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Amir Khadir : un bon ou un mauvais député ?

Publié le 31 mai 2011 par Jclauded
Un député peut être ou être perçu comme un homme important de la société. Trop passent inaperçus alors que quelques uns, et ils sont rares, ont ce feu sacré qui génère une capacité, hors de l’ordinaire, d’agir, de réagir, d’être remarqué et suivi. Plusieurs chefs politiques animés de cette qualité rare, dès leur jeunesse, sont devenus de grands leaders de leur nation.

Le député Amir Khadir de la circonscription de Mercier à Montréal est un de ceux là. Né en Iran, immigré au Canada à l’âge de douze ans, il est un physicien, un médecin spécialisé en microbiologie-infectiologie. Il a formé avec une féministe de gauche, Françoise David, un nouveau parti de gauche Québec Solidaire (QS) dédié, entres autres, à la séparation du Québec de l’ensemble canadien. Il a réussi à se faire élire à l’Assemblée Nationale du Québec en 2008, où il est le seul député de son parti.
Khadir est un homme cultivé qui s’intéresse à la poésie, à la littérature ainsi qu'à la philosophie. Il aime la physique qui lui offre des « réponses simples, englobantes, qui résument en quelques mots ou en quelques phrases mathématiques de grandes vérités ».
Étudiant, il s’implique dans le Mouvement Étudiant Iranien hors-Iran qui lutte contre la dictature en Iran. Il fait partie du Comité pour la défense des Droits Humains en Iran. Il est l’un des fondateurs du Centre culturel et communautaire des Iraniens à Montréal. Il appuie les moudjahiddines du peuple iranien, un organisme islamique socialiste, ce qui le place sous la surveillance du Service Canadien du renseignement de Sécurité. Il est diplômé de McGill en physique et de Laval en médecine.
Il est de tous les mouvements de protestation, de toutes les manifestations : Outils de paix, Caravane Québec-Cuba, Santé-Tiers-Monde, Objection de Conscience, Solidarité-Union-Coopération, Médecins du Monde, Coalition des Médecins pour la justice sociale. Il participe à des projets de ces groupes au Nicaragua, au Zimbabwe, en Inde et en Irak.
Puis, Khadir saute en politique et devient membre du Rassemblement pour l’Alternative Progressiste, candidat défait du Bloc Québécois dans Outremont en 2000, candidat défait de l’Union des Forces Progressistes dans Mercier en 2003, signataire du manifeste « pour un Québec Solidaire » en opposition à celui « pour un Québec lucide » de l’ex-PM Lucien Bouchard et fondateur du parti politique « Québec Solidaire ».
Après une première défaite dans Mercier, Khadir est élu député QS en 2008. À l’Assemblée Nationale, de son siège de député, il demande, en juin 2010, la condamnation de l'arraisonnement par Israël d'un navire qui cherche à casser le blocus autour de Gaza. En novembre 2010, Khadir soutient une pétition électronique demandant la démission de Jean Charest, PM du Québec, et obtient 240 000 signatures. En décembre, il présente une motion pour réhabiliter l’ex-député Yves Michaud blâmé par l’Assemblée Nationale, il y a dix ans, pour des propos antisémites. Le même mois, un sondage le place comme le politicien le plus populaire au Québec.
Depuis qu’il est député, Khadir participe à toutes les manifestations montréalaises organisées par la gauche de la gauche. Il a lancé des chaussures sur une effigie du président américain GWBush lors d'une manifestation à Montréal, en réaction au geste du journaliste irakien qui avait fait de même en Irak, quelques jours plus tôt. Il participe à une manifestation afin de dénoncer la vente de produits israéliens (2% de ses ventes) faite par un petit commerçant de chaussures de la rue Saint-Denis à Montréal. Il s’oppose aux projets de réalisation de travaux de construction avec la formule Partenariat Public-Privé, n’hésitant pas à utiliser le mot « corruption » et ses déclinaisons lorsqu’il parle de ceux qui sont mêlés à la construction, qu’ils soient élus ou entrepreneurs.
