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Etat chronique de poésie 1222

Publié le 29 mai 2011 par Xavierlaine081

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1222

Me voilà revenu au versant réel du monde.

Après quelques jours de flibuste, les yeux perdus dans la beauté des vagues, scintillantes dans le soleil ardent d’un printemps estival, j’ouvre les ondes et laisse entrer ce qu’ils osent nommer informations.

Ce qui vient alors n’est que vain bruit d’un monde lointain, où se chamaillent des familles politiques insignifiantes, où s’entretuent des hommes, au nom d’un pouvoir vaniteux et cupide, où d’autres exterminent leurs propres progénitures au nom d’on ne sait quel précepte odieux.

Odieux, ô dieux, que ce monde là est terrible qui se plonge ainsi dans l’insignifiance d’un rien obsédant !

Qu’obsédant est ce vide où les pâles gouvernants nous invitent à suivre ce qu’ils prétendent être une vie.

Ne voient-ils donc pas qu’elle est ailleurs, tapie entre deux ajoncs, dans le frémissement  iodé de vagues d’où émerge la plus formidable splendeur ?

*

Je reviens à ce versant du monde que j’avais cru un seul instant pouvoir fuir.

Et je l’ai fuit, plongé, immergé dans le mouvement précieux des corps accordés, délassés de n’avoir plus à se maintenir en factice survie, de l’autre côté du miroir.

Alice m’a montré le chemin.

J’ai fait cuire le lapin obsédé par l’heure.

J’ai pris possession de lieux dont la seule grandeur se situe dans un silence qui vibre du chant des grenouilles, bien avant que les frémissements de l’aurore ne les remplacent par une grande symphonie d’oiseaux inconnus.

L’heure bleue vient, me déchirant l’âme sur le seuil d’un jour d’après.

*

Toi, du versant désertique où se pose ton attente lascive, tu me regardes avancer, pauvre aveugle , dans ce monde où l’absurde se déchaîne.

Tu prends grand soin de déposer ta main fraîche à mon visage enfiévré.

Je ne sais rien de tes soupirs que je contemple, alors que, déjà le sommeil me fuit.

*

Me voilà, toutes voiles hissées, attendant le vent qui me mènerait, de terres lointaines en territoires libres de tous meurtres, cherchant dans la pâle clarté un havre où boire au rhum de ton insouciance.

Ivre de ce suc, je sais l’amour tapi quelque part, entre deux paupières baissées, ou fermées.

Je sais la volupté de ces vagues, roulant sur le sable de mon incompréhension du monde.

Car rien ne peut permettre de saisir le vol noir de vains bombardiers qui pilonnent, au nom d’on ne sait quels intérêts sordides, les foules qui réclament leur dû.

*

Et rien ne justifie le crime qui se perpétue.

.

Saint-Pierre d’Oléron, 23 avril 2011

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