Notre timing était juste parfait. Arrivés aux Bermudes le 14 avril, Guillaume a pu prendre un avion le lendemain pour New York. A peine retardé par DSK, intercepté dans l'avion par la police américaine, il a pu honorer son rendez-vous du lundi à Paris. Bernard et moi nous retrouvons donc à deux, comme d'habitude le plus souvent depuis presque un an. Repos bien-sûr, comme toujours après quelques jours de mer, un peu de bricole, en l'occurence coutures et envoyer la GV chez ocean sails pour révision, administratif divers en souffrance et puis en profiter. Rien que de très classique.
Les très british Bermudes constituent une transition parfaite entre tropiques et Europe. Quand il y fait gris et frais, qu'on se couvre, on se croirait dans une anglo-normande, genre Jersey. Lorsque le vent se calme, que le ciel se découvre et que les fonds deviennent émeraude sous le soleil, l'union Jack paraît nettement moins à sa place. St Georges, notre mouillage et port d'entrée, est le coeur historique des

La plupart des yachts qui mouillent à St Georges sont assez impressionants: maxis, Swan ou Oyster rutilants convoyés par des équipages pros vers les US ou vers l'Europe pour des propriétaires fortunés. Les vagabonds des mers sont ici très minoritaires et les 47 pieds de Galapiat paraissent minuscules en comparaison des voisins. Parfois quelques olibrius très british sur une coquille de noix constituent l'exception. Ceci dit, à part quelques snobs, l'ambiance du « white horse » le soir est détendue. On y fait facilement connaissance et sinon, il y a toujours la possibilité de

La météo est bizarre mais on ne tergiverse pas trop: La GV et prête le 19 au matin et une fois remise en place, courses faites, nous levons l'ancre par un agréable 10-12 noeuds au près, en compagnie de quelques autres voiliers avec lesquels on se tire la bourre jusqu'au soir. C'est donc reparti pour une quinzaine de mer et 1700 milles en route directe, significativement plus si on opte pour une route nord, normalement plus ventée et rapide.
Les trois premiers jours sont parfaits. Sur le cap, on se chauffe au près avec 140 milles le premier jour, on prend ses aises de travers le second avec 160 et on s'éclate au débridé à 190 le troisième. Je me prend à rêver d'une transat simple et rapide mais quand je prends la météo le matin du quatrième jour, il est clair que la belle vie tire à sa

Nous rattrapons un voilier. On discute un peu à la VHF. Il est parti un jour avant nous et on lui a donc mis une journée

Cette année malheureusement, l'anticyclone n'est pas à sa place habituelle, si « habituelle » veut encore dire quelques choses vu que les grands flux saisonniers obsérvés depuis des siècles tendent de plus en plus à devenir errratiques ces dernières années. Il est nettement trop au nord. Pour espérer toucher du vent portant, il faudrait monter au delà du 45 eme puis redescendre ensuite. Un détour d'au moins 500 milles au rendement douteux. A part ça, au sud du système, le vent est dans le nez et tout droit, c'est une longue zone sans vent. Alors quoi?
Dans l'immédiat, on continue ainsi, au plus près du vent, nord-est, à faire de la route utile tout en gagnant au nord bien que nous ayons déjà déjà dépas



Cette partie de l'Atlantique est décidément peuplée de grosses bêtes. Pourtant, entre les températures frisquettes, la lecture et le flipper, nous ne sommes pas ultra attentifs. Le 28, deux Orques à 50 mètres du bateau; le lendemain, par calme plat, un cachalot saute par deux fois à quelques centaines de mètres. Nous le repèrons à son souffle et nous déroutons pour nous en rapprocher. Il est assez modeste, la taille du bateau quand même. Pas curieux, ni joueur – Les cachalots sont connus pour être nettement moins fréquentables que les baleines - après quelques minutes bord à bord, il disparaît. Nous le revoyons un peu plus loin, le rejoignons à nouveau avant qu'il ne sonde. Il fait un temps superbe. Pour la première fois depuis le départ, nous avons quitté pantalons et polaires pour shorts et tee-shirts, torse-nu même pendant les heures les plus chaudes. C'est devenu rare depuis les Bahamas. Je suis surpris par la couleur de ma peau et de celle de Bernard: On est presque redevenus des blancs becs.

D'un point de vue strictement technique, les heures de soleil supplémentaires sont les bienvenues: une des batteries de service qui donnait des signes de fatigue depuis les Antilles est définitivement dans le sac. Avec une capacité réduite à 200 Amp, lorsque le ciel est gris, que les panneaux chargent peu et que le vent est trop fort pour faire tourner l'éolienne, le jus devient limite la nuit sous voile au bout de quelque jours. Je ne maintiens plus que le pilote, les feux de navs et le GPS. PC et éclairage du bord sont désormais prohibés.
D'après les prévisions, à l'approche des îles, l'anticyclone perd en vigueur Effectivement, le 31, le vent reprend, orienté sud avec tendance à passer progressivement sud-est au fur et à mesure de l'arrivée d'une dépression. Nous sommes quasiment au 42ème N, soit plus de 200 milles au nord de Horta et Il est plus que temps de filer au plus sud si on veut éviter de tirer des bords sur la fin. Retour au près serré donc à gratter quelques degrès de marge en espérant ne pas s'y être pris trop tard. Après 10 jours de mer dans des conditions clémentes pour troisième âge, il faut se réhabituer à un peu d'action. Brise d'une vingtaine de noeuds au près serré, on roule le génois et envoie trinquette et yankee pour gagner en cap et vitesse. La mer reste étonamment peu formée, même si ça mouille et secoue un peu dans un gros clapot, l'ensemble reste assez comfortable. C

Dans l'après-midi du 2 Juin, à pourtant encore 45 milles de Faial, on devine les îles aux nuages qui s'y accrochent, puis le sommet de Pico, à 2300 mètres d'altitude apparaît au loin. Galapiat trace dur mais un rapide calcul ne laisse guère espérer être amarrés avant 2 heure du matin, trop tard pour aller prendre une bière chez Peter. L'arrivée de nuit est superbe, lumières de l'île que l'on longe par son sud, la masse sombre de la lugubre Caldeira do Inferno à l'extremité sud-est, juste avant le canal entre Faila et Pico et le port de Horta. Oh, oh, plusieurs bateaux au mouillage laissent présager une marina plus que pleine. Effectivement, à l'approche du quai des douanes, les voiliers se succèdent les uns derrière les autres, à couple sur 3 à 4 rangées. On s'y rajoute sans trop se poser de question. C'est une bonne position car dernier arrivé, premier parti. Je suis un des premiers à faire les papiers d'entrée à l'ouverture des bureaux le matin et on me déniche une place dans le port plus qu'encombré, à nouveau à couple sur plusieurs rangées. Content de revenir à Horta à l'issue de ces 14 jours de mer, presque trois ans jour pour jour après mon premier passage.
