Par Daniel Hannan, d’Oxford, Royaume-Uni
En fait, si on y réfléchit un instant, c’est le contraire qui devrait être vrai. La Serbie aura prouvé son aptitude quand un homme comme Mladic pourra s’attendre à être jugé à Belgrade. La triste vérité est qu’il a peu de chances d’être effectivement jugé par le tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie.
Qu’est-ce qui me fait dire ça ? Eh bien, regardons le cas le plus célèbre qu’il a eu à traiter, le procès de Slobodan Milosevic. Comme l’a dit le grand Theodore Dalrymple, « Le tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie à la Haye était à peine plus qu’un tribunal populaire, quoique sans les avantages de ce genre d’établissements juridiques, à savoir la rapidité et un coût économique. » Ouep. Le TPI a mâchouillé, à son rythme tranquille, un budget de $200 millions par an, pendant que Slobo se l’est coulée douce pendant 5 ans en prison, et il n’était toujours pas arrivé à un verdict que le juge et l’accusé étaient tous deux déjà morts.
En chemin, comme l’a montré John Laughland dans sa magistrale étude du procès, le TPI avait violé tous les préceptes légaux, en acceptant le ouï-dire comme preuve, en se contredisant lui-même, en changeant ses règles de procédures 22 fois et, quand le vieux monstre s’est révélé particulièrement éloquent dans sa défense, en prenant la mesure extraordinaire de lui imposer un avocat.
Pendant plus de trois siècles, le monde a opéré suivant le principe pragmatique et clairement compris, que les crimes sont la responsabilité des États sur les territoires desquels ils sont commis, dans le cas présent, la Bosnie-Herzégovine. Et maintenant, sans débat aucun, et sans grande réflexion, nous nous jetons la tête la première dans une juridiction universelle, dont la police est faite par une caste d’activistes fervents des droits de l’homme, qui ne se sont jamais donné la peine d’obtenir un mandat démocratique pour leur programme.
Mais Mladic était un porc complet, me direz-vous. Peut-être bien. Ceci dit, les hommes mauvais – surtout les hommes mauvais – méritent la justice. Quand ils n’y ont pas droit, c’est nous autres qui en sommes diminués.
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