DSK: Nafissatou Diallo chercherait un dédommagement

Nafissatou Diallo a recruté deux nouveaux avocats très réputés et réfléchit à l'ouverture d'un procès civil. 

Pendant que le duo de choc Benjamin Brafman et William Taylor, chargé de la défense de Dominique Strauss-Kahn, affûte méthodiquement ses armes avant l'audience du 6 juin, la partie adverse sort l'artillerie lourde. Le bureau du procureur de New York, Cyrus Vance Jr, a confirmé jeudi l'arrivée de deux renforts dans l'équipe de l'accusation, deux femmes rompues aux affaires de viols et d'agressions sexuelles, Joan Illuzzi-Orbon et Ann Prunty.

 Dans le même temps, deux nouveaux avocats très réputés, Kenneth Thompson et Norman Siegel, se sont joints à celui de la plaignante, Jeffrey Shapiro. La famille de Nafissatou Diallo, la victime présumée, qui les a rencontrés mercredi, souhaite «renforcer» l'équipe la représentant au civil, a-t-il fait savoir, précisant vouloir examiner avec eux «l'utilité» d'une action en dommages et intérêts. Celle-ci pourrait rapporter plusieurs millions de dollars à l'immigrée guinéenne. Elle dispose d'un an après les faits pour lancer la procédure. 
Kenneth Thompson, ancien procureur et brillant avocat afro-américain de New York, est réputé pour ses succès autant du côté de la défense que de l'accusation. Il a rapporté des millions de dollars aux victimes qu'il a défendues au civil, mais a aussi évité la prison à nombre de prévenus, dont un faussement accusé de viols. Il est considéré comme un spécialiste du harcèlement sexuel. L'entrée en jeu de Norman Siegel, figure de la lutte pour les droits civiques, est quant à elle le signe que cette affaire pourrait prendre une tournure politique. Par le passé, il a attaqué en justice la ville de New York pour brutalité policière et délit de faciès.
Du côté des procureurs, Joan Illuzzi-Orbon et Ann Prunty sont toutes deux connues pour accumuler les victoires judiciaires. «L'affaire DSK, le procureur Vance la leur a offerte pour les récompenser. Des gens beaucoup moins qualifiés traitent d'agressions similaires tous les jours, mais ici les enjeux sont énormes, y compris politiques», relève l'avocat Kim Townsend. «Il ne fait guère de doute que Brafman et Taylor vont recruter à leur tour une avocate pour rééquilibrer la balance face au jury», prédit Gerald Lefcourt, un avocat pénaliste qui a travaillé avec Benjamin Brafman.
Plusieurs experts doutent de l'ouverture d'un procès civil dans un avenir proche: une telle procédure nuirait considérablement à la crédibilité de la jeune femme au pénal. «Si les avocats de la plaignante lancent une procédure civile, ceux de Dominique Strauss-Kahn seront en droit de dire aux jurés qu'elle est motivée par l'argent», souligne Me Lefcourt. Ben Brafman et William Taylor affirment qu'ils n'ont pas tenté d'entrer en contact avec l'accusatrice de DSK ni aucun de ses proches. Toute tentative non sollicitée pourrait être considérée comme une manière de faire pression sur elle, voire une tentative d'obstruction à la justice.
À terme, un procès au civil n'en reste pas moins dans l'intérêt des avocats de DSK: une telle procédure obligerait en effet la plaignante à communiquer beaucoup d'informations à la défense, qui pourrait avoir plus de difficultés à les obtenir au pénal. Mais, pour l'instant, l'affaire reste entre les mains du procureur et de ses adjoints. La plaignante n'y participe que comme témoin à charge (elle a d'ailleurs témoigné sous serment devant le «grand jury»). Si elle revenait sur ses déclarations, elle pourrait être à son tour poursuivie en justice.