, mais on ne le coupe pas, jamais, tous les moyens sont bons pour éviter cet inéluctable moment de flottement interminable, ce vide durant lequel tout le monde pense mais personne ne dit rien. Un moment de gêne nécessaire, celui qui, disons le tout de suite, va déterminer l'issue de la soirée. Le véhicule est arrêté, le moteur tourne, le gentleman driver s'impatiente, la main sur la clé et attend une éventuelle proposition de Mademoiselle. Mademoiselle qui, de son côté, certainement pour faire durer le suspens, remet de l'ordre dans sa tenue ou sa coiffure, c'est vague, c'est incertain, chacun attend patiemment que l'autre daigne enfin dire (ou faire) quelque chose. D'après ma modeste expérience, je déconseille quand même d'être trop direct (sauf avec la première radasse trouvée au bord de la nationale), parce que quoiqu'on en dise, les plus fleurs bleues apprécient assez mal les "alors j'te déglingue sur le capot ou sur la banquette ?". Pour ma part, cette vaste passion pour la poésie et mon côté romanesque me sauvent souvent la mise avec des phrases préconçues du genre : "Soirée fort sympathique, quand est-ce qu'on nique ?" LOOOL Bon trêve de plaisanterie, ce désert de communication se solde bien souvent par un "Tu montes boire un verre ?" assez original je dois bien le dire. Phrase à laquelle j'ai souvent envie de faire remarquer à la nana, tout en lui matant alternativement cuisses et décolleté d'un regard lubrique, qu'il n'y a rien à monter puisqu'elle habite au rez-de-chaussée ou... dans une maison. Et puis moi la dernière fois que j'ai bu un verre, j'ai eu droit à un certain nombre de problèmes gastriques... pas très digeste le verre quand on y pense ! Mais ça y est, nous y voilà ENFIN, elle a ENFIN prononcé la phrase magique, le "sésame ouvre toi" de son chez elle. Cette phrase qui va ENFIN nous permettre de savoir qui elle est vraiment, au delà des apparences bien trop souvent trompeuses. Là ne nous mentons pas, tout ce qu'on souhaite c'est d'avoir la lourde tache de précéder sa mini-jupe dans un escalier. Arrive le moment où elle cherche ses clés, un peu à la manière de passepartout dans Fort Boyard, au fond de son faux sac Gucci à $20'000, elle sort ses 23 peignes, ses 4 miroirs, ses 17 ri-cils, ses 9 tampons ainsi que tous les emballages de chewing-guns qu'elle a du mâcher nonchalamment ces 5 dernières années : ça s'annonce sympa ! Tout ça alors que vous avez déjà eu l'occasion de faire connaissance avec son magnifique paillasson "j'aime les dauphins". Elle ouvre la porte, vous fait emprunter un couloir lugubre comme une cellule de Guantánamo, couloir dans lequel sont alignées en vrac, un concept féminin, tels des trophées, ses 684 dernières paires de chaussures, un rapide calcul nous ramène à la réalité et nous fait prendre conscience que nous manquons de trébucher sur environ 62 mois de SMIC. Et là elle nous laisse seul dans le salon (avec ses 42 chats) et file chercher à boire ! Est-ce qu'à ce moment là un seul mec au monde a soif ? Elle croyait sincèrement qu'on voulait boire cette connasse !? Ceci étant elle fait mine de le croire, dur comme ma bi** fer, on l'entend d'ailleurs se battre au loin avec son frigo, ses étagères et son évier... finalement pas certain qu'elle l'utilise bien souvent cette cuisine... Et pendant ce temps nous, pauvres hommes, lâchement abandonnés au profit d'une bouteille de coca light sans bulle, qu'est ce qu'on fait ? On se rend compte que nous sommes bel et bien sur une scène de crime, dans l'appartement d'une psychopathe dérangée, déséquilibrée et bordélique. Toutes les revues people gisent là, sans exception, sur une authentique table Ikea aux pieds rongés par les hyènes chats. Sur la télévision il y a ENCORE des dauphins et sur l'étagère aussi, mais avec des chevaux et de la poussière cette fois-ci. Sur les murs jaunis par la nicotine se dresse souvent un poster de Vin Diesel ou Robert Pattinson qui côtoie dans la plus parfaite harmonie ce prestigieux diplôme décerné à la plus grosse pochetronne du lycée. Mais c'est que ça s'agite dans la cuisine, ne perdons plus de temps, scrutons les lieux dans l'espoir de trouver en vain, un sujet de discussion autour d'une improbable passion commune. Direction la bibliothèque qui, bien que surchargée, me laisse déjà perplexe. La première étagère arbore les 144 volumes de l'encyclopédie Larousse édition 1897, la seconde supporte les DVD de l'intégralité des sitcoms années 80/90 et la troisième nous montre des photos de soirées sur lesquelles Mademoiselle s'affiche dans un lourd état d'ébriété en compagnie de ses meilleures amies (bouteille de Vodka inclut). Damoiselle revient... avec des verres... une bouteille de faux coca dans la bouche... habillée... Bah put***... c'est qu'elle va être vraiment très longue cette soirée !

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Paul 502 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte