Après la catastrophique corrida de Palha hier à Madrid, ou toros et toreros sont à mettre dans le même sac, une corrida de silencio , à défaut de bronca, une corrida où on a envie de siffler "qu'est ce qu' on s' emm..... ici", j'ai envie de ressortir une chronique que j'avais faite il y a une quinzaine de jours, qui me semble aller dans le sens du fracasso d' hier à Madrid (et pour laquelle je remercie les mails de sympathie reçus). La voici :
"Cette réflexion m’est arrivée après la Miurada qui clôturait la Feria de Séville et qui a été pour moi la goutte d’eau de trop, celle qui m’a fait dire que je n’irai plus voir de miurada (et on ne sait jamais, il ne faut pourtant jamais dire jamais….) : Et je ne parle pas que du “clou” final, où le dernier Miura est sorti vivant grâce aux 3 avis succédant à 6 tours de piste le long des planches au petit trot, ne laissant aucune possibilité à Israël Tellez, malgré l’aide des autres toreros de l’estoquer.
Une mise au point d’abord, avant l’argumentation : Le toro bravo est un élément indispensable de la corrida : Et pour cela il doit rester fidèle à son qualificatif de bravo, ou de toro de lidia. Il n’est pas et ne doit pas être le “tororerista” formaté que l’ on voit –trop- souvent au service de certaines figuras et donc le regretté (pour d’autres raisons) Juan Pedro Domecq était le chantre: Et un toro doit se montrer un combattant lors des 3 tiers avec le maximum de caste, de bravoure mais aussi de noblesse.
Mais la corrida, ce sont aussi des toreros qui sont là pour affronter ces toros bravos : Ils ne sont pas là pour uniquement gagner un contrat faute de mieux, mais pour lidier et dominer ces toros, et construire une faena. Or dans la grande majorité des cas, on ne voit rien de tout cela, sinon des toreros qui, la plupart du temps ne sont que les seconds couteaux contraints pour exister d’ être là. Ils subissent leur faena plutôt en système de survie, sans jamais arriver à dominer leur adversaire, même si ils arrivent parfois à leur arracher une passe qui en fait se pamer certains. Pas moi.
Mais pourquoi en arriver là ? Comme je l’ai dit plus haut, les toreros de ce genre de corrida n’ ont pas le choix au vu de leur niveau : Et même un habitué comme Rafaelillo arrive à faire paraître encore plus de danger que celui qui existe pourtant bien réel (Volontairement ou non, je continue à me poser la question..). Et les figuras n’ ont rien à gagner à s’ y frotter…..et ne parlons pas de situation actuelle.: Quand un Manolete affrontait des Miuras….ils étaient afeités comme le fameux Islero meurtrier du maestro.. (D’ailleurs n’est ce pas ce genre d’accident provoqué par les Miuras qui leur ont donné cette réputation un peu surfaite ?)
Voyons maintenant les faits sous un autre aspect : A Séville, comme aussi souvent ailleurs, ce genre de corrida est même décevante sur le plan de ces toros eux-mêmes : Il n y a pas eu que les Miuras, mais aussi les Victorinos ou les Dolores Aguirre qui ont été des fracassos, et qui le sont trop souvent, malgré une lumière ponctuelle (Orthez).
Alors le public délaisse ces corridas : 3/4 d’arène pour cette Miurada sévillane, une rareté, 1/4 d’arène par exemplel’an dernier en pleine feria bayonnaise, et même pendant les coups médiatiques à la Casas, 1/2 arène pour l’affrontement Victorino, Miura à Valence, etc..etc.. Simplement les goûts de beaucoup d’aficionados ont évolué avec le temps, la corrida aussi a évolué : Qui voudrait, par exemple, encore des chevaux non protégés, pour le tercio de pique ? Tout a évolué, dans tous les domaines : Qu’ a à voir un grand prix de Formule 1 de Alonso par rapport à celui de Fangio ? Et essaie t’ on de faire danser les générations d’aujourd’hui au rythme du tango plutôt qu’ au rythme de la musique électronique ? Oui, tout évolue, et pourquoi la corrida resterait le seul village gaulois à camper sur ses règles ? Est un bien , est un mal, je ne sais pas, en tous cas, ce qui est sûr ce que c’est une chose inéluctable. Le monde évolue, que l’ on soit pour ou contre, c’est inéluctable et la corrida fait partie du monde.
Alors oui, il existe quelques “puristes” – je l’ai été moi-même trés longtemps et un de mes meilleurs souvenirs est celui de Nimeño se retrouvant seul face à 6 Guardiola en 1989 à Nîmes - qui ne veulent pas voir les choses, que les arènes ne se remplissent pas avec eux ( Même la Mecque de Cérêt peine à remplir complètement ses 3000 places !). Alors pour aller dans leur voie, que faire ? Même si l’ on veut jouer les marginaux de l’ économie, même si on constate de gros abus de fric dans le mundillo, qui voudra perdre de l’argent à organiser des corridas déficitaires ? Ceux qui s’accrochent à l’ intégrisme pur et dur, sont ils prêt à payer 10 fois plus chers des corridas confidentielles ? Où les habitants des villes qui comportent aussi des gens contre la corrida doivent ils payer des impôts pour subventionner celles-ci ? Alors les conseilleurs….donnez vos solutions.
Une dernière chose, j’ai toujours dit que j’allais à la corrida pour y assouvir émotion et plaisir….Si une Miurada peut encore donner de l’ émotion, elle ne me donne pas de plaisir. Et El Juli devant un Garcigrande ou un Manzanares devant un Nuñez del Cuvillo me donnent du plaisir. Pas vous ? Et s’ ils n’en donnent pas à certains ronchonneux, tant pis, leur nombre fait qu’au moins ça ne clairsemera pas les rangs des arènes…"
(A ce sujet, voir aussi l’actualité du 9 mai de Patrick Beuglot sur http://www.toros2000.com : Rien à ajouter !)
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