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"Personne ne peut juger avec certitude qui a raison et qui a tort, qui est le plus près de la vérité, ou qu'elle est la meilleure manière d'accomplir le plus grand bien pour tout un chacun. La liberté couplée avec l'expérience est la meilleure façon de découvrir la vérité et ce qui est le mieux; et il ne peut y avoir de liberté s'il y a un refus de la liberté de se tromper.
Mais quand l'on parle de liberté d'un point de vue politique et non philosophique, personne ne pense à un épouvantail métaphysique d'homme abstrait qui existerait en dehors de l'environnement cosmique et social, et qui, comme une sorte de dieu, pourrait faire ce qu'il lui plait dans le sens absolu du terme.
Quand on parle de liberté, on parle d'une société dans laquelle personne ne peut contraindre ses compagnons humains sans rencontrer une résistance vigoureuse, dans laquelle, par-dessus tout, personne ne peut se saisir de la force collective et l'utiliser pour imposer ses désirs aux autres et aux groupes eux-mêmes (qui sont la source du pouvoir).
Nul n'est parfait, d'accord. Mais c'est une raison de plus, peut-être la plus forte raison, pour ne donner à personne les moyens de "mettre un frein à la liberté individuelle".
Nul n'est parfait. Mais alors où pourra-t-on trouver des gens qui ne soient pas seulement assez bons pour vivre en paix avec les autres, mais aussi capables de contrôler la vie des autres d'une manière autoritaire? Et, en supposant qu'il y en aient, qui les nommerait? S'imposeraient-ils d'eux mêmes?
Mais qui les protègeraient de la résistance et de la violence des "criminels"? Ou alors seraient-ils choisis par "le peuple souverain", qui est considéré comme trop ignorant et mauvais pour vivre en paix, mais qui soudainement acquiert toutes les bonnes qualités nécessaires quand il s'agit de lui demander de choisir ses dirigeants?"
-Errico Malatesta- "L'idée d'un bon gouvernement"-extrait de Umanita Nova-