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L’amnésie grande vitesse de la presse française

Publié le 01 juin 2011 par Copeau @Contrepoints

L’amnésie grande vitesse de la presse française

Cela faisait facilement deux semaines que la presse française ne nous avait pas une nouvelle fois démontré sa médiocrité olympique. Après l’affaire DSK où l’on a découvert que, finalement, tout ce que la presse compte de journalistes influents était au courant à la fois pour ses petites turpitudes et pour sa candidature, on aurait pu croire que cette presse ferait, dorénavant, des efforts de journalisme et un peu moins de militantisme (à peine) caché. Que nenni…

Les habitudes sont difficiles à changer, les mauvaises habitudes encore plus.

Et quand ces mauvaises habitudes sont payées tant qu’elles durent, non seulement, on n’en change pas, mais on se battra bec et ongle pour qu’elles subsistent.

En France, la presse a pris l’habitude de se laisser vivre sur les subventions des contribuables qui n’ont pas le choix. Elle ne se remet qu’assez rarement en cause, et la révélation de ses erreurs ou l’évidence de ses biais provoque essentiellement une vague de stupeur qui, quelques jours plus tard, se mue en atermoiements plus ou moins hypocrites rapidement couverts par une habile amnésie une ou deux semaines plus tard.

Au bout d’un mois, il ne subsiste généralement plus aucune velléité d’introspection et toute volonté de correction ou d’amélioration a bien vite disparu à la faveur de l’une ou l’autre catastrophe, ou mieux, l’une ou l’autre affaire plus ou moins artificielle montée en épingle.

L’illustration la plus évidente est l’affaire Tron qui déboule commodément après les petits enquiquinements passagers de DSK : ceux qui, pour le patron du FMI, hurlaient à la présomption d’innocence, l’œil affolé du piètre nageur qui perd pied dans une piscine trop profonde pour lui, ont immédiatement oublié leurs beaux principes et bien positionné leurs yeux sur la cible dès qu’il a fallu charger le Secrétaire d’État.

Cette expression « présomption d’innocence », dans la bouche de tous les politiciens et de tous les tristes pisse-copies de France, au milieu du mois de mai, n’a plus été prononcée depuis qu’il s’est agi d’un autre.

Avant que les trolls n'interviennent, veuillez noter qu'ici, je ne dis pas qu'il ne faudrait rien dire sur Tron. Au contraire. Mais dans ce cas, il n'aurait pas fallu faire de la rétention d'intelligence pour DSK, ni réclamer le silence.

Mais peut-on être surpris ?

Peut-on être surpris alors que cette même presse franchouille, à l’impartialité toujours aussi alternative, a ouvertement choisi d’ignorer un morceau d’information pourtant intéressant dans la récente crise des Concombres Tueurs ?

Durex - E.coli entero hemorragique

Certes, j’entends bien qu’on commence dès à présent à douter que les concombres soient coupables. Ces aimables cucurbitacées aussi, finalement, ont le droit à la présomption d’innocence. Mais il apparaît tout de même étrange que les médias français n’aient absolument pas relayé l’information initiale pourtant pertinente que ces concombres étaient bios.

Tout comme le souligne l’article d’Enquête & Débat, on pourra arguer que préciser ce point aurait mis la filière bio, si pétulante en France (et si extraordinairement bien relayée dans nos journaux, du reste) dans de sales draps. Et si c’est pour se rendre compte plus tard que ces mêmes concombres ne sont finalement pas coupables, c’eut été vraiment ballot, avouez, hein. Ouf. On n’a bien fait de rien dire, alors…

Certes.

On souhaiterait alors la même précaution lorsqu’il s’agit de manipuler le dernier rapport de l’OMS sur les téléphones portables : ils sont cancérigènes (notez que la mode est d’écrire « cancérogène ». C’est nouveau, c’est moche, c’est trendy). Enfin, peut-être. Enfin bon, notez qu’on n’a pas réellement de preuve, mais à tout hasard, titrons « Les Ondes : Peut-Être Cancérogènes » ou encore mieux, en virant purement et simplement le conditionnel, on fera comme ici un titre à la : « Les téléphones portables peuvent augmenter les risques de cancer, selon l’OMS »

Voilà, ça peut augmenter les risques de cancer, les enfants. Comme respirer trop fort trop longtemps. Ça peut.

