Comme Budapest, Sarajevo est une ville dont les points de vues ne manquent pas. Dans le cas de la capitale de la Bosnie-Herzégovine, la ville est littéralement entourée de montagnes (certaines ont d'ailleurs été très utiles pour accueillir les installations olympiques des jeux d'hiver de 1984). En faisant l'effort de gravir les quelques montagnes immédiatement autour du coeur de la ville, on obtient des points de vue spectaculaires sur la capitale.
Déjà, en explorant les quartiers des montagnes, on peut apercevoir, entre les édifices, le centre-ville et deviner de quoi le paysage aura l'air une fois en haut.
En se dirigeant vers la vieille forteresse médiévale, on passe devant le cimetière consacré aux victimes du siège de Sarajevo. L'étendue des stèles est une vision émouvante. On réalise aussi que les points de vue que l'on a de la ville étaient tous inaccessibles aux habitants de Sarajevo pendant le siège, puisque l'armée serbe s'y trouvait et y trouvait là sa principale force; avec vue et lignes de tirs sur l'ensemble de la ville.
L'ancienne forteresse n'existe plus à quelques détails près, comme un bastion, ainsi qu'une petite tour (au centre de la photo) et une portion des murailles que l'on peut voir ici.
Sur le bastion, un petit parc permet d'avoir une splendide vue de la petite capitale.
Lors de mon passage, quelques jeunes filles de Sarajevo s'y rencontraient justement avec des planches à dessins pour y travailler quelque paysage. Ici, elles prenaient une pause à l'ombre d'un des arbres du Bastion.
L'immeuble au centre de la photo a été détruit par des tirs serbes pendant le siège. Il s'agissait d'un château fort érigé là par l'empire austro-hongrois alors que la Bosnie avait été placée sous sa protection.
Sur cette photo, outre la rivière qui traverse la ville, on peut voir un grand édifice en reconstruction (centre droit). Il s'agit de l'ancien hôtel de ville, qui a abrité la bibliothèque et les archives nationales. L'édifice a été bombardé par l'armée Serbe pendant le siège, des millions de documents et d'archives ont été détruits. Pour ceux parmi vous qui ont entendu parler du violoncelliste de Sarajevo, c'est dans cet édifice détruit qu'il s'est installé pour la première fois.
Les édifices plus modernes, à l'horizon, font parti de novo Sarajevo, le centre d'affaire moderne de la ville. Près des tours jumelles (centre droit), qui ont été reconstruites après le siège (elles avaient été bombardées et détruites), on peut apercevoir un édifice jaune: c'est l'hôtel Hilton, devenu célèbre puisqu'il abritait les journalistes internationaux couvrant le siège de Sarajevo pendant le conflit.
Dans les montagnes à gauche, au loin, il y a une partie de la ville qui s'appelle aujourd'hui Sarajevo-Est, mais qui s'appelait jusqu'à un passé encore récent Serbie-Sarajevo. Ce quartier, entièrement habité par une population serbe, n'arbore pas le drapeau officiel de la Bosnie-Herzégovine, mais le drapeau tricolore de la Serbie. Après notre passage dans ce quartier, au retour de notre visite du tunnel sous l'aéroport, notre guide, Adam, alors que nous revenions dans Sarajevo, a simplement dit: "Nous revenons maintenant dans Normal-Sarajevo".
Au sommet, près des ruines de la forteresse médiévale (dont on voit une petite partie au bas de la photo), je ne peut que réfléchir aux changements dans le monde, et au privilège que j'ai de pouvoir visiter Sarajevo et la Bosnie-Herzégovine aujourd'hui. Je me répète, mais on ne peut rester indifférent en Bosnie, tant le poids de l'histoire est lourd et encore très récent. Je me souviens très bien des olympiques, je me souviens de la guerre couverte par nos médias, ce n'est pas seulement l'Histoire, que je visite ici, c'est aussi Mon histoire à moi. Et c'est arrivé en Europe, un continent que j'ai beaucoup exploré. Ma visite de Sarajevo restera donc un moment fort de mon séjour actuel dans les Balkans.
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