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La politique de l’éco-paraître aux frais d’une partie des contribuables ?

Publié le 30 mai 2011 par Julienviel

L'exemple strasbourgeois

La Communauté Urbaine de Strasbourg devient un intermédiaire de la filière du marché de l’énergie avec l’achat et la revente de chaleur. 

Elle vient ainsi, à la fois, de décider l’achat de 70 % de la chaleur produite par la future centrale de cogénération bois, et en même temps l’obligation ou plutôt l’engagement pour la SETE (Société nouvelle d'Exploitation Thermique de l'Esplanade) de racheter cette énergie.

Est-ce bien une des missions de la communauté urbaine ?

La SETE est depuis 1998 la société concessionnaire du réseau de chauffage urbain de l’Esplanade. Ce réseau comprend environ 17000 logements, le campus centre, les futurs quartiers Danube et Starlette et est interconnecté aux réseaux de l’Elsau et de l’hôpital Civil. La délégation de service publique a été donnée par la CUS à la SETE en 1998 pour une durée de 24 ans. La SETE gère une centrale de cogénération au gaz naturel alimentée par Gaz de Strasbourg.

Les résidents se mobilisent

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L’Association Syndicale de l’Ensemble Résidentiel de l’Esplanade (ASERE) est le représentant des habitants de l’Esplanade dans les négociations avec le fournisseur de chauffage.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ne sont pas contents à l’ASERE ! Pour s’en rendre compte il suffit de lire cet extrait du procès verbal (consultable sur le site de l’association) de l’assemblée générale de l’ASERE du 08 mars dernier :

«L’assemblée générale, à l’unanimité des syndicataires présents ou représentés soit par 97 086  èmes, confirme la décision de son SYNDICAT  du 8 décembre 2010 d’adresser un recours gracieux à Monsieur le Président de la Communauté Urbaine de Strasbourg et décide, au cas où ce recours ne devrait pas aboutir positivement, de demander au Tribunal Administratif de Strasbourg de prononcer l’annulation de la délibération n° 39 du conseil de la COMMUNAUTE URBAINE DE STRASBOURG en date du 26 novembre 2010  adoptant la réalisation par DALKIA France d’une centrale de cogénération au bois dans le cadre de l’appel à projets pour la réalisation de production d’électricité par biomasse. Conditions de fournitures de chaleur au réseau de chaleur de l’Esplanade auquel pourront être raccordés les nouveaux îlots  d’urbanisation ( ZAC Danube, Mole Citadelle, terrains starlette) avec transfert d’une partie de la chaleur livrée, au réseau de l’Elsau».

Une décision à l’unanimité à l’ASERE est le signe d’une mobilisation importante ! 

Mais pourquoi l’ASERE (et d'autres) est elle réticente à ce projet vendu comme étant celui de la baisse des charges pour les esplanadiens et celui de l’écoresponsabilité ?

Tout d’abord la construction de la nouvelle centrale de cogénération au bois est associée au démantèlement de la centrale actuelle de la SETE datant d’à peine plus de 10 ans... Dommage ! D’autant plus que la SETE sera vidée de son sens...

Comment croire qu’un projet réclamant 100 000 tonnes de bois par an peut être écologiquement responsable ? Le projet prévoit un approvisionnement dans un rayon de 100 kilomètres... Mais les projets actuels de centrales bois en Alsace et de l’autre côté du Rhin risquent d’augmenter sensiblement le rayon d’action ! Aucune plantation supplémentaire et des milliers de camions sur les routes...

Il est promis aux esplanadiens une baisse des charges de chauffage. Le problème est que cette baisse n’a pour origine qu’une différence de TVA entre les deux énergies... Qu’en sera t il dans un an ou plus ? Le passage à une TVA normale rendrait les coûts plus importants qu’aujourd’hui. La hausse des prix sera visiblement calculée sur la hausse du coût de la main d’oeuvre, mais qu’en sera t il quant la société (Dalkia) exploitante argumentera d’une rareté de combustible, une hausse de la matière première plus importante ? Hé bien un avenant sera signé car la SETE n’aura pas d’autres sources d’approvisionnement de chaleur, ses propres installations auront été démantelées. 

Une bien belle affaire

Si on résume, DALKIA investi 50 millions d’Euros avec un client déjà tout trouvé. Trouvé par la Communauté Urbaine de Strasbourg. Ce client qui doit acheter 70% de la chaleur produite est la SETE, filiale de DALKIA... Oui oui, le vendeur, le client et l’acheteur sont les mêmes !

Puis la SETE revend la chaleur aux esplanadiens, les véritables payeurs. Les esplanadiens sont engagés pour encore des années auprès de la SETE et la SETE risque de se retrouvée engagée pour des années auprès de Dalkia (20 ans sans résiliation possible) !

Pour la petite histoire, la Communauté Urbaine de Strasbourg se tire au passage une balle dans le pied car Gaz de Strasbourg, l’actuel fournisseur de la SETE, serait évincé. Gaz de Strasbourg appartient en majorité à la Ville de Strasbourg...

Les esplanadiens ne veulent pas se retrouver la corde au cou avec un projet qui ne tient pas la route que cela soit d’un point de vue écologique, que d’un point de vue financier. L’actuelle centrale ne doit pas être démanteler... Pour baisser les charges il suffit juste de renégocier les contrats en cours et notamment la fourniture de combustible !

Petite précision pour finir : la communauté urbaine s’engage (à la place des esplanadiens) à acheter 70 % de la chaleur d’une centrale... Sans appel d’offres !

Le 30 mai 2011, L’Alsace annonce que le chauffage urbain de Saint Louis adopte la cogénération biomasse avec une promesse de baisse des charges de chauffage de 30% (contre quelques pour-cent à Strasbourg) et l’éviction de la société Dalkia.

Ce dossier n'a pas fini de faire parler de lui... 


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