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Franc suisse fort : un frontalier peut-il décemment demander une augmentation ?

Publié le 03 juin 2011 par David Talerman

Franc suisse fort : un frontalier peut-il décemment demander une augmentation ?Les travailleurs frontaliers sont payés en francs suisses, et la grande majorité de leurs dépenses se fait en euro : ils sont donc exposés au risque de change, qui leur est parfois très défavorable, parfois très favorable. Et actuellement, c’est plutôt une bonne opération pour les frontaliers. Par exemple, il y a un an, un frontalier du canton de Genève, avec un salaire net de 4 000 francs suisses (impôt à la source déduit) percevait en réalité 2 842 euros sur son compte bancaire français. Aujourd’hui, alors que le franc suisse est fort, ce même frontalier, avec le même salaire, percevra 3 275 euros.

A salaire constant, un pouvoir d'achat qui augmente de 15% d'une année à l'autre

En d’autres termes, les frontaliers dont le salaire a stagné ont vu en un an leur pouvoir d’achat augmenter de 15 %. On pourrait donc se demander si les frontaliers peuvent légitimement obtenir de leur employeur suisse une augmentation de salaire. La réponse n’est pas si simple.
J’aurais tout d’abord une tendance naturelle à dire que le travail d’un salarié (et sa contrepartie, le salaire) ne doit en aucun cas être relié à un phénomène qu’il ne maîtrise pas, en l’occurrence le taux de change. Si un salarié est bon et mérite d’être récompensé, qu’il soit frontalier, résident étranger ou suisse ne devrait pas avoir d’influence sur la décision de l’augmenter ou non.

Invoquer l'esprit collectif

La situation n’est en revanche pas aussi tranchée si l’entreprise dispose d’un budget "significativement restreint" pour les augmentations (ce qui est probablement le cas de beaucoup d’entreprises, même si les perspectives économiques en Suisse sont bonnes pour 2011). On pourrait alors évoquer la solidarité, et l’esprit collectif, et se dire qu’un frontalier méritant pourrait, pour cette année, "passer son tour" pour l’augmentation de salaire au profit d’un autre salarié résidant en Suisse, à condition qu’il soit bien sûr également méritant (et partant de l’hypothèse qu’il l’est tout de même moins). En espérant que les managers à l’origine de cette décision se rappelle l’année suivante qu’un employé méritant a été "écarté" au profit d’un autre. Je ne suis pas certain qu’il y ait une telle mémoire. Et par ailleurs, si cela venait à se savoir parmi les salariés, cela pourrait être perçu comme une grosse injustice.

Des entreprises suisses qui indexent les évolutions de salaires au cours de l'euro

La cherté du France suisse pose bien d’autres problèmes aux entreprises suisses, qui trouvent parfois des parades bien surprenantes, comme par exemple cette entreprise du canton de Berne, Mopac, qui a décidé d’indexer les salaires de ses employés (indépendamment de leur situation) sur le cours de l’euro. Fort heureusement, le syndicat suisse Unia a saisi la justice pour dénoncer cette situation.

Dans la pratique,il vaut mieux rester serein, car je suis prêt à parier que dans la plupart des cas, tout se fera en bonne intelligence : si parfois les décisions d’augmentations de salaire ne sont pas forcément rationnelles, elles reposent la plupart du temps sur des éléments concrets et objectifs.

Et vous, avez-vous vécu une telle situation ?

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