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De la concentration et de l'attention.

Publié le 28 mai 2011 par Paulpujol

    La concentration n'est en aucun cas du domaine de l'attention. La concentration est du domaine de l'observateur qui se force dans une direction, elle est le résultat d'une pression de l'homme sur l'homme. Lorsque cette pression dans une direction à lieu, l'homme se coupe de tout autre direction, il s'isole du reste de l'univers. Il adore une action spéciale, et néglige tout autre action, il voue un culte à un lieu spécifique, et méprise tout autre endroit. De telle sorte qu'inévitablement l'homme s'enferme en lui-même, car ce lieu ou cette action spéciale n'est que le prolongement de lui-même, prolongement que l'homme a choisi afin de fuir et de se protéger du monde extérieur qui lui fait peur.

    La concentration n'est qu'un renforcement de l'observateur qui projette un choix sur certaines choses. La concentration est le germe de tous les conflits, de toutes les guerres et de toutes les luttes, car ayant séparé la vie en de multiples morceaux, ces morceaux se méprisent, se font peur, se battent et se détruisent entre eux. La concentration est également une pression sur soi-même, on lutte contre sa propre sensibilité, on l'étouffe dans un sens, et on la stimule dans l'autre. L'homme se refrène dans une direction, et de cette action sort une déformation dans une autre direction. On rejette une partie du monde, et on accepte une autre partie, ou plutôt on l'idéalise. Mais le monde dans lequel nous vivons est un tout, et en rejeter une partie aussi infime soit-elle, c'est rejeter l'univers dans son entier. Donc la concentration est un processus d'isolement qui détruit la chose observée, ainsi que l'observateur lui-même. La concentration découle d'un choix, d'une direction spéciale établie et élaborée par l'homme. Peut-on vivre sans choix, sans avoir une direction spéciale à suivre ?

    Peut-on vivre sans former de conclusion ? De telles questions ne font-elles pas partie intégrante du mouvement, mouvement qui va de conclusion en conclusion, d'affirmation en affirmation ? De telles questions sont posées par l'esprit qui choisit, qui veut avoir une direction précise pour vivre. Ces questions sont posées par l'esprit qui cherche un sujet de concentration, afin de s'y perdre pour ne pas affronter la dure réalité de la vie. Quand l'homme demande si l'on peut vivre sans former de conclusions, ne cherche-t-il pas à façonner une conclusion sur le sujet ? Celui qui pose une telle question est pris dans ce mouvement, et toute action de sa part sera la suite de ce mouvement, sera le mouvement lui-même. L'homme est lui-même ce mouvement qui va de choix en choix, de commentaire en commentaire. Lorsqu'on essaie d'échapper à tout ceci, on s'y rattache inévitablement, car notre être même est la base de ce mouvement incessant. L'homme comprend qu'il est lui-même ce mouvement, il en prend conscience, il voit qu'il ne peut pas s'échapper ; donc, il cesse de fuir, car il comprend que l'acte de fuite fait également partie du mouvement.

   Nous voyons que la concentration est une chose destructive, celle-ci est engendrée par le choix et la préférence. Lorsque l'homme tente d'échapper à cette destruction, il rejette telle direction et en choisit une différente, autre direction qui va engendrer à son tour une nouvelle concentration, et une nouvelle destruction. Le rejet d'une concentration comporte en elle-même, l'acceptation d'une autre concentration, d'une nouvelle direction, qui sera conditionnée par celle qui vient d'être rejetée. Le rejet ou le refus d'une concentration comporte-t-il en soi, la compréhension profonde du processus entier de la concentration ? Ou ne comporte-t-il en lui que la peur devant l'isolement provoqué par une concentration spécifique ? - De telle sorte que l'homme va fuir sans comprendre, et de là, va façonner une nouvelle assertion, une nouvelle cellule, où, bien à l'abri dans ses nouvelles affirmations, il va s'isoler et se dessécher à nouveau.

    La compréhension profonde de tout le processus de la concentration, ne comporte aucun élément de refus ou de rejet. Lorsque la compréhension vivante a lieu, l'esprit voit ce qu'est la concentration, il ne crée pas de conclusion sur ce sujet ; et sans conclusion la concentration n'a plus lieu d'être, elle n'a plus d'assise et donc elle n'existe plus. La compréhension profonde de tout problème, libère l'esprit de ce problème, la compréhension vivante du mouvement global de la concentration, fait en sorte que l'esprit n'est plus assujetti à la concentration.   

   La compréhension vivante comporte une vision directe et profonde, lorsque cette vision se pose sur un problème, quel qu'il soit, elle démonte les pièces de ce problème ; elle s'introduit dans son intérieur, et de là, elle scrute et dissout le problème, car celui-ci n'existait que par manque de clarté. Lorsque la clarté se pose sur un problème, la vision profonde fait que celui-ci ne peut continuer à exister, la pénombre dans laquelle vivait le problème a cessé d’être, alors le problème cesse d'être également.

    La compréhension vivante se réalise quand l'homme arrête tout choix. Que se passe-t-il quand l'homme cesse tout choix ? Son esprit observe sans coupure, sans constat, alors l'esprit est uni aux choses, l'esprit "est" la concentration ; il ne s'en sépare pas, il est également uni à l'isolement et à la douleur, et donc l'homme en prend conscience. L'esprit devient sensible, il ne théorise plus sur les malheurs de l'humanité, ou sur les bienfaits et les nuisances de la concentration. Un esprit uni aux choses, les voit profondément, il les voit en rapport les unes avec les autres, il discerne les causes et les effets de toute chose. La compréhension vivante d'un problème, réside dans le fait d’être réceptif à tout ce qui touche au problème ; - être réceptif à tout ce qui touche un problème, sans en omettre un seul aspect, c'est en fait être réceptif à la réalité de ce qui est.

  Et c'est uniquement dans cette réalité que peut être comprise l'action d'un problème, car cette réalité a engendré le problème, et le problème est devenu lui-même la réalité.

  - Sans une perception directe et profonde de la réalité, aucun problème, ni aucune souffrance ne peuvent être démontés.

   - Seule la vision profonde et la compréhension vivante peuvent mettre un terme définitif aux problèmes humains.

   Paul Pujol, " Senteur d'éternité "

  Éditions Relations et Connaissance de soi. 

  Pages 47 à 51. 

  

  Parution du livre de Paul Pujol: Senteur d'éternité.   

  


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