Leçon n°3: le choix des matières premières

Je poursuis ce que j’avais commencé sur le secrets de fabrication du parfum. Après avoir abordé les différentes techniques d’extraction et les familles olfactives, je souhaiterais aborder les diverses matières premières utilisées.

Les deux principales sont les fleurs et les fruits. Parmi les fleurs les plus nobles figurent la rose et le jasmin, la tubéreuse et l’iris, tout en sachant que le parfum de ce dernier est fourni par le rhizome et non par la fleur elle-même.  La violette (dont on prend surtout les feuilles), la fleur d’oranger (ou néroli), le mimosa, les narcisses et bien sûr la lavande, sans oublier l’ylang-ylang sont également assez prisées. Pour diminuer leur prix, les fabricants ont  recours à des mélanges de molécules aromatiques synthétiques, mais l’effet obtenu n’est pas toujours à la hauteur d’une essence naturelle.

Pour l’essentiel, les fruits utilisés en parfumerie sont des agrumes (citron,oranges,  limette et bergamote). Ils constituent une famille olfactive appelée hespéridés, constitutive des eaux de Cologne. Les autres fruits sont le plus souvent des produits de synthèse, le plus fréquemment utilisé étant la vanille.

Il existe une multitude d’autres matières végétales  depuis les arbres jusqu’aux herbes les plus modestes. Dans un arbre ou un arbuste, on peut utiliser l’écorce ou le bois (cannelle, santal, cèdre, bouleau, gaïac), ou encore la résine (encens, myrrhe, benjoin, labdanum), voire les mousses qui se développent sur son écorce (mousse du chêne). Pour les plantes, on les prend telles quelles (romarin), ou bien on préfère leurs feuilles (patchouli, verveine), leurs racines (vétiver, gingembre) ou leurs graines (cardamome, coriandre, fève tonka).

Viennent ensuite les matières premières animales. Elles jouent le rôle de fixateurs et sont sont surtout présentes dans les parfums masculins. Pour des raisons réglementaires ou éthiques, les fabricants reproduisent le plus souvent ces essences animales sous des formes synthétiques. Le musc par exemple, initialement prélevé sur les glandes d’un cervidé mâle appelé chevrotin porte-musc, est aujourd’hui obtenu grâce à à la synthèse. Idem pour le castoréum, excrétion sébacée du castor. La civette est une sécrétion de l’animal du même nom.

D’autres substances animales, parfois improbables et obtenues aux prix de grands efforts, sont constitutifs de certains parfums: L’ambre gris, calcul intestinal issu du cachalot est recueilli sur les plages des océans indien ou pacifique après avoir erré sur les flots pendant de longs mois. La cire d’abeille est extraite sous forme d’absolue (produit final) au moyen de solvants volatils produisant une concrète qui, lavée à l’alcool, donne l’absolue de cire d’abeille ou absolue de brèche d’abeille.

L’hyraceum est produite par le Daman du Cap (procavia capensis), un petit mammifère d’Afrique du Sud ayant l’apparence d’un gros rongeur. L’hyraceum est de l’urine riche en phéromones déposées par les membres d’une colonie, toujours au même endroit. Après plusieurs siècles de vieillissement, l’urine est pétrifiée. Elle prend alors la forme d’une pierre d’un brun sombre. Ce produit est alors traité sous forme de teinture, ou par dissolution dans des solvants comme l’alcool.

L’essor de la chimie au milieu et à la fin du XIX^e siècle a profondément modifié la parfumerie et ses techniques de fabrication. Si la synthèse a notamment permis aux parfumeurs de recréer les essences de matières premières, ou d’en inventer de nouvelles, le secteur de la parfumerie connait un nouvel engouement depuis 2008 pour des matières premières naturelles.

La grande tendance du naturel et du biologique, la peur des effets nocifs des produits chimiques et de synthèses, un retour vers l’authentique incitent les maisons de parfum à formuler avec des essences naturelles et réelles de fleurs, plantes, de bois. Cela a donné naissance à ne nouvelle famille olfactive : les parfums biologiques et naturels, 100% d’origine naturelle.