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Sécheresse : nos choix politiques et économiques aggravent la situation.

Publié le 02 juin 2011 par Leunamme

Dans mon département (Val d'Oise), il n'a pas plu depuis presque 3 mois. La situation est exceptionnelle certes, mais néanmoins catastrophique en ce qui concerne les réserves d'eau. La terre est séche, les plantes assoiffées, les rivières et les nappes phréatiques basses, et les restrictions imposées par la préfecture en matière d'arrosage et de consommation d'eau sont à juste titre draconienne. On n'a pas vu pareille situation depuis au moins 1976, et les prévisions pour les prochaines semaines ne sont guère optimistes. Du coup, les agricultures, premiers concernés appellent au secours et demandent de l'aide, notamment pour pouvoir nourrir leurs bêtes.

Il s'agit bien là d'aléas climatiques, qu'on ne peut en partie contrôler. Pourtant, l'activité de l'homme n'est pas pour rien dans la pénurie d'eau que nous connaissons. Je dirai même plus, depuis une trentaine d'années, nos choix en matière agricole ou de gestion de l'eau notamment, ont plus que grandement aggravé la situation. Or, curieusement, personne n'en parle.

Depuis une trentaine d'années, la production de maïs a explosé dans notre pays. Il s'agit, rappelons-le, d'une plante d'orgine exotique (Mexique pour être exact) qui nécessite une quantité d'eau nettement supérieure aux cultures traditionnelles (blé, orge, avoine). L'accroissement phénoménal de cette production contribue fortement à l'asséchement des cours d'eau et des nappes phréatiques. On le sait depuis le début. Oui, mais voilà ! La production de maïs est une des plus rentables qui soit. Comme toujours, les intérêts économiques ont pris le pas sur les besoins collectifs, et personne ne cherche à remettre en cause cet état de fait.

Mais attention, sur la sécheresse, les agriculteurs ne sont pas les seuls à devoir être pointés du doigt. D'autant que nombre d'entre eux ne produisent pas de maïs à outrance et sont respectueux des réserves en eau.

Que dire alors de notre politique de gestion de l'eau. Depuis la fin des années 70, celle-ci a été confiée dans la pluprart des collectivités locales à des entreprises privées, souvent de grandes multinationales dont la priorité absolue est le profit avant tout. Qui n'a pas entendu parler dans sa commune ou celle d'à côté de défauts de maintenance sur les canalisations entraînant de graves fuites ? Qui ne s'est pas plaint des fortes augmentations injustifiées de tarif ? En trente ans, l'essentiel de la gestion de l'eau a été privatisé. Comme toujours, l'argument était que cela nous coûterait moins cher et que ce serait mieux géré que par le secteur public. Comme toujours il n'en a rien été, bien au contraire.

Depuis quelques années, on assiste à une remunicipalisation de l'eau. Les villes qui prennent cette décision mettent alors en place une tarification de l'eau progressive : plus on consomme, plus l'eau est cher. Cette tarification présente l'avantage de protéger les petits consommateurs, souvent les plus pauvres, et d'encourager les économies d'eau. Il ne peut en être de même avec des multinationales privées dont l'objectif est de gagner le plus possible d'argent. La tarification qu'elle vont alors mettre en place aura pour but d'encourager la consommation, pour augmenter les bénéfices.

On le voit bien, la sécheresse vient nous rappeler encore une fois que les choix de sociétés que nous avons fait ces dernières décennies ne sont pas les bons. Le problème aujourd'hui, c'est que l'on parle d'aides pour les agriculteurs, de restrictions d'eau pour les particuliers, mais en aucun cas de revenir sur ces choix. Pourtant, à plus ou moins long terme, il n'y a pas d'autres solutions.

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