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Aficion, Organisation, Formation : Quelles propositions pour Nîmes ?

Publié le 03 juin 2011 par Ncadene

CorridaLundi dernier, dans le patio du restaurant « le Toril », s’est tenue notre réunion de section PS consacrée à la tauromachie* à Nîmes.

Mon ami Clément Gleizes (par ailleurs président du club taurin « Los Chicuelitos« ), organisateur de la rencontre, l’a axé sur trois points : l’afición (1), la formation (2), l’organisation de corridas (3).

Les invités de la section étaient :

- Christian Lesur, directeur du Centre Français de Tauromachie.
- Jean-François Pilés, empresa des arènes de Saint Vincent de Tyrosse, fils de Robert Pilés, ancien empresa des arènes de Nîmes.
- Paul Coulomb, journaliste à France Bleu Gard Lozère, spécialiste de Corrida espagnole et de Course Camarguaise.

1/ L’afición :

J’ai souhaité interpeller nos invités sur une question qui me semble essentielle : comment rendre plus accessibles et promouvoir les cultures taurines à l’ensemble des publics nîmois ?

Beaucoup ont en effet souligné qu’avant de promouvoir la tauromachie en France (via notamment l’observatoire national des cultures taurines présidé par André Viard), il fallait trouver les outils adéquats pour toucher le plus grand nombre.

Marc-Antoine a rappelé que si quelques actions municipales existaient, elles restaient rares, pas toujours pertinentes et peu relayées.

Beaucoup ont par exemple souligné la nécessité de créer de véritables animations autour des corridas et de mettre en place des courses taurines gratuites, avec des débutants.

La convivialité n’est plus suffisamment présente lors des ferias qui deviennent trop souvent « individualistes » et qui tendent à se « privatiser » (bodegas « select », absence de bandas et d’animations culturelles, etc.).

Les évènements mis en place par la municipalité sont par ailleurs souvent délégués à des entreprises extérieures à la ville : beaucoup d’actions (comme la Pégoulade notamment) pourraient pourtant être totalement élaborées par des associations culturelles, sportives ou sociales nîmoises.

Rafik (responsable du MJS dans le Gard) a rappelé que le milieu taurin apparaissait trop souvent « fermé » et peu accessible, ce qu’a admis l’ensemble des participants.

Il a aussi été relevé la complexité d’associer les établissements scolaires, tant le sujet est sensible. Mais il est néanmoins possible d’initier des élèves à des ferrades et courses camarguaises, très bien reçu par un public très large car sans mise à mort.

En effet, il ne s’agit pas de promouvoir uniquement la corrida espagnole mais bien l’ensemble des cultures taurines et toutes celles que nous connaissons dans le Gard et en Camargue.

Comme le soulignait Gyslain, il est tout aussi important de mettre en valeur les arts entourant ces cultures : chants, théâtres, écrits, etc.

Les clubs taurins doivent s’investir dans ces démarches mais ne peuvent le faire sans soutien. Or, il n’y a aujourd’hui aucune réelle impulsion politique en ce sens de la part des différents élus.

Qui plus est, le poids des clubs et des aficionados est affaibli : Jean-Paul Fournier a en effet dissout la commission taurine extra-municipale.

2/ La formation :

Christian Lesur a fondé la première école de tauromachie en France en 1984 (la plus ancienne a été fondée à Séville en 1830 et est toujours en activité) et a aidé à la création d’autres ailleurs, notamment à Béziers. Aujourd’hui Nîmes a trois écoles taurines de taille très inégales et qui comptent seulement entre 30 et 40 élèves.

Ce qui renvoie à la question de la promotion des cultures taurines et à leur accessibilité.

Sans faire de choix entre délégation de service public ou régie municipale, Christian Lesur a tout de suite souligné la difficulté dans le cadre de la régie d’obtenir des financements directement via la vente des billets d’entrée (ce qui permet de ne pas faire financer la tauromachie par l’ensemble des citoyens). Plusieurs solutions pourraient néanmoins être mises en place via certains types de subventions calquées sur un pourcentage des billets effectivement vendus.

Il a ensuite rappelé la difficulté de l’absence de cadre législatif de la corrida en France et l’impossibilité de produire des jeunes de 14 à 16 ans en formation et en public.

Rappelant que les écoles taurines manquent de moyens, j’ai demandé s’il ne serait pas plus pertinent de n’avoir qu’un centre de formation à Nîmes (au lieu de trois), notamment pour faire des économies d’échelle sur certains investissements lourds.

La possibilité de créer des formations en « sports-étude » a également été évoqué mais nous revenons à la problématique de l’interdiction de produire les moins de 16 ans.

Cet absence de cadre légal rappelle qu’il n’existe aucun statut pour les toreros en France. Alors même que la corrida est tolérée, nous connaissons là un « vide juridique » qu’il serait utile de combler.

3/ L’organisation de corridas :

Jean-François Pilés nous a apporté son expérience d’empresa d’arènes. Il nous a exposé sa préférence pour la régie municipale concernant la gestion des Arènes : une régie est moins exposé à la notion de profits et peut se concentrer sur l’authenticité.

Pour lui, on a voulu à Nîmes gagner en médiatisation mais on a perdu en authenticité.

Vincent, Marc-Antoine et d’autres ont soutenu avec raison l’importance de mettre en place de véritables « corridas populaires » avec des « figuras » locales et des manades camarguaises. D’autant qu’elles pourraient attirer autant voire davantage que certaines corridas prévues actuellement (cf. celle de l’ascension).

Ces corridas constitueraient de formidables « tremplins » pour les locaux et permettraient là encore une meilleure promotion de cette activité.

Cette réunion a permis à certains membres de la section de mieux connaître les cultures taurines et à nous tous de réfléchir ensemble à des propositions concrètes pour l’avenir de la tauromachie dans son ensemble à Nîmes. Une fois encore, ce fut une rencontre riche d’enseignements !

Nicolas Cadène

*Rappel : « la tauromachie (du grec tauros, « taureau » et makheia, « combat ») est l’art d’affronter le taureau, soit lors de combats à l’issue desquels le taureau est mis à mort, soit lors de jeux, sportifs ou burlesques. »

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