Nous étions des morveux ....
Nous étions des morveux, nous n’avions que vingt ans
Dans des champs, dans des bois nous firent combattants.
Nos fusils sans les fleurs brandis tels des phallus
Des ficelles sur les manches pour de la gloire en plus.
De djebels en mechta, de forêts en rochers
Débusquant le fellouze là où s’était caché
Attendant patiemment que se lève une tête
Pour qu’elle arrive enfin cette mort qui les guette.
Les copains dégommés, ces corps privés de vie
Lamentable destin, il en est qui l’envie
Mourir pour la patrie, cela n’est pas enviable
Pour le bien des nantis, pour le bien des notables.
Et puis les permissions, surtout pas en civil
Notre tâche est noblesse, elle n’a rien de vile
Nos tenues de combat montrent aux dynamiteurs
Que nous sommes présents, que nous sommes leur tueurs.
Au lent rythme du slow, aux lascives rumbas
Les paso endiablés, suggestives sambas
Les gamines de nos âges que chatouille le morbide
Rêvant de dieux sanglants se laissent aller languides.
« Dis moi beau militaire as-tu déjà tué ? »
Si pudique tu dis non alors tu es jeté.
Mais si tu réponds oui même si cela est faux
Pour coucher cet épi nul n’est besoin de faux.
Ne revenaient jamais les jours de ma jeunesse
Vous avez pris mon âme et souillé mes ivresses.