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Big brother, et alors?

Par Millevazion

Un nouveau service a été lancé il y a peu par un ancien de chez Google. Rien de très original, c’est un aggrégateur de feeds RSS. Son intérêt? Partager avec ses amis tout ce qu’on fait sur internet. Partager l’intégralité de notre vie sur le web. Effrayant? Intéressant? Est-ce que tout le monde le fera dans une dizaine d’années? Le temps jugera je suppose.

Internet a toujours eu pour but de faciliter l’échange, l’accès à l’information gratuit et par tous. L’accès à la connaissance. L’idéal a vécu. Il a été travesti avec le temps.

L’email et la possibilité d’envoyer une même information à tous ses amis via un simple email est fondamentalement la première étape vers ce partage à outrance de sa vie (numérique) privée. Puis sont venus les premiers sites persos, les “pages persos” de Multimania par exemple. Il y a eu aussi les “Yahoo groups” qui permettaientt de partager des informations, messages, photos, calendriers au sein d’un groupe privé. Puis a été créé la technologie des blogs, qui n’est au final qu’un système de “pages persos” normé et codifié. Sont aussi venus les “status messages”, ces petits messages que l’on pouvait afficher sur sa messagerie instantanée pour dire ce que l’on faisait. Internet se muait petit à petit dans une plate-forme privé et personnelle d’échanges avec ses amis, sa famille, ses collègues.

Facebook a eu la géniale idée de regrouper un peu tout ça, de rassembler tous ses outils de social networking et de les rendre faciles d’utilisation pour le grand public. Mais au final Facebook n’a rien inventé. Il n’a fait que mieux organiser et regrouper une offre déjà existante. Il a aussi eu l’inspiration de proposer une plate-forme de développement ouverte à tous pour enrichir son offre de services de social networking.

L’idée de base a toujours été la même. Et c’était l’essence même d’Internet. Partager. Rendre publique une information qui est fondamentalement privée ou réservée à un petit nombre. La seule chose qui a changé, évolué, c’est l’essence même de l’information. Avant il s’agissait d’échanger des Connaissances (avec un grand C), une information “utile”, scientifique, culturelle, politique. Mais internet était devenu un canal propice à l’échange d’une information pplus personnelle, futile, amusante ou tragique, éphémère. Facebook l’a compris et en a fait son fond de commerce.

En parallèle de tout ça, la technologie du RSS feed s’est imposée comme la norme pour distribuer de l’information via le web. N’importe quel site pouvait décider de distribuer son contenu, ses informations via cette simple technologie universelle et très simple. Le RSS feed permettait de dissocier le contenu du contenant. Au début, le RSS feed était principalement pour un usage généraliste. Un site comme Le Monde a son fil RSS d’informations. Cela permet à n’importe qui de lire le contenu du site Le Monde sans être obligé d’aller sur le site lemonde.fr et en utilisant un petit logiciel qui récupérera le contenu du feed RSS du Monde. Par exemple je pourrais via un RSS reader lire le contenu des sites lemonde.fr, lefigaro.fr et de libe.fr sans jamais aller sur un seul de ces sites. Splendide!

Comme je le notais un peu plus haut, il s’est créé un vrai engouement pour le partage d’une information personnelle et éphémère. Une information qui se consomme et qui se jette. La technologie RSS en est devenue son bras armé en quelque sorte. Les sites ont alors commencé à l’utiliser dans cette fin. Petit à petit le feed RSS à usage personnel a fait son apparition. Par exemple, un site comme Netflix qui permet la location de DVDs fournit à chacun de ses utilisateurs un ensemble de feeds RSS personnels. C’est grâce à l’un d’eux que vous pouvez voir dans la colonne de gauche les prochains DVDs que je vais louer.

Pour en revenir à Friendfeed, c’est un simple service qui permet d’aggréger ces différents feed RSS personnels. J’ai créé le mien. Il regroupe mon activité sur Twitter, les posts de mon blog, les DVDs que je loue sur Netflix, la musique que j’écoute sur iTunes, les choses que j’ai envie d’acheter sur Amazon ou encore les articles que j’ai trouvés intéressants et que j’ai marqués dans Google reader.

Cela ne me choque pas. Je trouve cela plutôt amusant. Et heureusement! Je raconte bien ma vie sur un blog lisible de toutes et tous ;-) Ce que je trouve passionnant dans ce phénomène est que d’un côté on défend notre liberté à une vie protégée et privée et que d’un autre, on dérive vers un système Big brother, de fait consenti et applaudi. Organisé et numérique. Est-ce une forme d’exhibitionnisme moderne? Le signe d’un malaise de la société? Ou juste une forme d’auto-affirmation, de fierté de ce que l’on est et une envie de le dire à tout le monde?

Ce qui est sûr, c’est que la technologie va dans ce sens. Internet devient mobile. Les téléphones portables deviennent de petits ordinateurs, en permance connectés. Et la géolocalisation dans un usage grand public est une réalité. C’est le marché du futur. Là on Google, Nokia ou encore Microsoft investissent des sommes énormes pour remporter la mise. Il sera de plus en plus facile de partager online l’activité de notre vie quotidienne. Rajoutons à cela la technologie de la RFID et Big brother deviendra une réalité. A la différence du film du même nom, elle aura été largement nourrie et construite avec l’enthousiasme du grand public.


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