«Aujourd’hui avec dix euros, t’as plus rien»

Publié le 10 février 2008 par Willy
«Aujourd’hui avec dix euros, t’as plus rien»

Recueilli par MARIE-JOËLLE GROS - http://www.liberation.fr/



Des pains au chocolat, aux bombes à faire des tags… quelques utilisations de l’argent de poche.

En France, 61 % des 5-19 ans reçoivent de l’argent de poche, contre 84 % en Allemagne, selon une enquête Ipsos. Tous âges confondus, les jeunes Européens touchent en moyenne 31 euros par mois. Et qu’elles soient aisées ou modestes, les familles donnent peu ou prou la même somme. A l’heure où chacun recalcule son pouvoir d’achat, des adolescents d’aujourd’hui ou d’hier évoquent leur argent de poche.

Charlotte, 13 ans

«Si je vide le lave-vaisselle, je reçois 50 centimes. Si je passe l’aspirateur, un euro. Ça marche aussi avec les notes à l’école. Si j’ai plus de 16/20, c’est deux euros. Sauf en maths : deux euros à partir de 14/20. Ma grand-mère me donne aussi de l’argent, 10 euros quand j’ai une bonne note. Je préférerais avoir 5 euros tous les mois, je les garderais pour m’acheter des boucles d’oreilles, du parfum…

Ma petite sœur (10 ans) reçoit deux euros tous les dimanches si elle a fait son lit tous les jours de la semaine.»

William, 15 ans

«Je suis en garde alternée. Mon père me donne 5 euros par semaine après avoir vérifié qu’il n’y a pas de mot des profs dans mon carnet de liaison, et que mes notes sont convenables. Il a décidé ça parce que je n’ai pas été un élève fameux l’année dernière : je redouble. Ma mère aussi me donne 5 euros, sans condition. Mais il faut que je les lui demande. Si j’oublie, elle les garde et ça me permet d’avoir plus d’un coup. J’achète de la peinture à graffitis. C’est 2,70 euros la bombe. Il faut quatre bombes pour faire un tag d’une bonne taille. Parfois, je mange au grec ou au McDonald.»

Alexandre, 17 ans

«Avant, quand ma mamie me donnait 50 francs, je pouvais faire plein de trucs avec. Aujourd’hui, avec 10 euros, t’as plus rien.»

Julie, 23 ans

«Je recevais 10 francs par jour au collège. Mon père ne comprenait pas ce que j’en faisais, ma mère plaidait ma cause. Un pain au chocolat coûtait 2,5 francs : beaucoup moins cher qu’aujourd’hui. J’en achetais deux. J’ai commencé à acheter des clopes en seconde. C’était 10 francs le paquet de dix, j’en fumais cinq. Il y avait les jours à clopes et les jours à pain au chocolat. Ça m’arrivait de piquer 5 francs dans le porte-monnaie de ma mère.»

Roland, 43 ans

«Nous étions cinq enfants, et j’étais le petit dernier. Je me souviens que je recevais 5 francs, puis 10 francs qui passaient surtout en bonbons. Le Malabar était à 20 centimes, le Carambar pas cher non plus. J’en volais aussi pas mal. Après le premier choc pétrolier, j’ai eu droit à 50 francs par mois. Et à partir de 18 ans, à 100 francs, mais ça comprenait la carte orange. J’achetais des disques. On enregistrait aussi beaucoup de cassettes audio, c’était notre téléchargement à nous. Je ne dépensais rien en mode. C’était la dictature du look bab, ça coûtait pas cher, il suffisait de ne pas aller chez le coiffeur.»