La diffusion vendredi d'images atroces du corps d'un garçon de 13 ans a renforcé la révolte contre le régime de Bachar al-Assad en Syrie. Il s'appelle Hamza et a la figure pouponne du gentil écolier. Le 29 avril, dit « vendredi de la colère », il participe aux manifestations à Deraa, cette petite ville du sud de la Syrie foyer de la contestation et alors assiégée par l'armée.
Dans la vidéo, insoutenable, postée sur Youtube(réservée aux adultes, et que nous avons décidé de ne pas diffuser) vendredi 27 mai, on reconnait à peine son visage, violet. Son corps porte des traces de balles et de torture. Il a le cou cassé, dit le commentaire, ajoutant :
« Tous ces actes de torture ne leur ont pas suffi, ils lui ont même coupé le pénis avant de le tuer. »Notre riverain Basel Adnan, nous explique qu'il « est impossible de confirmer tout ce qui est dit », mais qu'apparemment, « la vidéo a été tournée le 25 mai, juste avant que le corps ne soit rendu à la famille et enterré ». Il précise :
« La télévision pro-régime Al Dounia TV a diffusé une interview d'un médecin légiste qui affirme que le corps a été rendu sans aucun signe de torture, et que la détérioration du cadavre est due à la longue période qui s'est écoulée entre la mort et le tournage de cette vidéo. Les causes de la mort de l'enfant ne sont pas précisées. »Une enquête sur les circonstances du décès a été demandée par l'observatoire syrien des droits de l'homme, rapporte l'AFP, qui précise que le père de Hamza a aussi été arrêté lors des manifestations.
Même la chaîne de télé qatarie Al Jazeera dit n'avoir « pas les moyens de vérifier les informations de manière indépendante ». Toutefois, un reportage parle d'autres martyrs rendus à leurs familles, et montre la colère aux funérailles de Hamza, dont le portrait est brandi. (Voir la vidéo)
Si « ce sont les morts qui font la révolution », comme on dit à Damas, alors celui-là risque de l'accélérer. La page Facebook en arabe « Nous sommes tous des Hamza Al Khateeb » a déjà recueilli plus de 50 000 soutiens.Les Syriens sont certes moins connectés que les Tunisiens – d'autant que tout ce qu'il font sur internet est tracé – mais la circulation de ces images est déjà en train d'accroître l'opposition au régime de Bachar al-Assad.Sera-t-il le nouveau Mohamed Bouazizi, inspirateur de toute une génération ? Les Syriens n'avaient pas eu besoin qu'un jeune s'immole par le feu pour descendre dans la rue, mais ces images vont peut être grossir les rangs des manifestants.