Angela Merkel a donc décidé d'arrêter définitivement ses centrales nucléaires d'ici 2022. Bien sûr, l'arrivée au pouvoir des écologistes dans des Lands clés explique en partie cette décision. Mais l'Allemagne a su tirer très rapidement les leçons de la catastrophe de Fukushima qui montre une nouvelle fois les dangers potentiels considérables de l'atome et l'impossibilité pour l'homme de les maitriser. Elle a compris que le nucléaire ne pouvait être qu'une étape énergétique transitoire.
L'énergie nucléaire fournit pourtant aujourd'hui à l'Allemagne près de 25 % de son électricité. Alors comment va-t-elle faire pour la remplacer ? Et à quel prix ?
Il est clair que, pour assurer la transition, elle devra importer de l'électricité notamment de France qui est produite à 80% par les centrales nucléaires, même si Angela Merkel, suite aux critiques acerbes venues de France, affirme le contraire.
Le risque est grand aussi que l'Allemagne, gros producteur de charbon, compense par une montée en puissance des centrales thermiques qui fonctionnent au gaz et au charbon, des énergies fossiles qui produisent de très grandes quantités de CO2.
Mais nul doute que les écologistes allemands, aujourd'hui directement impliqués dans le gouvernement du pays, sauront veiller au grain pour ne pas que l'Allemagne se retrouve dans une situation hypocrite face au nucléaire et respecte ses engagements concernant les émissions de gaz à effet de serre.
Un choix visionnaire
En fait, en choisissant de sortir du nucléaire, l'Allemagne fait un choix visionnaire, le choix des énergies propres et renouvelables, le seul acceptable pour la protection durable de la planète. Et ce choix n'est pas dénué de fins calculs économiques.
L'Allemagne va en effet devoir inventer, innover, développer très rapidement les technologies vertes, pour assurer ses propres besoins et son indépendance énergétique. Pour accélérer ce mouvement, Angela Merkel a déjà prévu un paquet législatif dans lequel elle va débloquer des aides très importantes pour faciliter la reconversion des industries, le développement de ces énergies d'avenir, et le développement de solutions technologiques permettant de réduire la consommation d'énergie au niveau industriel et des particuliers.
Pour la Chancelière allemande, l'abandon du nucléaire n'est pas un choix irraisonné mais, face aux " opportunités gigantesques pour les générations à venir ", une vraie chance à saisir pour que l'Allemagne devienne une référence dans le domaine de technologies vertes, et continue à développer de nouveaux succès à l'exportation.
Nul doute que l'avance actuelle et reconnue de l'Allemagne sur l'éolien terrestre et maritime, le solaire, la biomasse, la géothermie... va s'accentuer pendant que nous, en France, collés au nucléaire, regarderons le train technologique passer.
Christina Vieira
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