Avec le documentaire « Planète à vendre », paru sur Arte il y a quelques semaines, Alexis Marant se penche sur ses fonds d'investissement qui achètent massivement depuis quelques années des terres agricoles. Après les bulles spéculatives sur l'internet, l'immobilier... Les spéculateurs s'attaquent clairement aux matières premières agricoles.
De l’Éthiopie à l'Amérique Latine, de l'Europe de l'Est à l'Asie du Sud-Est, ce sont des millions d'hectares qui sont rachetés par des investisseurs. Alexis Marant, documentariste de l'agence Capa, prix Albert Londres 2005, nous entraîne au pays de ces riches indiens, saoudiens, français... qui voient dans la production agricole, un moyen rapide et sûr d'engranger de juteux profits. C'est suite à la crise alimentaire de 2007 que les spéculateurs se sont intéressés, à grande échelle, aux produits agricoles. Non par altruisme mais plutôt par appât du gain…
"Faire chuter ou relever le marché" Ram Karuturi a commencé par produire des roses en Éthiopie, en 2004. Il est désormais le plus gros producteur mondial de roses. La plupart des roses en vente dans les supermarchés européens viennent de ses fermes situées en Afrique de l’est. Il a maintenant décidé de se diversifier et vient d’acheter 300 000 hectares de surfaces agricoles pour cultiver du riz… génétiquement modifié !
Cet investisseur annonce ainsi pouvoir produire 10 % du riz mondial grâce à son potentiel terrien, « pouvoir faire chuter ou relever le marché », à sa guise. Et Ram Karuturi n'est qu'un exemple parmi d'autres.
Les terrains que ces spéculateurs d'un nouveau genre exploitent servaient tantôt de pâturage tantôt de champs à de petits paysans pratiquant une agriculture vivrière. Leur méthode : exproprier les agriculteurs, parfois embauchés –ironie du sort- pour travailler sur ces véritables usines agricoles. Sans récupérer le fruit de leur labeur, destiné à l'exportation et aux marchés mondiaux. Comme le montre bien l’auteur du documentaire, les terres sont labourées sauvagement, les talus et les arbres, gênant la progression des tracteurs, sont mis à terre. Les erreurs du remembrement sont reproduites à grande échelle.
En échange de ce « progrès », ces industriels de l'agriculture payent un loyer dérisoire aux États qui leur octroient un blanc-seing (rêvant d’une agriculture occidentale). Un film puissant, à voir un jour où vous êtes en forme !
Plus d'infos sur http://planete-a-vendre.arte.tv
Un article réalisé par Guewen Sausseau pour notre partenaire Bretagne Durable, www.bretagne-durable.info