L’amnésie grande vitesse de la presse française

Ici, c’est pratique, il s’agira de cogner sur les méchants opérateurs télécoms. Ces derniers peuvent bien expliquer que la classification proposée par l’OMS (2B) est clairement réservée aux éléments pour lesquels on n’a pas encore de preuve (au contraire de la cigarette, des fumées d’échappement, de l’alcool ou du socialisme), ces derniers peuvent bien tenter de disculper une technologie utilisée depuis plus de 15 ans par plusieurs milliards de personnes, non, on s’en fiche : la filière télécom est moins fragile que la filière bio, on peut donc, arbitrairement, cogner sur l’une et épargner l’autre.

Principe de précaution ? Y a pas marqué « Concombre Bio » sur ton GSM, hein, coco !
Présomption d’innocence ? Fallait t’appeler Tronss-Khan. Pas de bol, coco !

Mais comprenez-vous, cher consommateur-forcé de la presse française (vous la payez, que vous la lisiez ou non), laisser entendre que le « bio » pourrait entraîner des maladies, c’était risquer à la fois de mettre ce « bio » sous observation, principe de précaution oblige, ou pire encore, remettre ce sacro-saint principe en question.

Comme la présomption d’innocence, d’ailleurs, c’est à géométrie variable. Si ça sert les intérêts des militants qui se cachent derrière les scribouillards médiatiques, alors il n’y a rien de plus important que le principe de précaution, la présomption d’innocence, le respect de la vérité, la mesure dans l’information quitte à éluder certains points qui pourraient être dommageables.

Et si ça ne sert pas l’intérêt de nos branlemusards encartés, … eh bien on oubliera ces mêmes principes, sous prétexte que l’information du citoyen prime, quitte à pontifier bêtement, à asperger de merde et de sentencieuses stupidités un domaine qu’on méprise intérieurement parce que pas assez « peuple », « pauvre » ou que sais-je.

Alors non, ce n’est pas étonnant.

Comme il n’est absolument pas étonnant que l’annonce de l’abandon du nucléaire par l’Allemagne soit bruyamment relayée par les brochettes d’anus aux manettes des rédactions françaises, tout heureux d’entrevoir enfin une vraie bonne castagne d’arguments entre les Verts et le reste des socialistes de droite et de gauche.

On trouve donc de pesantes analyses de la consommation allemande d’électricité nucléaire, le détail des pipeaux plus ou moins convaincants sur le changement progressif de source d’énergie et le fait que nos amis Teutons ont déjà prévu une reconversion vers de nouvelles énergies. Oh, certes, il y aura un peu de charbon par-ci, par-là, mais pas de quoi inquiéter.

Le fait que la France, en 2010, ait été pour l’Allemagne plus importatrice de courant qu’exportatrice ne les inquiète pas : selon ces vibrants journalistes/économistes/écologistes, c’est tout bon pour la France qui va pouvoir vendre son surplus d’électricité ! Ça ne fera pas augmenter les prix chez nous ? Bah, pensez donc ! Si peu. Et nos amis Allemands ne vont pas se retrouver à cracher du CO2 (et plein d’autres merdes atmosphériques d’ailleurs) avec leur douzaines de centrales à charbon ouvertes pour remplacer leurs tranches nucléaires ? Pffuh, mais non mais non, ce n’est pas grave : l’abandon du nucléaire reste un but à atteindre, éco-conscient et très chouette pour les générations futures, enfin !

Et les coupures programmées d’électricité que l’Allemagne devra mettre en place, la presse franchouille, elle en parle, au delà de l’Usine Nouvelle ? Non ?

Cette belle presse, si juste et si impartiale, évoque-t-elle ce qui a déjà été dit pour les Anglais (coupures programmées, là aussi), qui ont fait des choix énergétiques comparables ? Toujours pas ?

La presse franchouille a-t-elle fait quelques recherches sur ce qui se pratique en matière d’énergie nucléaire sécurisée, qui fonctionne ? A-t-elle pondu des reportages pour expliquer ce qui attend les Français, vraiment, une fois qu’il faudra se chauffer, en plein hiver, et chauffer aussi les Allemands et les Anglais ?

Non.

La Presse française, elle palpe doucement les subventions. Elle tête gentiment aux mamelons d’un État obèse et somnolent. Et comme lui, elle s’endort sur ses certitudes…

… et ses habitudes cancérigènes.
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