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Chita, ou assoyez-vous en kreol. On entend cette phrase dans presque tous les lieux où l'on pose les pieds ... avant de poser le cul. Les haïtiens détestent vous voir attendre debout, même 30 secondes, c'est avouer que l'on vous a mal accueilli. J'avais un rendez-vous la semaine dernière et la réceptionniste était dans ses petits souliers, je voulais rester debout. "Vous ne comprenez pas monsieur, madame va comprendre que je vous ai mal accueilli." "Avec votre sourire madame, je n'arrive pas à m'imaginer que l'on puisse être mal accueilli, les fesses bien assises sur un chaise ou non." Ma charmeuse tentative n'a pas eu d'effet contre les attentes socialement définies d'une patronne qui tient à un certain statut. J'ai pris un temps à comprendre la signification de l'intensité de cette proposition et j'avoue que je lutte toujours un peu contre elle. Comme une stratégie pour créer un moyen de pression : "J'attends, je suis pressé." Parce que faire attendre ici est aussi un moyen d'inscrire son rapport de force, son statut. C'est la même chose chez nous, mais la ponctualité est aussi une qualité qui démontre que "l'autorité" a le contrôle sur son propre agenda. Elle fait contrepoids sur l'élasticité du concept de présence, "j'ai le statut, donc je suis là !" Pour le moment, chita et attendez.