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François LAUR (France).

Par Ananda
En ce temps-là où s’alentit le temps, si, à chaque pas, butent ses sabots sûrs, ce n’est pas qu’il hésite entre avoine et breuvage, c’est pour mieux préparer sa ruée. Non pas un coup de pied frappant quelque vieux lion : elle forge l’étincelle qui met en feu les euphorbes dans l’âtre et la mère des souvenirs.
Il est allé paissant de be...aux chardons, a brouté touffes d’herbe, de toison, dormi debout quelquefois sous les palmes ; on l’a chargé de bâts, de paniers d’aubergine, attelé à des meules. On a hurlé haro sur le baudet. Il a tiré des charrettes, porté le Lumineux sur l’échine. Son nom ? Nullement Martin ! Mais, tel celui partageant son manteau, il a pu marcher longtemps sans lassitude. Il ne s’appelle pas Rucio, fût-il ici ou là petit et rondelet.
Pourtant, il a connu des jambes décidées qui s’écartaient dans l’ombre de son ombre pour lui livrer passage, à lui qui n’avait pas l’insolence de la parole super me sensim residens ac crebra subsiliens lubricisque gestibus mobilem spinam quatiens pendulæ Veneris fructu me satiavit*. Bienheureux jardinier (ainsi l’appelle Apulée, le Berbère), il s’occupait des roses. Il a plané septième ciel et le voilà bleu roi. Rouge, il aurait surgi terreur des morts sous Pharaon.
Mais où, l’âge de l’Âne d’or en métamorphose ? Penicillum folia fricat. Comment faire entendre qu’avec une discrétion raffinée, cela te, me, nous regarde ? S’offrent ici, à toi, à moi, à nous voûtés d’un grand silence, les caresses du pinceau, leur tendresse parfois violente, la texture de ce qui a été choyé, palpé, bouchonné, peau à peau, chair ou papier, sa délicatesse – c’est dire les difficultés, le risque assumé, la nature picturale exposée, le fragile des parts de monde, le vent les sables leur mouvance. Le tout toujours recommencé, revisité, caresse encore, encore réitérée, lignes, couleurs et tons sans relâche se recomposant parce que sans cesse émus. L’univers : à toute heure divers.
* Approximativement : « s’asseyant peu à peu sur moi, tressautant rapidement, agitant de doux mouvements ma pine enfoncée en elle, ses pommes de Vénus [ses fesses] oscillant, elle m’a satisfait ».

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