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Le choix du candidat d'Europe écologie ? Un casting au mépris des valeurs et des idées.

Publié le 04 juin 2011 par Leunamme

Le premier congrès d'Europe Ecologie-Les Verts se tient en ce moment. Il sera le premier acte de la campagne des primaires pour le choix du candidat de ce parti à la présidentielle. Les Verts, qui constituent encore le gros des troupes militantes, avaient depuis la rupture d'avec Antoine Waechter et ses amis, réussi à établir un positionnement clair et net sur la scène politique française. Franchement situé à gauche, les Verts n'ont jamais envisagé d'autres alliances que celles avec le PS et ses alliés. De plus, ils ont souvent été à la pointe sur nombre de sujets sociaux ou sociétaux, allant même parfois jusqu'à ringardiser le PS (dépénalisation du cannabis, mariage homosexuel par exemple). Surtout, en ce qui concerne les questions environnementales ils ont porté pendant des années des revendications claires qui ont fait leur marque de fabrique, comme le retrait du nucléaire ou le développement du ferroutage.

 Pourtant, depuis que ce parti s'est transformé pour devenir Europe Ecologie - Les Verts, s'il a certes gagné en audience et en visibilité, le moins que l'on puisse dire, c'est que son message s'est brouillé. En réunissant diverses familles de l'écologie, Europe Ecologie a permis à de nouvelles personnalités de s'exprimer, lesquelles ont parfois des voix différentes, voire discordantes. Il me semble que désormais l'écologie est en train de devenir un grand show médiatique où tout le monde pourrait venir puiser des idées. Et ce n'est pas l'organisation des primaires écologistes qui va dissiper ce sentiment.

Les écologistes auront le choix entre deux candidats pour les représenter à la présidentielle. A l'évidence, Eva Joly comme Nicolas Hulot tranchent radicalement avec l'image un peu sulfureuse et légérement radicale voire extrémiste des verts d'autrefois. L'un comme l'autre sont médiatiques et sont crédités de scores encourageants dans les sondages. Pourtant leur avènement comme candidat, et encore plus dans le cas de Mr Hulot, serait un tournant radical dans l'histoire de l'écologie politique, ramenant cette dernière à un casting, à une sorte de show business d'où les idées seraient désespérément absentes.

Des deux candidats, c'est, vous l'aurez compris, Mme Joly qui a néanmoins ma préférence, en grande partie parce qu'elle est soutenue par la branche la plus à gauche du parti. Pourtant, avant la campagne pour les élections européennes de 2009, elle n'était connue que pour son action comme juge. Bien qu'ayant instruit des dossiers à forte teneur politique, elle n'était auparavant jamais entrée sur la scène politique, et ne s'était jamais fait remarquer pour ses prises de positions en matière d'écologie. D'ailleurs, beaucoup plus que la défense de l'environnement, c'est d'abord d'entrer en politique qui l'intéresse, puisqu'avant de rejoindre la famille écolo, elle avait essayé de s'allier avec le MODEM (ici). Cette épisode est à rapprocher de ses premières prestations médiatiques en tant que femme politique, où elle avait beaucoup à dire sur le fonctionnement de la justice ou la lutte contre la corruption que sur les questions environnementales. Sur le nucléaire, l'eau, les transports, la mondialisation, elle apparaît surtout comme novice et pourrait s'avérer une candidate bien peu consistante pour nombre de militants de la première heure.

Le cas de Mr Hulot est encore plus symptomatique de cette dérive vers le spectacle, puisqu'il s'agit d'abord et surtout d'une vedette du petit écran. S'il a présenté pendant des années une émission à fort caractère environnemental, s'il a permis à des millions de téléspectateurs de prendre conscience de la beauté du monde et de sa fragilité, il n'avait cependant jamais marqué les esprits par son positionnement sur la gauche de l'échiquier politique. Bien au contraire. C'est d'abord vers la droite qu'il regarde, comme ami et conseiller de Jacques Chirac. On lui prête ensuite des amitiés avec Nicolas Sarkozy et même aujourd'hui où il vient d'annoncer qu'il avait envisager de s'allier avec Jean-Louis Borloo (ici pour plus d'infos). Nicolas Hulot est peut-être écologiste, il est d'abord un homme de droite. Et sa posture de défenseur de l'environnement ne s'embarrasse pas avec les problèmes de conscience, puisqu'il compte parmi ses principaux sponsors des sociétés comme L'Oréal, EDF, Rhône-Poulenc, Areva, qui sont parmi les principaux pollueurs de ce pays. Enfin, ce n'est qu'à la suite du drame de Fukushima et pressé par ses amis que Nicolas Hulot s'est timidement prononcé contre le nucléaire.

On a donc deux candidats qui lorgnent allègrement vers la droite, deux candidats aux convictions écologistes récentes et disons "fragiles, deux candidats fabriqués en grande partie par les sondages, mais surtout deux candidats médiatiques, compatibles avec le système. L'un comme l'autre, ils n'auront aucun mal à améliorer le pitoyable score de Dominique Voynet à la dernière présidentielle. Gagner des électeurs à n'importe quel prix, fut-ce celui du reniement aux idéaux écologiques. Visiblement, c'est le seul projet qui reste à ce parti, nouveau, mais déjà rentré dans le rang.

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