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L'arbre de vie

Publié le 04 juin 2011 par Delanopolis
L'arbre de vie, le nouveau film de Terrence Malick, s'attire bâillements et quolibets d'une large partie du public. Les durs de la feuille, les plantes grasses et autres glands ont évidemment du mal à grimper sur ses branches. Tant pis pour eux ! L'arbre de vie Cet arbre a deux troncs.

Le premier est l'histoire subtile, toute en nuance, délicatement suggérée, d'une famille américaine installée au Texas dans les années 1950. Un père muré dans l'autoritarisme (magnifiquement joué par Brad Pitt qui se révèle décidément un grand acteur) est haï par son fils aîné, à qui il ne sait pas exprimer ses sentiments. Sous sa dure écorce, c'est un homme raffiné, excellent musicien, détenteur de nombreux brevets industriels, qui croit au rêve américain de la réussite par l'effort et le travail. Peu à peu, il déchantera : l'héritage, là-bas aussi, est le vecteur essentiel de la richesse. La clé du succès est de se laisser porter par les courants dominants, dit-il à ses enfants qui ne sont pas en âge de le comprendre. Par son éducation militariste, Il a voulu donner à ses trois fils des armes pour se battre dans la société ; il n'aura réussi qu'à les conduire à se protéger de lui.

Le second tronc est une sorte de quête du divin dans de superbes images de paysages naturels, d'espaces sidéraux, des reconstitutions inattendues de scènes de la vie animale du temps des dinosaures. Ces longs dégagements, accompagnés de requiems, surprennent et désorientent le public. Beaucoup s'ennuient fermement. La seule beauté plastique des images justifierait pourtant qu'on les apprécie, mais il est vrai qu'on est proche, à ce moment, du cinéma expérimental. Cette façon de rechercher Dieu dans l'insondable magnificence de l'univers à quelque chose de paradoxalement matérialiste et naïf. C'est la seule vraie faiblesse du film : la grâce et le divin auraient pu être suggérés de manière plus allusive et moins figurée, tout comme l'histoire familiale. Il manque à l'arbre de vie une dimension symbolique qui aurait été la synthèse de ces deux mondes.

La seule bouture commune est en définitive la mort d'un des trois fils, le plus doux. Le traumatisme inguérissable qu'il crée chez sa mère, une créature diaphane, généreuse et douce, va servir de trame à toute l'oeuvre. Comme surmonter une telle détresse ? Il n'y a pas de réponse : seuls le temps, la réunion dans la mort, la communion dans la beauté du monde le permettront.

Enfin ... peut-être n'avons-nous rien compris à ce film immensément ambitieux. L'arbre de vie est aussi une figure kabbalistique bien connue dont la sophistication est extrême. Mais, franchement, nous n'avons pas vu le rapport.

Quoi qu'il en soit, armez-vous d'humilité, de patience et générosité et tentez l'ascension de cet arbre, le panorama qu'on voit à son sommet vous laissera une impression durable.



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