C’en est effrayant, ce paysage dévasté, lunaire. Le spam a envahi le site, sur toute sa largeur. Une herbe folle, une steppe aride
faite de méchants donneurs de leçons qui prétendent donner des cours sur le bonheur tout en trichant sans vergogne, des sectes jobardes. Leur victoire est d’avoir envahi Scoopeo sans rémission
grâce à des pseudos fantômes et es clics consanguins. Vous auriez votre boite à lettre remplie de telles choses que vous en changeriez instantanément.
Ne te retourne pas, c’en est bien fini du partage, de l’idée communautaire, du désir de communiquer. C’était bien goupillé, pourtant, ce Digg Like.
Tout le monde pouvait y poster une trouvaille, fureter celles des autres. Une plate forme, une agora, un lieu de rencontre, comme une sorte de bar virtuel où on venait papoter. La timidité de la
modération était la clef de voûte de ce site. La communauté, au sens large, arrivait à modérer elle-même, à équilibrer, à gérer ce monde. Mais, à contrario, l’absence totale de cette
modération a signé la descente aux enfers de ce site.
Quand Scoopeo a été revendu, le mauvais chois a été fait. La société qui s’en occupe a tôt fait de négliger son investissement.
L’avenir eut été tout autre avec un autre acquéreur car, même si les Digg ont perdu de leur superbe avec l’arrivée des médias sociaux, certains, bien gérés, vivent encore bien et on y trouve une
fête de liens insolites et inédits.
Scoopeo a été une passion brûlante, chronophage. J’avoue l’avoir quitté plusieurs fois pour y revenir comme d’un exil provisoire, la tentation étant
tellement forte de rallier le peloton. Maitenant, je n’ai plus envie de revenir dans ce Tchernobyl de spams où règne une nauséabonde odeur de terre dévastée, à l’abandon. Un vaisseau
fantôme qui tourne en rond dans un océan de détritus.
Donc, adieu Scoopeo. Je ne me retournerai pas de peur de me transformer en statue de sel.