Khadir s’oppose à la loi privée, actuellement en étude au parlement québécois, pour sécuriser l'entente entre la Ville de Québec et la compagnie Québecor en rapport avec la gérance du nouvel amphithéâtre prévu pour la ville de Québec. La loi cautionnera l'absence d'appels d'offres publics par la ville pour confier ce mandat à une entreprise privée. La loi protégera cette entente contre toute poursuite légale.
Cette loi spéciale, présentée par l’opposition, requiert l’unanimité des votes et Khadir menace de la boycotter. Pour lui, le maire de Québec doit dévoiler le contenu de toutes les offres reçues privément pour la gestion du nouvel amphithéâtre.
Ce problème résulte du fait que le maire de Québec n’a pu obtenir une participation privée pour la construction de l’amphithéâtre qui se chiffre à 400 millions $. Tout sera financé par des fonds publics, soit 200 millions $ par le gouvernement du Québec et le reste par la ville de Québec. Ce sera le seul aréna de hockey professionnel qui ne sera pas construit par des promoteurs privés.
Dès les premiers jours de l’annonce de ce projet, je me suis opposé au principe d’un financement public pour un tel projet. J’estime qu’il pourrait devenir un « éléphant blanc ». La ville de Québec n’a pas le bassin de population ni le nombre d’entreprises privées importantes suffisamment vastes et riches pour financer une telle entreprise de hockey professionnel. Elle a déjà eu une équipe dans le passé « Les Nordiques de Québec », mais elle l’a perdue, faute de fonds.
Aujourd’hui, alors que le coût d’un billet à chaque match approche les 200 $ et que celui de la finale de la coupe Stanley, qui débute cette semaine, coûte en moyenne 1,900 $, on peut imaginer que Québec, une ville de fonctionnaires, aura de la difficulté à remplir les gradins pour chaque joute. Par conséquent, pourra-t-elle rencontrer les deux bouts d’une telle opération financière. Si Khadir réussi à arrêter le projet, comme le prédit le maire si la loi n’est pas votée, il rendra peut être un bon service aux payeurs de taxes de la capitale. Sur-le-champ, la majorité lui reprochera son geste, mais un jour, elle reconnaîtra qu’il lui aura rendu un fier service en arrêtant cette folie des grandeurs du maire.
Un aspect intéressant, à ce moment-ci de la conjoncture politique au Québec, est la nouvelle stratégie du Parti Québécois (PQ) envers Québec Solidaire. Suite à l’élection de 2008, le PQ voyait dans le QS un allié séparatiste. Il applaudissait sa venue. Mais, avec le temps, la popularité de Khadir croît sans cesse. Le PQ, encore ébranlé par la récente victoire surprise du NDP et la disparition soudaine du Bloc Québécois à l’élection fédérale, voit dans le QS un danger similaire. Il craint que les électeurs insatisfaits diviseront leurs votes entre le PQ et le QS et que cela favorisera les candidats libéraux qui se faufileront entre leurs adversaires pour gagner leur comté respectif et permettre au parti libéral de se maintenir au pouvoir.
Le PQ a donc entrepris de salir Khadir et le QS, car il les voit dorénavant comme des ennemis politiques. Une campagne de dénigrement a été entreprise par le parti. C’est Pauline Marois, la chef du PQ, qui en a donné le signal de départ en traitant la position de Khadir de « niaiseuse ». Les auteurs du site indépendantiste Vigile ne cesse depuis quelques jours d’attaquer la personne de Khadir et de le banaliser. Plusieurs animateurs de radio, péquistes camouflés, le ridiculisent. Ce n’est pas beau et ce n’est que le début.
Nous avons 125 députés à Québec et le seul qui fait les manchettes sur des sujets importants, mais avouons-le souventes fois forts discutables, c’est Amir Khadir. Même si on ne partage pas ses opinions, ses politiques et ses prises de position, il faut reconnaitre que c’est avec intelligence, conviction et efficacité qu’il avance ses idées d’opposition. J’aimerais bien qu’il se trouve d’autres députés comme lui sur les bancs de l’autre côté de la chambre. La politique deviendrait beaucoup plus intéressante et les débats plus vrais et nombreux.
Du choc des idées jaillit la lumière !
Claude Dupras

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